PAIRES 2 PAIRES

L’idée d’organiser une exposition basée sur le jeu de la paire est née de deux photographies noir et blanc travaillées par Esther Ferrer. Artiste performeuse et plasticienne espagnole prolifique, c’est à partir des années 1970 qu’elle consacre une partie de son travail aux arts visuels, notamment la photographie travaillée. Elle développe alors une série intitulée « Elle était là ». Sur cette dernière, elle est représentée assise tendant le bras tenant en équilibre sur sa main une chaise sur laquelle est disposée une pierre. Point de départ de cette exposition, ces deux autoportraits entrent en résonance. La photo positive vient compléter celle en négatif et vice versa. De facto, elles forment ainsi une paire où le texte qui entoure sa silhouette vient enrichir l’une et l’autre.

De ces deux œuvres est ainsi née l’idée de créer une exposition basée sur ce principe. Présentant des artistes comme Ben, Clémentine Mélois, Aurèle ou encore Antoine Perpère, dont les œuvres de ce dernier sont venues enrichir plus tardivement l’exposition, l’exercice du binôme est de rigueur.

L’exposition met en lumière, entre autres, deux diptyques du poète-plasticien Jean-Luc Parant récemment disparu. Intitulés « Tas de boules, tas de mots » et « Spirale de mots » et réalisés en 2015, ils illustrent parfaitement l’idée de symétrie et de complémentarité d’une paire, on peut même parler ici de deux doubles paires.

En 1995, Miller Lévy initie sa série intitulée « Oulipismes » ; des permutations de livres « Que sais-je » massicotés et permutés qui donnent naissance à de nouveaux titres, par exemple, L’art abstrait et Le sommeil et le rêve deviennent Le sommeil abstrait et L’art et le rêve. Il ne s’agit pas ici de diptyque mais bien d’une seule œuvre constituée de deux livres dissociés.

La symbolique du duo s’inscrit également jusque dans le choix des artistes, un père et son fils : Peter Vogel et Achim Vogel Muranyi. Les oeuvres interactives de Peter Vogel émettent des sons au moyen d’une cellule photoélectrique qui réagit aux ombres, tandis que celle de son fils réagit au son et produit de la lumière de manière aléatoire.

Le titre même de l’exposition « PAIRES 2 PAIRES » appelle lui aussi à ce double jeu. De manière tautologique, il appuie l’idée de dualité et de symétrie que l’on retrouve au sein d’une paire.

La scénographie de l’exposition présente les œuvres de façon linéaire, mettant en confrontation chaque paire, permettant au visiteur d’imaginer les façons dont ces dernières peuvent se compléter ou se différencier. De plus, reprenant l’atmosphère d’un intérieur chaleureux et convivial, l’exposition aménage deux espaces distincts : un salon ainsi qu’une chambre. Proposés comme des espaces d’échanges, ils s’insèrent dans l’exposition comme lieux de réflexion, de conversations et de débats.