Ubik, imaginaires urbains et numériques

Avec Hugo Arcier, Alain Bublex, H5 (François Alaux, Hervé de Crécy, Ludovic Houplain), Jonathan Vinel, Kolkoz et 3 Hit combo
Exposition d’œuvres du Cnap
Exposition
Nouvelles technologies
Pavillon Blanc Henri Molina Médiathèque | Centre d’art de Colomiers Colomiers
vue d'exposition - Colomiercraft de 3 hit combo et Logorama de H5

Ubik invite à s’immerger dans des villes imaginaires. Cette exposition emprunte son titre au Roman de Philip K Dick, oeuvre classique de la littérature de science-fiction, parue en 1966Ce nom résonne également avec l'une des qualités majeures du numérique : l'ubiquité. On y rencontre les futuristes Plug-in cityconçues par Alain Bublex par des photomontages sur des paysages urbains, la ville fantôme d’Hugo Arcier empruntée à l’univers du jeu vidéo GTA 5, un Los Angeles imaginaire dans Logorama, le film animé du studio H5. On y croise des vies : celle de Martin, personnage de jeu vidéo humanisé par le réalisateur Jonathan Vinel (Martin pleure) ou encore celle des artistes de Kolkoz qui virtualisent leur quotidien dans leur Film de vacances.  Visiter Ubik, c’est être à la fois ici et ailleurs, c’est expérimenter la simultanéité. C’est enfin se rencontrer pour jouer avec l’association rennaise 3 Hit Combo pour (re)construire Colomiers avec le jeu Minecraft.

Les imaginaires urbains

La ville sollicite un imaginaire peuplé de légendes, d’images, de représentations. Chaque personne partage avec d’autres, certaines de ces représentations. De ces résonnances naissent les interactions entre individus, des groupes se constituent, des réseaux sociaux se forment. Les créateurs de formes interactives stimulent l’émergence de nouveaux imaginaires, en entrecroisant le réel et la fiction, le récit et le commentaire. L’exposition Ubik présente ainsi des œuvres vidéo et numériques. Elle se concentre sur des imaginaires urbains à travers des films d’animation, des machinima1 , des installations ou des montages numériques qui immergent le visiteur dans des villes virtuelles.

Images numériques

Les outils numériques construisent progressivement de nouvelles habitudes autour des images : une nouvelle circulation de ces dernières induite par le net, de nouvelles pratiques de mise en scène et de médiatisation de soi (selfie, vidéo, profils...), un effacement des frontières entre le virtuel et le réel (intégration d’images de synthèse à de la photographie ou de la vidéo, retouche des images, immersion du spectateur dans un monde virtuel…). Les six artistes ou collectifs présentés dans l’exposition Ubik interrogent les modalités de l’image numérique et ce qu’elles changent de notre rapport au réel.

Kolkoz, films de vacances, Formentera 2004

Les deux artistes du collectif Kolkoz (Samuel Boutruche et Benjamin Moreau) ont immortalisé leur séjour à Hong Kong dans un film de famille, présenté dans une installation. Les vidéos sont banales. Ce sont des films amateurs comme il en existe tant d’autres, à la différence qu’elles ont été passées par le shaker de l’ordinateur. Le tout a été modélisé et se présente sous l’aspect d’un film d’animation 3D. Pour les Kolkoz, l’enregistrement du réel passe désormais par le virtuel. En se clo-nant en héros de jeux vidéo, en modélisant leur film de vacances, les Kolkoz parviennent à chroni-quer l’esprit du temps dominé par les médias et la bulle internet. A l’aide de son téléphone portable ou de son caméscope, chacun se met en scène et joue un rôle. Si l’autoportrait était autrefois réservé aux peintres, la mise en scène de soi passe désormais par le biais de l’écran, les métamorphoses s’opèrent au travers des logiciels2 .

H5, Logorama, 2009

Le court-métrage de seize minutes Logorama a été réalisé en six ans par François Alaux, Hervé de Crécy et Ludovic Houplain, réunis dans le studio de création H5. Il s’agit à la fois d’un film de gangster et d’un film catastrophe, constitué de près de 3 000 logos qui constituent le décor et les personnages. Les voix françaises des personnages sont assurées principalement par le duo comique Omar et Fred. Logorama, sous la forme très ludique du film d’animation, critique notre société de consommation et ses « jeux » de domination. Il interroge avec humour, cynisme et intelligence le rapport que l’on entretien avec notre planète terre. Le critique Stéphane Kahn décrit ainsi le film : « Une œuvre pop que l’on gagne à revoir plusieurs fois, où le mauvais esprit et le détournement règnent en maîtres. Et l’un des chocs graphiques (autant que politique) de Cannes 2009 » . Les auteurs n’ont demandé aucune autorisation pour utiliser les marques les plus connues de la planète : ils revendiquent le droit de créer une histoire et de se réapproprier (et libérer) des formes.

Alain Bublex, Plug in city

Tour à tour designer, chercheur et voyageur, Alain Bublex explore l’idée du paysage, de la ville, ou de l’architecture. À travers son œuvre, il met en place un dialogue entre les utopies modernistes, des visions organistes de l’urbanité et leurs imaginables adaptations à la société actuelle. Plug-in City, un projet dessiné en 1964 par l’architecte anglais Peter Cook, présente une ville souple et modulaire composée d’une immense structure sur laquelle viendraient se connecter de nombreuses cellules standardisées et interchangeables. Les images de Plug-in City (2000) montrent des paysages urbains dans lesquels des algecos (cellules standardisées et interchangeables) ne sont plus utilisés uniquement pour des besoins techniques ou industriels (les chantiers) mais aussi pour répondre à des besoins domestiques. Ainsi, sans plan d’ensemble, les modules prolifèrent et se déplacent, indifféremment sur les façades des immeubles et sur les monuments.

Hugo Archier, Ghost city, 2016

Hugo Arcier crée des œuvres en image de synthèse. Il développe un méta discours sur ces images virtuelles décortiquant ce qui les constitue et ce qu’elles ont de spécifique. Puisant sa source dans l’ouvrage De rerum natura de Lucrèce , l’installation Ghost City s’organise autour d’une relecture du décor du célèbre jeu vidéo GTA V (jeu vidéo d'action-aventure sortie en 2011 dont le succès n’a cessé de s’accroître). Avec l’installation Ghost City, le spectateur est plongé dans un environnement vide de toute population, qui s’efface à mesure qu’on s’en approche. Expérience à la fois méditative et envoûtante, ce parti pris met l’accent sur les éléments architecturaux et graphiques qui constituent un univers virtuel sollicitant autant le présent – l’expérience de l’œuvre – que la mémoire. La disparition sous nos yeux de cet univers virtuel nourrit en nous l’inquiétude de voir un jour disparaître toute notre vie numérique – nuage éphémère -, d’un claquement de doigt.

L’influence du jeu vidéo dans l’art

La création de courts-métrages à partir de jeux vidéo n’est pas une nouveauté. Cependant, il est moins courant de les voir être utilisés pour des arts « officiellement légitimés ». Encore moins cou-rant de les voir présentés lors de cérémonies officielles. Même si GTA 5 fait seulement office de support pour Hugo Arcier ou Jonathan Vinel, l’usage de jeux vidéo sous un tel angle artistique est le signe qu’il parvient peu à peu à s’imposer en tant que bien culturel. Comme l’opéra et le cinéma, le jeu vidéo mettra du temps à s’imposer comme un art à part entière mais il est d’ores et déjà dans le centre d’art du Pavillon Blanc. Vous pouvez, en compagnie d’un médiateur, reconstruire à votre idée un quartier de la ville de Colomiers, à l’aide du célèbre Jeu Minecraft développé dans l’installation Colomiers Craft par l’association 3 HitCombo, qui diffuse du jeu vidéo-ludique.

Complément d'information

En collaboration avec le Centre National des Arts plastiques pour le prêt des œuvres de H5 et Kolkoz; dans le cadre du festival Wikipolis - les imaginaires urbains (15-16-17 février). Remerciement à la Galerie Georges Philippe & Nathalie Vallois (Paris) et à Ecce Films

Commissaires d'exposition

Adresse

Pavillon Blanc Henri Molina Médiathèque | Centre d’art de Colomiers 1 place Alex Raymond 31770 Colomiers France

Comment s'y rendre

Bus Tisséo :

Ligne 21 – arrêt Lauragais – Pavillon Blanc

TAD 118 – arrêt montel

Linéo 2 - arrêt Pavillon Blanc

Lignes 150 et 32 – arrêt Pavillon Blanc

Train ligne C :

Depuis gare des Arènes Toulouse : arrêt Colomiers. Tarif Tisseo

Voiture :

N124 sortie 4, parking gratuit de 190 places, place Alex Raymond face à la Mairie

Dernière mise à jour le 13 octobre 2022