Sam BARON et l'Artiste Anonyme

design et art contemporain
Exposition
Granville Gallery Paris 14

Sam Baron|Artiste anonyme

Exposition du 19 janvier au mars 2013


L’artiste anonyme a pensé le présent texte de l’exposition sous la forme d’un entretien fictif

en me soumettant des propositions écrites qu’il me fallait ensuite associer à des questions.

Franck Joubin : Depuis peu, vous avez introduit la notion d’anonymat dans votre travail en substituant votre

signature à celle d’un « anonyme ». Pourriez-vous développer votre réflexion ?

A. : L’anonymat il ne faut pas l’entendre au sens du corbeau de village qui veut nuire à autrui en

toute impunité.

F.J. : L’ « anonyme » intervient aussi sur des oeuvres plus anciennes qui sont retravaillées, comme pour effacer quelque

chose, un indice ou une trace... Quel rôle joue ce repentir déguisé dans votre travail ?

A. : L’anonymat est pour moi une renaissance, il permet à mes oeuvres même anciennes

d’apparaître neuves, sans surcharge de commentaires. L’art est là dans sa plénitude lorsque le

contexte et les raisons sont oubliés.

F.J. : En signant « anonyme », pourquoi remettez-vous en cause votre identité d’artiste ?

A. : En art, une génération chassant l’autre, pour sauver ma peau d’artiste il me fallait retourner une

situation désavantageuse, prendre la position de l’ennemi (l’oubli, la disparition qui nous guettent),

et en faire quelque chose de productif, ne pas en rester au thème, autour duquel je tourne depuis

longtemps, mais en devenir l’acteur.

F.J. : Il me semble que cette mise en doute se double plus largement d’une critique, qui est par ailleurs à l’oeuvre dans

votre travail depuis les années 1970. De quelle nature est-elle aujourd’hui?

A. : Au moment où la romance veut que les oeuvres d’art soient uniquement de valeur monétaire, je

veux être de mon temps en me mêlant à ce pocker menteur par plus de fiction, en opérant dans un

entre-deux, « le seul endroit où il se passe quelque chose, là où il y a du jeu ».

L’artiste anonyme est né en 1936 à Alès. Il vit et travaille à Paris.

A l’invitation d’une double exposition avec l’artiste anonyme, Sam Baron a conçu un

ensemble de quatre meubles -un bureau, un banc, une table et une méridienne- qui trouvent leur

inspiration dans l’imaginaire de l’atelier d’artiste. D’un atelier où rien ne serait figé et dans lequel le

tout-venant serait mis à contribution en fonction de tel ou tel besoin. Chaque pièce se présente en

effet sous la forme d’un assemblage de divers matériaux (bois naturel, mélaminé, métal, tissus) qui

peut inclure, dans le cas du lit de repos, un objet manufacturé, le tabouret, qui sert alors de pied.

Ces constructions en équilibre instable sont autant d’espaces dans l’espace. En prenant le parti d’un

dialogue inattendu avec les oeuvres de l’artiste anonyme, qui deviennent décor, Sam Baron prolonge

l’idée de récit et invite à un imaginaire visuel ancré dans notre mémoire collective.

Sam Baron est né en 1976. Il vit et travaille entre Paris, Lisbonne et l’Italie où il dirige le

département design de Fabrica.

Texte : Franck Joubin

Horaires

Du mercredi au samedi de 15h à 19h

Adresse

Granville Gallery 23 rue du départ 75014 Paris 14 France
Dernière mise à jour le 2 mars 2020