Valérie ROBBE-Carte Blanche

Au cours de plusieurs années de réflexions,
menées principalement autour de l’écrit, Valérie
Robbe interroge les limites entre la complexité
de la mémoire et un certain monde fait d’illusion.
La mémoire du geste et du mouvement, la
transmission des savoirs, le voyage des
sentiments, représentent autant de frontières,
réelle ou imaginaire, qu’elle cherche à dépasser.
Elle a trouvé à Saint-Omer un objet d’étude
particulièrement riche, en lien direct avec le
Patrimoine et la mise en valeur des collections du
musée de l’hôtel Sandelin orchestré par Yves
Bourel, conservateur des musées de Saint-Omer.
Le fonds d’estampes et de gravures, les
tapisseries ou la cartographie représentant les
différentes étapes du développement de la ville,
questionnent cette artiste. Au musée, les sièges
de fauteuils tissés d’après les cartons du peintre
animalier Jean-Baptiste Oudry, et représentant
les Fables de La Fontaine, montrent le succès de
la vision critique du poète de la société au XVIIIe
siècle. On y retrouve la frontière entre la
symbolique du conte et ses implications sociales
et politiques, chère à Valérie Robbe.

Pour l’artiste, estampes et tapisseries sont les
supports de l’imaginaire, un nouveau territoire à
investir mentalement. Par le jeu des associations
entre les dessins et cartons préparatoires, la
maille du tissu ou l’impression des gravures et les
cartes anciennes de la ville, Valérie Robbe nous
emmène dans de nouveaux lieux, au delà de
nouvelles frontières. En résonance, nous
pourrons découvrir « limites cachées », réalisées
en 2003. Petites gravures dessinées, symbolisant
une cartographie, ces oeuvres interrogent la
notion de « terre » mesurée et délimitée par des
frontières. C’est justement ces frontières qu’elle
dissimule. Frontières politiques ou naturelles
s’estompent pour mieux nous perdre, pour
donner à voir une lecture de voyage où chaque
étape, chaque escale, donnerait lieu à la vision
d’un monde imaginé.

Par un jeu d'associations plastiques de territoires
délimités, marqués, poinçonnés, agrandis,
croisés, chevauchés, elle invite le regardeur à se
perdre, à dépasser ses limites esthétiques où les
confins confondus tendent à disparaître... Des
lignes imaginaires évocatrices de récits de
voyages s'entrecroisent, par un jeu de doubles
trames, à des motifs décoratifs et ornementaux,
empruntés aux collections du musée de l’hôtel
Sandelin. Le visiteur-voyageur sera amené à se
confronter à ses propres visions de territoires,
dans un monde illusoire.