Notice

pact with Peter Halley
Exposition
Arts plastiques
Galerie PACT Paris 03
Ethan Greenbaum, HotHouse, 2020, Pigment transfer, acrylic,and uv varnish on carved acrylic, 102 x 79 x 2,5 cm - 40 x 31 x 1 in.

« Notice » est la troisième exposition personnelle d’Ethan Greenbaum à la galerie PACT. A cette occasion, l’artiste présente une nouvelle série d’oeuvres sur plexiglas, bois, et, pour la première fois, une série d’oeuvres sur papier. A mi-chemin entre photographies, sculptures et peintures, ces oeuvres hybrides suivent le même procédé de fabrication (auquel est ajouté le collage) que les séries précédentes -celui-là même qui rend la pratique de Greenbaum si singulière. Poursuivant l’intérêt de l’artiste pour l’environnement urbain, la manipulation digitale et le trompe-l’oeil, la nouvelle série de Greenbaum affiche néanmoins une esthétique radicalement nouvelle : « psychédélique » selon Peter Halley, avec qui Ethan Greenbaum s’est entretenu dans le cadre d’une interview exclusive. De plus la première monographie sur le travail de Greenbaum sera publié pendant l’exposition, avec la collaboration du Centre National des Arts Visuels (CNAP). 

Interview avec Peter Halley : 

Peter : Les œuvres murales de certaines de vos expositions en Europe s’apparentent pour moi à des simulations tactiles d’art abstrait européen. Elles ont quelque chose de très gestuel, mais elles sont entièrement fabriquées par des procédés numériques, comme la pièce intitulée |- (2017).

Ethan : Cette œuvre est basée sur des photos de palissades de chantier [hoarding fences]. « Hoarding » est le terme technique pour les palissades de travaux, ce qui est autrement poétique. Elles m’attirent dans la mesure où elles constituent une forme d’architecture provisoire. Elles signalent le délabrement, ou quelque nouvel aménagement en cours de développement – phénomène omniprésent à New York. Elles sont aussi tellement voyeuristes avec leurs interstices inévitables et accidentels. Le lien avec l’abstraction européenne fait indéniablement partie de l’œuvre. J’ai toujours beaucoup aimé l’abstraction et le fait qu’elle se prête à de multiples interprétations. En même temps, je suis fasciné par les particularités  [specifics] du monde culturel et matériel. Je suis souvent attiré par les lieux où les deux semblent se rencontrer – comme ces détails de peinture écaillée sur la palissade. La photographie est pour moi un moyen de collecter et de répertorier ce genre de ressemblances [resemblances].

Peter : Je n’ai pas la connaissance intime de la sémantique qui me permettrait de décrire ce qui se passe dans vos œuvres. Mais vous attribuez aux éléments en relief une profondeur qui diffère complètement de ce qu’elle devrait être en réalité. Pourtant, parce que la représentation en bas-relief nous paraît si convaincante, notre lecture de l’œuvre est hyperréaliste, et non illusionniste. Elle devient un monde alternatif et déformé. C’est presque comme prendre une drogue – et percevoir l’espace différemment, sous le coup d’une hallucination.

Ethan : Cette sensation psychédélique est importante pour moi. Outre l’expérience hallucinatoire que vous décrivez, je me souviens avoir réfléchi au fait que ces œuvres me rappelaient le décalage entre objets et surfaces en modélisation 3D. De nombreux logiciels de conception 3D utilisent les textures UV, qui sont en fait une image plane venant habiller les objets 3D de toutes sortes de couleurs et textures visuelles, sans que celles-ci ne correspondent nécessairement à une forme. Je me souviens avoir beaucoup vu ça dans les jeux vidéo du début des années 2000 – de gros rochers basse définition avec quantité de détails visuels comme de la terre et de la mousse, dont on les avait couverts pour les rendre plus crédibles. J’ai eu l’idée de donner à mes œuvres une surcharge d’informations similaire, de sorte qu’elles fassent vrai sans pour autant essayer d’en faire des reproductions fidèles.

Peter : Bien, revenons au début : comment avez-vous commencé à faire de l’art ?

Ethan : Mes parents sont tous les deux céramistes. C’était une affaire de famille et ce que mon frère et moi faisions pour nous divertir ; donc faire de l’art, c’était de ces évidences qui s’étaient imposées avant que ça ne soit décidé.

Peter : Vos œuvres ont-elles quelque chose en commun avec les créations de vos parents ?

Ethan : Je crois, oui. La malléabilité de l’argile – son caractère tactile et son aptitude à faire des formes –, c’est une relation que j’ai toujours voulu entretenir à l’art. Mon père a aussi construit beaucoup de nos maisons, ce qui m’a beaucoup marqué : voir notre maison, avec toutes les émotions et les histoires qu’elle accumule, commencer à l’état de matières premières relevait d’une sorte de magie ex nihilo qui m’est restée.

Peter : Je suis frappé par le fait qu’explorer de nouveaux procédés ne vous a jamais fait peur, exactement comme un céramiste. Quand j’ai fait votre connaissance, vous gardiez un souvenir très clair du temps où vous avez grandi en Floride. Considérez-vous toujours que c’était une expérience formatrice ?

Ethan : Absolument. C’est comparable à la façon dont je conçois mes premières expériences avec l’argile – il y a dans mon corps une mémoire physique. En fin de compte, la Floride est un endroit dont j’ai été heureux de partir, et ce rejet aussi a été formateur. J’ai quitté cette existence rurale du Sud pour continuer mes études et vivre en ville.

(…)

Artistes

Adresse

Galerie PACT 70 rue des Gravilliers 75003 Paris 03 France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022