Tour Prince de Galles
Tour Prince de Galles à Thouars
La Tour dite Prince de Galles fut construite à la fin du XIIème siècle. Cet édifice fait partie des fortifications qui entouraient la ville, il servait également de porte, de logement à la garnison et d'entrepôt à grain. A partir du XVIIème siècle, cette tour devint une prison où étaient enfermés les faux-sauniers, contrebandiers du sel. A cette époque, la gabelle (impôt sur le sel) varie selon les provinces (dix fois moins cher d'une région à l'autre) impliquant un trafic important. En 1994, les artistes Ange Leccia et Jacques Vieille investissent ce lieu en réalisant deux oeuvres d'art. Ces oeuvres pérennes, tout en témoignant des pratiques artistiques actuelles, questionnent et enrichissent de façon nouvelle la mémoire déjà longue de ce patrimoine. L'installation vidéo d'Ange Leccia trouve sa place à l'intérieur même des prisons en bois dans lesquelles étaient jadis enfermés les captifs de la Tour du Prince de Galles. La télévision, outil d'ouverture sur le monde extérieur d'aujourd'hui procède alors d'une incongruité lorsqu'elle est enfermée derrière des barreaux. Le spectateur se retrouve à lire une image de l'autre côté de la cage, comme s'il prenait la place des prisonniers. En laissant ainsi percevoir seulement une projection fragmentée, l'artiste insiste sur le handicap d'une modernité dont les aspirations communicationnelles débouchent sur une impasse. Attentif à l'histoire du lieu où il intervient, sensible à toutes les formes d'aliénation contemporaines dont l'humain est aujourd'hui victime, Jacques Vieille a choisi de dénoncer la dégradation, la dépravation de l'homme emprisonné. Pour ce faire, il a emprunté au monde agricole des " nourrisseurs sélectifs pour veaux " qu'il a réunis autour de l'un des poteaux de bois de l'espace, les transformant en forme de lit-cage, métaphore visuellement violente de l'idée d'enfermement.
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