Tim's ruler

Exposition personnelle de Tim Maul
Exposition
Photographie
Florence Loewy Paris 03
Image d'une photographie noir et blanc d'une double page d'un livre sur laquelle est écrit "Killing Moonlight : The Futurist" et d'une règle graduée verte sur laquelle est inscrit "Tim's ruler"

« L’acte de regarder n’a pas d’âge –
vos yeux restent les mêmes toute votre vie. »
Jacques Derrida

Richard Dailey : Tu es un artiste qui, à l’image de Donald Judd, écrit de la critique d’art de manière éloquente, peut-être en partie grâce à ta longue expérience en tant qu’enseignant. Tu es également parfaitement au fait du zeitgeist du monde de l’art, que tu embrasses avec ton propre point de vue, et profondément ancré dans ton époque. Pourrais-tu me parler de ta relation au langage, et du lien qui s’opère entre écrire de la critique d’art et faire de l’art ? 

Tim Maul : J’ai, il y a quelques années, parcouru l’intégralité des écrits de Judd, une personnalité compliquée qui pensait que le monde devait subvenir à ses besoins (j’adore son art). Les méchants incluaient le comte Giuseppe Panza (à raison) et les peintres « de mauvais goût » Salle et Schnabel, naturellement. Lors de ma dernière année à la New York School of Visual Arts (1972-73), un ami entourait des mots dans Artforum et les réemployait pour des critiques. Il travaille finalement dans la mode. Tous·tes les artistes que j’admirais écrivaient, et j’ai commencé à écrire des critiques peu élégantes pour Flash Art, une publication à l’époque influente. J’en ai écrit une sur John Wesley, un peintre que Judd admirait et collectionnait, qui était également l’un de mes professeurs à la SVA. Wesley vivait à côté de chez moi dans le West Village et m’a dit qu’il avait aimé la critique et qu’il avait pris du peyotl avec Judd. J’espérais que l’écriture pourrait m’aider à accéder au monde de l’art au-delà du simple bureau de la galerie, et ça a été le cas. Je ne suis pas certain de l’influence directe qu’a mon écriture critique sur ma propre pratique artistique, bien que faire de la recherche à propos de la ténacité et la persévérance d’une personne puisse servir d’exemple positif. Le langage employé pour parler d’art complexe est tout à la fois passionnant et absurde, les philosophes de comptoir de chez Max’s (1) se disputaient de très courts temps d’attention de Leo (2). J’ai une fois vu Laurie Anderson porter un sweatshirt sur lequel était écrit « TALK NORMAL » (« parle normal »), alors j’ai essayé. On ne peut pas contrôler la réception que le public fait d’une œuvre d’art, à moins de se tenir à côté et de dire aux gens quoi penser (ce qui pourrait faire une bonne œuvre d’art en soi). Le langage de l’art est-il encore parlé dans les foires d’art contemporain ? J’angoisse à l’idée d’avoir une pratique de col-blanc, je veux dériver et rêver au travers de ce que je fais. Mon dentiste exerce parfaitement sa pratique, mais je préférerais qu’il ne dérive ou ne rêve pas.

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Tim Maul (par email)
Richard Dailey est un auteur, artiste et réalisateur qui partage son temps entre Paris et le Lot.

1. Max’s Kansas City, un club et restaurant ouvert entre 1965 et 1981 à New York et fréquenté par de nombreux·ses artistes de l’époque. (NDLT)
2. Leo Castelli (1907-1999), galeriste américain et l'un des plus importants promoteurs de l'expressionnisme abstrait américain. (NDLT)

Artistes

Adresse

Florence Loewy 9-11 rue de Thorigny 75003 Paris 03 France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022