Odile Decq

Double Jeu
Exposition
Arts plastiques
Bernard Chauveau Édition Paris 02
2021

Odile DECQ / "Double Jeu"

J’ai toujours considéré que l’œuvre architecturale ne se limitait pas à l’enveloppe du bâtiment et à son organisation spatiale mais, qu’à l’instar des architectes du début du XXe siècle, elle se prolongeait dans l’aménagement intérieur, le mobilier et parfois l’œuvre d’art.

Depuis l’ouverture de mon studio d’architecture au début des années 1980, j’ai souvent tenté d’installer des éléments mobiliers dans mes bâtiments. J’y suis parvenue très ponctuellement. Dans les années 1980 et 1990, les clients que j’avais n’y étaient pas enclins. J’ai toutefois réalisé dix lampes « Javelots » pour une salle dans le bâtiment de la BPO en 1990. Ces lampes sont devenues les prototypes de la lampe « Javelot » développée ultérieurement pour le MACRO à Rome avec Luceplan au début des années 2000. Lorsque la BPO a été vendue et vidée de son contenu, mobilier compris, je les ai toutes rachetées.

Ensuite, c’est l’opportunité d’un concours pour le remplacement des cabines téléphoniques pour le siège de l’Unesco à Paris, remporté en 2000, qui m’a permis de démarrer mon travail de design à plus grande échelle. Dans le hall où étaient installées ces cabines, on m’a demandé de choisir du mobilier et j’ai pris la décision de les dessiner et les faire réaliser. Pour le comptoir d’accueil des délégations, j’ai dessiné un objet de 11 mètres de long puis les fauteuils, les tables, les corbeilles à papier et les cendriers. Je fréquentais le Salon du meuble à Paris depuis longtemps et j’ai consulté les sociétés exposées là-bas avec mon dossier de meubles ; c’est ainsi que j’ai commencé à travailler avec Domeau & Pérès qui ont bien voulu se lancer dans l’aventure avec moi.

Au MACRO à Rome, on m’a alors suggéré de poursuivre le travail du bâtiment par le mobilier. J’ai ainsi été au Salon du meuble à Milan et j’y ai rencontré Luceplan avec mes dessins de la lampe « Javelot ». Luceplan m’a ensuite recommandé Poltrona Frau pour réaliser mes sièges et, de fil en aiguille, j’ai réalisé tout le mobilier du musée ainsi que la signalétique. Pour les italiens, il semblait évident de demander à l’architecte de le faire là, où depuis les années 1960, tous les grands designers italiens étaient architectes.

Pour le Frac Bretagne, cela a été un peu plus compliqué de pouvoir le faire du fait du fractionnement des marchés publics en France ; celui qui fait le bâtiment n’est pas celui qui fait le mobilier, ni même le graphisme de la signalétique. Mais j’ai réussi, malgré tout, à dessiner quelques pièces.

Le projet sur lequel j’ai été le plus loin est celui de la tour Antares que je viens de terminer à Barcelone. J’y ai tout dessiné : les meubles, les lampes des espaces publics, les baignoires, les lavabos, les cuisines, les piscines, les espaces de sport, les tables et les chaises du restaurant, la signalétique et le jardin. 

Le jardin m’intéresse de plus en plus. La recherche des espèces à y implanter me fascine tout autant que la prise en compte du temps de pousse et des saisons.

Depuis l’enfance, l’art est important pour moi, je l’ai étudié dès le collège grâce à un incroyable professeur de dessin qui m’a aidée à peindre.

J’ai commencé des études d’histoire de l’art avant de m’inscrire à l’école d’architecture. J’ai regardé, suivi, visité, exploré les salons et les foires à Paris. J’ai abandonné la peinture après le début de mes études d’architecture car je n’ai plus trouvé le temps de poursuivre et je n’étais pas certaine de mes capacités dans ce champ qui me fascinait et en même temps m’intimidait.

Les galeries Polaris à Paris et Oniris à Rennes m’incitaient à réinvestir ce champ et j’ai sauté le pas une première fois en 2007 à Paris. En 2004, la galerie Artist Space à New York m’avait déjà confié un espace en me demandant une installation « sans faire de l’architecture ». J’ai alors puisé dans mes préoccupations conceptuelles pour proposer un espace virtuel construit déstabilisant le corps du visiteur, « Sensual HyoerTension ». Je me suis, à ce moment, souvenue de l’installation faite au Magasin à Grenoble en 1993 « HyperTension », plus spatiale mais cherchant également à brouiller les pistes de l’appréhension et de la perception de l’espace. Au festival de Chaumont en 2000, « Memories of Highland Lights » était aussi une installation plus qu’un jardin, de même « Black Hole » en 2009. 

Bien antérieures, les maquettes invraisemblables, plus œuvres d’art accrochées sur les murs du studio de la rue Saint-Honoré en 1989, que maquettes d’architecture dont elles ne représentaient que les concepts ou les lignes de force des projets.
Je pourrais encore évoquer plus d’instants dans mon histoire au cours desquels l’art et l’architecture se sont trouvés entremêlés sans vraiment savoir lequel était le premier ou lequel était le moteur.
J’ai toujours dit qu’il y avait une composante artistique dans l’architecture et, dans mon travail, cette part a pris de plus en plus de place jusque parfois devenir l’œuvre elle-même.

Ainsi, les œuvres présentées à la galerie 8+4 sont certes venues d’œuvres architecturales, mais n’étaient-elles pas là avant, dès le stade de la conception du projet lors des prises de décision des compositions architecturales à différentes échelles ? Je ne saurais pas répondre à cette question aujourd’hui et sans doute de moins en moins.

C’est pourquoi, il ne me semble pas nécessaire de savoir de quel bâtiment il s’agit…

Commissaires d'exposition

Artistes

Horaires

Exposition du 18 novembre 2021 au 8 janvier 2022

Rencontre avec Odile Decq le samedi 11 décembre (15h-19h)

ouverture : du mardi au vendredi 10h-13h et 14h-19h / Le samedi : 15h-19h

 

 

Adresse

Bernard Chauveau Édition 13 rue d'Alexandrie 75002 Paris 02 France

Comment s'y rendre

Métro : Liège / Rome / Place de Clichy/ Rome

Dernière mise à jour le 13 octobre 2022