Restauration de l'œuvre de Lucien Laurent-Gsell, La Vaccine contre la rage, 1887 (FNAC 1150)

À l'occasion de l'exposition « Prendre soin. Restaurer, réparer, de la Renaissance à nos jours »
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Musée des beaux-arts de Dole Dole
Laurent-Gsell, La Vaccine contre la rage, 1887

Laurent-Gsell, La Vaccine contre la rage, 1887 (FNAC 1150). En dépôt depuis 1924 à l'Université Louis Pasteur (Strasbourg).

À l'occasion de sa présentation au sein de l'exposition « Prendre soin. Restaurer, réparer, de la Renaissance à nos jours » au Musée des Beaux-Arts de Dole du 14 octobre 2022 au 12 mars 2023, le tableau La Vaccine contre la rage (FNAC 1150) de Lucien Laurent-Gsell a fait l'objet d'une restauration. Un court film documentaire a été réalisé par l'Institut de Bactériologie de l'Université de Strasbourg afin de comprendre le processus de cette opération.

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À propos du tableau

La Vaccine contre la rage (FNAC 1150) a été acheté à l’artiste en 1887 pour 3 000 francs, lors de son exposition au Salon de la Société des Artistes Français à Paris, sous le titre Le Premier septembre, M. Pasteur. Il s’agit du premier achat par l’Etat à l’artiste Laurent-Gsell.
Le tableau représente comme son nom l’indique Louis Pasteur et son entourage vaccinant contre la rage. Laurent-Gsell dépeint ici un jeune enfant, le ventre découvert, présenté par sa mère au docteur Jacques Grancher, qui se prépare à lui administrer une injection antirabique. Louis Pasteur se tient debout, une feuille à la main. La scène se déroule sans doute dans le centre de vaccination installé rue Vauquelin à Paris.

Laurent-Gsell était le neveu de Louis Pasteur, et a peint diverses scènes représentant les travaux scientifiques de l’Institut. C’est cette proximité familiale qui explique qu’il ait pu réaliser ce tableau.

Pasteur est ici célébré comme un héros de la médecine et de la science française, et à ce titre une icône républicaine. Il s’agit d’une commande très représentative de la politique d’achat et de commandes d’œuvres par l’Etat français relevant du naturalisme, style célébrant la IIIe République et les avancées sociales et les progrès de la société française. La découverte du vaccin antirabique en 1885 vaudra en effet à Pasteur sa consécration et une reconnaissance scientifique dans le monde entier. L’Académie des Sciences propose la création d'un établissement destiné à traiter la rage : l’Institut Pasteur. En 1892, la IIIe République organise un jubilé triomphal pour son 70e anniversaire.

Ce tableau va connaître dès sa présentation au Salon une grande notoriété. Une diffusion par la gravure sera d’ailleurs exposé en 1889 à Exposition Universelle de Paris. Il n’est pas anodin que ce tableau déposé originellement en 1894 pour décorer l’Institut Pasteur à Paris soit redéposé en Alsace, région qui venait de réintégrer la « mère patrie ». Le tableau était destiné au musée Pasteur inauguré en 1923 à Strasbourg, au sein ce qui va alors devenir l’Université Louis Pasteur. Il est conservé au sein de l’Institut de Bactériologie, Parasitologie, Virologie, accroché dans l’escalier d’honneur.

L'exposition « Prendre soin. Restaurer, réparer, de la Renaissance à nos jours » au Musée des Beaux-Arts de Dole

L'exposition présentée du 14 octobre 2022 au 12 mars 2023, s’inscrit dans le cadre des commémorations liées à Pasteur, né à Dole en 1822. 

Reconnue d’intérêt national par l’État, son propos est de s’interroger sur la manière dont les soins sont pratiqués et perçus. Une problématique qui s’ancre dans le vécu des années Covid et qui se raccroche aussi au parcours de Louis Pasteur. Pour le musée, il s'agit de participer, en tant qu’acteur important de la politique culturelle de la ville de Dole, aux manifestations portées par la collectivité pour célébrer les 200 ans de la naissance de Louis Pasteur. Le musée de Dole, qui a fait des rapports entre art et société l’axe fort de son projet scientifique et culturel, avait à s’interroger sur une des grandes questions qui animent nos sociétés : celle du soin. L’objectif de l’exposition n’est pas de montrer les rapports entre art et médecine, sujet déjà bien traité dans de nombreuses expositions, mais de s’interroger sur ce que nous montrent les œuvres d’art, à travers les siècles, sur ces mouvements d’équilibre entre « cure » et « care » qui irriguent nos sociétés.

Dans le cadre du Bicentenaire de sa naissance, le célèbre savant Louis Pasteur ne pouvait être absent de cette démarche. Dès l’entrée, son portrait peint par Albert Edelfelt en 1885, souligne la majesté du chercheur héroïsé dans sa quête. Le tableau de Laurent-Gsell illustre la vaccination contre la rage.

Une autre œuvre du Cnap figure également à cette exposition, celle de Mélanie Victorine Thiercy, La Femme hydropique (FNAC 128), d'après Gérard Dou.

À propos de l'artiste Lucien Laurent-Gsell

Lucien Laurent-Gsell, né le 19 novembre 1860 à Paris et mort le 30 mars 1944 à Paris, est le fils du peintre Gaspard Gsell et de Caroline Adèle Laurent, fille du peintre verrier Emile Laurent. Il entre à l'Ecole des Beaux-Arts de Paris où il est l'élève de Gaspard Gsell et d’Alexandre Cabanel. Il expose au Salon de la Société des Artistes Français dès 1880, et participe à l’Exposition universelle de 1889. En 1909, il devient membre du Salon de la Société nationale des Beaux-Arts.

Il fréquente la plupart des impressionnistes et post-impressionnistes mais aussi Max Jacob, le Douanier Rousseau et Guillaume Apollinaire. Peignant à la fois les élégants de la bonne société parisienne, et les bals populaires ou les fêtes foraines, il a également laissé des tableaux de ses nombreux voyages : les Açores, San Remo, le Maghreb et l’Afrique et l’Amérique du Sud (Buenos Aires). Il est d'ailleurs nommé peintre de la Marine en 1911. Rendu célèbre pour ses scènes de genre et ses paysages; grand voyageur, il a peint dans de nombreuses provinces de France et tout particulièrement la région de Dieppe et du pays de Caux, la Nièvre, la Creuse ainsi que la Provence et Côte d’Azur, où il a réalisa des vues de ports et des marinesIl a aussi peint des paysages et des scènes d'Afrique du Nord, du Mali et d’Argentine.

La collection du Cnap ne comporte pas moins de 12 œuvres achetées ou commandées par l’Etat à cet artiste entre 1887 et 1930 qui ont été inscrites sur l’inventaire du Fonds national d’art contemporain. Ces œuvres témoignent à la fois de ses talents de peintre naturaliste, que de son statut de peintre paysagiste, de peintre voyageur et de portraitiste.

Adresse

Musée des beaux-arts de Dole

85, rue des Arènes
39100 Dole
France

Dernière mise à jour le 6 janvier 2023