La traversée

Cette exposition a été initialement imaginée en novembre 2011 avec Tom Drahos pour la manifestation du « Septembre de la photographie de Lyon » sur les pays méditerranéens. Malgré les remous culturels lyonnais autour de cette manifestation nous avons décidé de présenter ce travail qui est en réalité une traversée à travers la Méditerranée mais aussi à travers le temps. En effet au début des années 80 un travail - noir et blanc - de Tom Drahos intitulé « Métamorphoses », édité en 1981 par Créatis comportait la série «Mémoires d’Egypte ». Cette série est devenue, en quelques sorte, le point d’entrée de cette nouvelle aventure méditerranéenne.

Trois nouvelles séries complètent « Mémoires d’Egypte ». A l’instar de cette dernière et certaines autres dont « Contre-culture » toutes ces séries fonctionnent sur un principe de mise en perspective pertinente d’éléments généralement éloignés bien qu’étant intellectuellement en résonance.
Comme l’écrit Michel Nuridsany dans la préface de Métamorphoses « Tom Drahos introduit le temps dans l’univers de la photo. Présent, passé, futur se télescopent. Il prend l’humanité toute entière, celle d’il y a 3.000 ans et celle encore à naître et il embrasse tout cela. Tout cela se mêle, s’interpénètre, se juxtapose. (...) Les siècles se répondent, se correspondent, entrent en harmonie dans la lumière dorée du sépia et ses ombres onctueuses et douces. (...) Sans l’agrandissement, ces images ne
seraient peut-être pas grand chose. L’agrandissement, avec la changement d’échelle qu’il apporte fait basculer l’Egypte, les petits soldats, les pommes, Roche et Bobois dans l’irréel, arrache ces objets à leur pesanteur et les place dans la lumière violente
de la poésie. La photo échappe alors à la fatalité de réalisme (...) et c’est la vérité qui est à l’oeuvre. »
Avec le temps, et avec les évolutions technologiques et numériques, sa façon de
travailler a évolué. L’image s’enrichit de couches supplémentaires et se rapproche visuellement davantage du « collage ».

La couleur - généralement vive – découpe l’image initiale et participe à renforcer cette notion de collage. C’est particulièrement le cas dans deux des séries, The Clash et Méditerranée. Ici le mot extrait d’un guide touristique, ou la phrase toute faite des lexiques, se confronte à l’histoire ou à la culture du pays évoqué.
La dernière série, « La traversée », visuellement plus discrète, évoque les boat-people, l’espoir ou les drames de leurs occupants. Un cadre symbolique, des zones lumineuses s’impriment sur toutes les photographies de cette série. Tom Drahos aurait-il voulu évoquer par ce cadrage particulier et répétitif ce que le cameraman voit réellement ? Ou serait-ce plutôt – comme dans la série Exit - un artifice visuel permettant de perturber, de dédramatiser l’image de ces douloureuses aventures humaines.
Toujours la vérité à défaut de la réalité...