WAITING FOR BEEXELS

Emma Picard définit son travail, divers dans les media utilisés, comme de la « sculpture collaborative ». Elle a créé un nouveau matériau – une dentelle de feuilles-nervures naturelles- pour utiliser dans ses sculptures la couture comme moyen de communication universel, quand on ne parle pas la même langue: avec des artisanes marocaines pour «Puisque tout passe», puis avec des réfugiées syriennes pour «Alep était florissante». La même recherche d’expérience partagée de l’art-se-faisant anime la série de Portraits-pigments: l’artiste part en voyage avec le/la candidat(e) au portrait à la source de provenance de terres colorées (Kassel, Venise, Chypre, Bourgogne…), puis elle fait plonger le sujet dans ce bain de pigments purs. L’oeuvre L’Ouvrée (dernière mesure temporelle d’un espace, 428m2) a permis d’établir une correspondance entre le travail du vigneron, celui du carrier et celui de l’artiste. En 2018, elle débute le projet BeeXel avec 3 ruches de 50 000 «assistantes-abeilles» qui sculptent des alvéoles (des BeeXels) sur ses dessins au jus de citron. Au-delà de l’intention collaborative et environnementalement responsable, le travail avec les abeilles explore ses préoccupations pour la représentation, l’image sculptée et la sur-sollicitation du sens visuel dans l’art, au dépend d’autres sens comme le toucher, l’odorat. La série Expectations autour de la version en braille de Playboy Magazine questionne l’objectivation de la figuration du corps, confrontant image et imagination, dans le décalage entre nos attentes et la réalité visuelle réside le mystère. Attentes, une nouvelle série pour 2021, en prolongeant par le travail fractal des alvéoles d’abeilles les Attese de Lucio Fontana, tourne encore autour de la Sculpture, de l’entropie qui devient la seule certitude dans un monde aléatoire.