Objets de mon affection

La collection Sandra Alvarez de Toledo
Exposition
Photographie
Le Point du Jour Cherbourg

Walker Evans, "Subway Portrait", New York, 1940

Sandra Alvarez de Toledo a réuni au cours de ces vingt dernières années des œuvres photographiques et des dessins. Elles forment aujourd'hui un ensemble remarquable par sa qualité et sa diversité. Certaines de ces pièces ont été empruntées par de grandes institutions à travers le monde pour des rétrospectives. Mais l'exposition présentée au Point du Jour est la première qui soit spécifiquement consacrée à cette collection. On y retrouvera des œuvres d'artistes des années 1930 : de petits clichés de Raoul Hausmann, attentif à recueillir dans son intimité ordinaire des jeux de formes et de lumière, une série de portraits par Helmar Lerski où le même visage est transformé par les variations en lumière naturelle, enfin un ensemble important de Walker Evans, inventeur d'un « style documentaire », qui photographia l'architecture et les habitants anonymes des états-Unis en crise. A ces œuvres historiques, des recherches initiées dans les années 1970 font écho : John Coplans montrant des fragments de son propre corps, les Becher répertoriant de manière systématique des constructions industrielles, la transformation du territoire américain vue par Robert Adams. L'exposition évoque également l'émergence dans la photographie française des années 1980-90 d'artistes tels que Suzanne Laffont, Jean-Luc Moulène ou Marc Pataut. Elle présente enfin de jeunes artistes qui furent les élèves de Jean-François Chevrier aux Beaux-Arts de Paris, Madeleine Bernardin-Sabri, Maxence Rifflet et Claire Tenu. Parmi les pièces exposées, on doit encore citer un Rotorelief de Marcel Duchamp ou un caisson lumineux de Jeff Wall. Si cette exposition est cohérente, à l'image de la collection, elle ne s'appuie pas sur des catégories prédéfinies, n'est pas organisée par thèmes, et ne propose surtout pas un panorama photographique. Elle reflète simplement un goût, formé par le hasard et la conviction, l'éducation et les rencontres. La photographie est là le moyen d'une approche du monde comme d'une attention de aux formes, une voie de recherche, inscrite ou non dans l'histoire de l'art. En photographie particulièrement, les œuvres aussi différentes qu'elles soient plastiquement, trouvent place dans la vie quotidienne : elles peuvent être visibles sur le grand mur du salon ou presque oubliées entre les rayonnages de la bibliothèque. Avec le sens du paradoxe et un peu de provocation, irait-on jusqu'à soutenir que « ceci n'est pas une collection de photographies » ? En tout cas, Sandra Alvarez de Toledo se consacre avant tout à l'écriture et à l'édition de textes ouverts à l'art, la littérature, la pensée. Dans une maison comme L'Arachnéen, qu'elle a fondée en 2005, les livres ne s'empilent guère. Chacun est un objet spécifique qui vient, à son heure, conclure des recherches poursuivies pendant des années. Mais l'un fait signe vers l'autre, et ensemble ils dessinent un espace commun. De même, une telle collection résulte conjointement de l'élaboration d'une culture et de l'exercice d'un plaisir personnels, à travers des œuvres qui le sont tout autant. C'est cette conjonction que le choix des œuvres, fait avec Sandra Alvarez de Toledo, voudrait rendre sensible. Son titre, « Objets de mon affection », est emprunté à un ouvrage de Man Ray dont un portrait d'Edward James - véritable collectionneur, lui - figure dans l'exposition.

Autres artistes présentés

Helen Levitt, Walker Evans, Robert Adams, Brancusi, Bernd et Hilla Becher, John Coplans, Marcel Duchamp, Raoul Hausmann, Suzanne Lafont, Helmar Lerski, Jean-Luc Moulène, Marc Pataut, Jeff Wall, Weegee ...

Accès mobilité réduite

Oui

Adresse

Le Point du Jour 107 avenue de Paris 50100 Cherbourg France
Dernière mise à jour le 2 mars 2020