Planétarium

pact with Hervé Mikaeloff
Projet soutenu par le Cnap
Exposition
Arts plastiques
Galerie PACT Paris 03
Rose Barberat, La Mine de Diamants, 2021, oil and acrylic on canvas, 220 x 180 cm - 86,5 x 71 in.

La voûte étoilée et les possibles mondes lointains qu’elle abrite ont été le locus de nombreux récits littéraires. Puisant à parts égales dans les registres du fantastique, de la mythologie et de l’autofiction, l’œuvre de Rose Barberat prend racine dans l’imagerie d’un ailleurs qu’elle déploie ici. Si elle emprunte certains codes à la figuration narrative, dont elle hérite le goût pour la représentation humaine, elle compose une œuvre singulière où se mêlent sans distinction le connu et l’inconnu. Pour cela, elle glisse dans chaque peinture des éléments fictionnels qui viennent troubler le réel. Avec, pour effet, le questionnement de la porosité entre fiction et réalité. 

Ce brouillage des codes, des époques et des références pose les jalons d’une idée féconde de l’artiste : ramener de l’étrange dans l’intime. Elle représente des personnages humains et hybrides, qui renvoient à des individualités propres, celles de ses proches, qu’elle photographie en amont. Ses peintures racontent en creux une histoire des corps aux identités multiples où s’hybrident la nudité, la crudité et la tendresse. En montrant des corps où toute forme de sexualité est neutralisée, son œuvre s’affirme comme un triomphe du female gaze, cherchant à abolir les regards structurants du masculin sur soi. À cet effet, la figure de prédation du Cyclope est par exemple reprise sous une forme féminine, tandis qu’un personnage masculin est lui représenté versant une larme d’émotion. On trouve là une volonté de renverser les codes traditionnels de la représentation picturale des genres. 

En empruntant des registres et des modes de narration divers, Rose Barberat joue sur l’idée de « méta-images » contenues dans la peinture, des incises qui renforcent une impression de basculement du réel vers la fiction – et inversement. L’abondance du rouge participe à cette équivoque. Prenant pour point de départ l’idée d’une expérience sensorielle et intuitive de la couleur défendue par Goethe dans son Traité des couleurs, Rose Barberat charge ses peintures d’une double symbolique de violence et de surnaturel. L’effet produit est celui d’une forme d’angoisse qui s’immisce dans la plénitude apparente des personnages. Si l’artiste aborde des valeurs liées à l’individualisme, telles que la vacuité de l’existence humaine ou la réduction de nos interactions sociales à leur dimension la plus immatérielle, elle pose la question : de quelle manière le mythe – aux frontières de l’Histoire et l’histoire – modèle les représentations collectives ? 

Dans Planetarium, Rose Barberat se livre à une forme d’enquête sur les images, explorant le langage idéographique et la valeur des signes dans nos quotidiens. Véritables lieux de contre-utopies, où se bousculent le canon et la marge, les espaces intimes qu’elle figure prennent les traits d’images-miroirs du monde et des rapports sociaux qui s’y jouent. Les objets qu’elle figure, lévitant souvent entre des personnages aux allures hiératiques, sont autant de moyens de faire récit. Toute entière, son œuvre converse à parité avec l’écriture, les symboles et les histoires. Avec, pour résultat, une forme de peinture-alphabet, qui se raconte autant qu’elle se (dé)code. 

Sophie Bernal

Commissaires d'exposition

Artistes

Horaires

Mardi au Samedi - 11h - 19h 

Adresse

Galerie PACT 70 rue des Gravilliers 75003 Paris 03 France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022