un vent de révolution

Exposition
Arts plastiques
Passerelle Brest

Ma poufiasse, 2008-2012
Marcel Proust décrit la robe d'Odette dans son roman
A la recherche du temps perdu, comme ayant l'apparence d'être composée de pièces différentes mal emmanchées les unes dans les autres :

mais ne s'attachaient nullement à l'être vivant, qui selon que l'architecture de ces fanfreluches se rapprochait ou s'écartait trop de la sienne, s'y trouvait engoncé ou perdu

Un pouff est un coussinet qui supporte les mouvements. Ici, il est confectionné de soie rouge avec des rubans de velours noir. Une tournure, en taffetas noir, se réfère au déhanchement et à l’assemblage de grandes quantités de tissu sur les fesses, une forme qui disparaît en 1875, et qui revient en 1885 avec une fantastique exagération. Emile Zola, dans son roman Au Bonheur des Dames, décrit les tournures de crin et de brillanté qui prolongeaient ces manches à balai en croupes énormes et tendues, dont le profil prenait une inconvenance caricaturale. Un joli ruban de velours (fixé par un délicat bouton de verre), copiant  la cruelle lame de la guillotine, est modelé, si on peut dire, par une partie d'un cerf naturalisé, sa pauvre tête coupée (ses yeux brillants), tandis que ses sabots sont utilisés pour représenter le corset et la tournure, un triste trophée. Dans son ouvrage le Livre des Passages (The Arcades Project), Walter Benjamin remarque comment le journaliste Alphonse Toussenel (un fouriériste), qui s’occupait de la rubrique des sciences naturelles dans un journal de mode, considérait  la femme comme le médiateur entre l’homme et les animaux, une sorte de décorateur du monde animal, qui en échange dépose à ses pieds son plumage et ses fourrures.  

La femme naturelle, 2012
La femme naturelle pourrait dire cela : je serai un être libre et puissant ; j’exercerai complètement mes facultés ; je m’occuperai de moi et de mes pensées, j’arriverai à mon point de perfection, j’aurai la liberté, la force, la santé, la beauté et l’amour ; je ne craindrai pas la mort ; je n’aurai pas besoin de me délecter de mes illusions ; je me laisserai aller sans avoir à me défendre ; je ne souffrirai pas de ma douleur ; je n’aurai ni impatience, ni anxiété ; je vivrai sans ambition et sans crainte. Le ton moralisateur de Des femmes et de leur éducation, étonnement peut-être chez l’auteur des Liaisons dangereuses, exclut le double sens et les figures de style, le langage y est univoque, sans fioritures, pour dire ce qui se fait et ce qui ne se fait pas. Ainsi ces règles de conduite, morales et physiques, dessinent-elles en filigrane un être effrayant de maîtrise de soi, vertueux quoique exquis de féminité, et quelque peu ectoplasmique (certainement formatée et moulée) ? Laclos ne spécule pas sur la possibilité d’une révolte féminine contre l’esclavage.

A wind of revolution blows the storm is on the horizon, 2008
Dans le journal mensuel "Le Conseiller des Dames", pendant l'année 1848, il y avait des motifs de broderie à copier, des menus à suivre, des poèmes et des nouvelles, des recettes de confitures et autres conserves, des notes sur l'économie domestique et les plantations dans les jardins, sur l'équitation, et puis il y avait une illustration mensuelle sur un vêtement élégant, appelée "Les toilettes de la ville", avec une description détaillée du costume montré dans la planche. Il y a un bref commentaire sur le combat dans les rues, la lutte à travers l'Europe, la révolution de 1848 qui établissait le droit de travailler et tentait une réorganisation du travail, bien que beaucoup de participants de la révolution étaient des "petits bourgeois" (commerçants, petits propriétaires), plus nombreux que les classes ouvrières, (ouvriers des mines, usines et magasins). Le conflit des classes est à peine mentionné. Il y a un éditorial durant les "Journées de Juin", une saison de forte chaleur, écrit par la Marquise de Vieuxbois, qui a visité le Club des femmes (car, elle admet, elle n'oserait pas poser une de ses mules en satin dans un club politique masculin). De Tocqueville remarque dans ses Mémoires que « la société était coupée en deux : ceux qui n'avaient rien unis par une envie commune, et ceux qui avaient quelque chose unis dans la terreur commune ». Madame la Marquise remarque que se rassembler pour discuter, non des droits politiques, mais des nécessités morales et matérielles des femmes, est bon, utile et salutaire. Et tandis que les plaintes des femmes travailleuses sont entendues, il apparaît plutôt plus important de préserver leur moralité et intérêts, même quand les femmes tentent d'aborder des sujets politiques, trop pesants pour leurs intellects.
Les images sont recréées sous forme de gravures, suivant les techniques de base de reproduction, puis coloriées à la main, en respectant aussi fidèlement que possible les couleurs originales. Les descriptions sont typographiées, encore une fois selon la méthode originale de reproduction. Ce qui était reproduit alors à peu de frais, avec du travail bon marché est désormais reproduit dans des formes coûteuses, laborieuses, et qui appartiennent à un autre système (même si la rencontre des deux est improbable, comme Marx et Freud). Il y a quelque chose dans le détail, dans la façon de représenter, et de noter l’absence, ce qui n’est pas dans la peinture, qui est lu comme une action politique urbaine, l’élision de l’histoire.

Encore un effort, 2012
Une banderole porte les inscriptions palpitantes de la nouvelle collection de mode de 1968, quand tout va et que les détails mettent l'accent sur telle ou telle partie du corps et de sa parure : une paire de chaussures enlevées au cours d’une bataille, par exemple, avec un talon cassé ; une chemise à carreaux, avec deux boutons défaits ; un trench-coat de couleur claire (parfait pour un jour de mai) ; un blouson, style veste qui permet une plus grande liberté de mouvement ; un pantalon court décontracté porté avec une paire de bottines. La beauté est dans la rue et la mode se démocratise (ou à ce que disent les maisons de haute couture), tandis que les philosophes du boudoir nous extorquent une fois de plus. Ici, face à des hommes et des femmes sensibles, quel petit-maître ou dangereux homme de principes laisserait à penser que le seul système moral afin de renforcer la révolution politique est celui du libertinage, la revanche du cours de la nature contre les aberrations de la société ?

Le lever, 2008
Les cinq courts textes, transformés en chapitres déchirés d'un livre, proviennent d’un catalogue de la vente aux enchères de gravures d'après une peinture de Pierre-Antoine Baudouin,
le gendre de Boucher, qui, comme son beau-père, dépeint le voluptueux
érotisme de l'Ancien Régime. La servante à genoux devant sa maîtresse, tenant sa mule en satin. A bas les aristos! La terreur n'est Autre Chose Que la justice prompte, sévère, inflexible. Tempête à l'horizon !

Juin en vacances, 2012
Ce court métrage est réalisé à partir d’une cinquantaine d’images extraites de magazines français datés de 1968. Ces magazines sont destinés à l’économie encore ambitieuse de la ménagère de l’époque, qui reste néanmoins tout à fait consciente que le monde est bien plus grand que son désir présumé d’être élégante tout en étant une mère attentive, une femme et une couturière pratique et économe. L’intérêt de ces images était de montrer à l’origine les détails des tenues faites à partir de modèles fournis dans chaque numéro, mais ici, elles deviennent des femmes qui s’éloignent, dos à la caméra, sortant du champ - un peu comme Arletty, à la fin du film Les Enfants du Paradis de Marcel Carné. Toutefois, ces femmes ne disparaissent pas dans la foule, ni ne partent en voiture, en perdant à jamais Jean-Louis Barrault, car elles sont des femmes modernes. Elles disparaissent dans les ténèbres, échappant joliment chaussées ou les pieds nus. Elles sont insouciantes, sans attaches, elles jettent leurs cheveux et ne se retournent pas et ne se donnent pas en spectacle. C’est 1968, une époque de bouleversements politiques et de flux social et l'avenir peut être envisagé différemment.

La forme-valeur, 2006-2012
Dans La Forme-valeur, il est question de trouver, dans Le Capital de Karl Marx, au chapitre trois sur la valeur d’échange, à la section forme-valeur, une femme qui parle. Cependant, tout ce qui est trouvé n’est qu'un objet, la voix charmante d'une marchandise qui s'élève parmi le chœur des marchandises allant au marché. Si une marchandise pouvait parler, nous dit Marx, elle dirait ceci : ma valeur d'usage peut intéresser les hommes, mais elle ne m'appartient pas comme un objet. Elle continue : ce qui m'appartient en tant qu'objet est ma valeur. Sa valeur, cependant, n'est pas une possession logique, mais ce qui est attribué à ce terme a, en outre, une fonction symbolique. Quelque chose se trouve au-delà de l'objet, et c'est ce qui donne à l'objet sa valeur.

Mes sans-culottes, 2012
Les sans-culottes parisiens ont montré leur ardeur révolutionnaire et leur solidarité plébéienne en se coiffant du bonnet qui a été adopté pendant la Grande Terreur même par ceux qui pourraient être dénoncés comme des modérés ou des aristocrates, désireux de démontrer leur adhésion au nouveau régime. Pour tous les citoyens alors, hommes et femmes, la différence sexuelle est partiellement dissimulée quoique révélée par leur accent de prononciation, cachée par la silhouette de leurs coiffures unisexes. Néanmoins, une distinction peut être quand même faite, et même un citoyen a le droit du choix de sa sexuation. Les Bois d'un cerf fournissent une marque évidente de démonstration, aussi bien que le symbole d’une renaissance satisfaisante de certaines mythologies.

Ma pétroleuse, 2008-2012
Pétroleuse, nom propre, 2008-2012
Mes pétroleuses, 2008-2012
Le terme est péjoratif, signifiant à la fois une allumeuse, une femme qui cherche à enflammer le désir de l'homme sans le satisfaire, et une femme qui affirme de manière trop véhémente ses opinions politiques. Quelle coquine ! C'est le nom donné aux femmes de la Commune de Paris de 1871, accusées d'avoir brûlé une bonne partie de Paris avec des bombes à pétrole, précurseurs des Cocktails Molotov si populaires pendant les événements de Mai 1968. Les femmes étaient supposées être habillées en noir, avec un ruban rouge autour du cou, représentant la coupe de la guillotine. Le collier en argent a deux significations : d’un côté c'est un objet de luxe, et donc pas à la portée de tous ; et de l’autre, pour que la mode devienne plus démocratique, il est plus facilement accessible tel un objet artistique populaire à un prix plus modeste.

Des femmes et leur éducation, 2008-2012
Les robes, des chemises de nuit et de tous les jours des femmes de la classe ouvrière dans la France d'avant-guerre,  sont faites avec du lin tissé à la main. Elles sont doublement brodées. Il y a deux inscriptions, deux appellations qui proviennent du livre de Choderlos de Laclos sur l'éducation des femmes ; chaque phrase décrit les attributs de la "femme naturelle" ; c’est, une femme qui échappe à l’esclavage, qui peut être éduquée (partout où il y a un esclavage il ne peut y avoir d'éducation), où seule une révolution peut faire changer leurs conditions. Chaque phrase est placée au-dessus d’un monogramme rouge, brodé à la main, qui donne la marque de son fabricant, un nom (le nom de quelque chose) et un propriétaire, déclarant sa possession... L'ordre social est consolidé par ces fragments d'une nouvelle école des femmes. Rusé comme des renards qui portent à leur bouche le travail de Freud sur la sexualité, pour qu’il y ait une chance de transformer les mœurs ; après tout, qu’est ce que veut une femme ?  

Nana, résumé selon la lumière et les effets d’éclairages y compris les métaphores, 2012
Ma Nana, 2012
Le roman éponyme d'Émile Zola, est assimilé ou repris selon les lumières et les effets d’éclairage y compris la métaphore. Initialement conçu pour le projet du premier numéro tangible de Crux Desperationis, une revue internationale éditée et publiée par Riccardo Boglione, le travail est devenu plus matériel et aboutit à la mort de son héroïne, bien sûr, tandis que les Prussiens sont aux portes, annonçant les événements de la Commune à venir. Les lampes à gaz étaient, à l’époque, utilisées pour éclairer les passages de Paris, où se trouvaient les premiers magasins de mode, d’articles de luxe et les précurseurs des grands magasins.
Dans les trois séries de textes, Nana se regarde dans un miroir, sous l’œil du comte Muffat. C'est une situation assez banale dans la littérature du XIXe siècle, le miroir servant habillement comme un signe de solipsisme de la femme, de narcissisme, et de sexualité perverse. Nana paraît abandonnée et égocentrique, embrassant son reflet. Texte et image se reflètent ; le pauvre comte est exclu de cette scène de désir, bien qu’il se complaît à être chevauché et cravaché par Nana. Dans le roman, Nana se comporte comme un objet de convoitise, ou comme une forme de marchandise, dans la mesure où elle prend une double forme : physique et de valeur. Elle est objet et porteuse de valeur. Nana n’appartient à personne, et peu importe le nombre de fois qu’elle a ni par combien. Sa valeur réside dans le fait qu'elle peut être échangée, transmise.



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courtesy Galerie Domobaal, London, Galerie Bugdahn & Kaimer, Dusseldorf et de l’artiste

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3€ / gratuit pour les adhérents

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Horaires

le mardi de 14h à 20h et du mercredi au samedi de 14h à 18h30 fermé les dimanches, lundis et jours fériés

Adresse

Passerelle 41 rue Charles Berthelot 29200 Brest France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022