Ni dans les rouges-gorges ni dans les bisons
Au commencement des propositions d’Eva Taulois se trouvent des textures, des couleurs, ainsi qu’une atmosphère générale.
Pour l’exposition personnelle qu’elle propose au CACC, à l’orée de l’automne, Eva Taulois prolonge la sensation de l’été et déploie son geste pictural sur transats et parasols, qu’elle augmente de pièces sonores, de photographies et de sculptures. Les différentes formes d’écriture poétique nourrissent la démarche et l’imagination d’Eva Taulois, que ce soient les paroles d’une chanson ou les mots d’une écrivaine américaine. « Ni dans les rouges-gorges ni dans les bisons » : les titres qu’elle choisit pour leur puissance évocatrice, fragment sibyllin qu’elle emprunte ici à Toni Morrison, participent de la fiction qu’établi l’artiste dans ses expositions. Ce titre énigmatique fait se croiser deux dynamiques que l’on verrait opposées, met en contact deux espèces animales que l’on n’imagine pas se rencontrer, mais d’emblée suggère des directions que parcourt l’œuvre d’Eva Taulois. La musicalité de la phrase évoque les rebonds que l’artiste injecte dans les dialogues entre les œuvres. Le soyeux des plumes de l’oiseau, le ouaté des poils du bovidé rappellent avec quelle précision l’artiste choisi ses matériaux et textures : plâtre, étoffe strassée, lycra, résine, velours, laque, mousse… L’agilité aérienne comme l’emprise à la terre de ces animaux font écho aux lois de l’apesanteur qui régissent les œuvres de l’artiste. Celle-ci joue du poids des matériaux pour affirmer une forme. Elle aime ce qui choit, s’affale ou s’élève.
Au Centre d’art contemporain Chanot, Eva Taulois initie un vaste projet pour lequel elle explore des formes collaboratives de travail et où elle continue de repousser les frontières entre art et vie.