Mots d'Images

Quel est notre rapport au temps ? Que voyons-nous réellement ? Qu'est-ce que l'illusion ? Comment vivons-nous notre espace de vie ? Ce sont autant de questions que soulève la démarche artistique de Sylvie Tubiana dont la pratique plastique, tournée vers différents médias (vidéo, projection d'images fixes et mobiles, son) et techniques (dessin, gravure, découpage) questionne le point de vue, invitant le spectateur au déplacement. La lumière, mais aussi le son, jouent un rôle prédominant dans les installations de l'artiste. Textes en différentes langues ou rythme lancinant de métronomes, les propositions sonores de Sylvie Tubiana dévoilent en filigrane des problématiques liées aux différentes manières de vivre dans le monde, aux occupations sociales et culturelles des corps dans un espace de vie et ainsi, questionne en sus, l'essence même des relations humaines. Pour son exposition au sein de la Galerie des Urbanistes, le son et la lumière, la voix et l'image seront une nouvelle fois le moteur de ses installations. Depuis 1992, Sylvie Tubiana utilise la projection d'images, fixes ou mobiles, et organise ses projections dans des mises en scène au sein d'un espace architecturé. Photographe d'origine, l'idée générique du travail de l'artiste se fonde sur les jeux de déformation de l'image, qu'elle inscrit, via une projection, dans un espace. De ce process, naissent des images énigmatiques dont les jeux de reflets viennent en compliquer la lecture. On peut parfois discerner un fragment de corps, partagé entre l'ombre et la lumière, qui se déforme dans l'espace et prend alors des mouvements inattendus. Dans l'espace occulté où elle opère, l'image du corps projeté s'écrase en effet au mur et en épouse les différences architecturales. Les installations de Sylvie Tubiana offrent d'innombrables points de vue, des aspects différents, des angles inattendus, des perspectives déplacées. Les images peuvent être projetées sur les murs, dans un coin d'une salle, sur le plafond ou même au sol. Le spectateur est alors invité au déplacement dans une perte de repères, d'échelle, de mesure. Il est convié à chercher les points de vue, à s'asseoir, à pénétrer dans l'oeuvre par tous les sens : l'ouïe, la vue, l'odorat... Pour l'artiste, il s'agit de transformer l'espace en un lieu d'échange entre l'image, le support et le visiteur. Cette recherche, sur la transformation et la déformation des espaces, apparentée à l'anamorphose, a été à l'origine pensée comme la déformation d'un rectangle sur une ou des surfaces écrans. Mais, outre la relation à l'espace, la relation au temps est également inhérente dans la démarche artistique de Sylvie Tubiana. L'oeil doit s'habituer à la pénombre, le regard va prendre le temps de découvrir la mise en espace des images, de même l'oreille va prendre le temps de l'écoute d'une bande sonore. La pratique plastique de Sylvie Tubiana tend à questionner nos relations aux autres mais aussi notre rapport au temps, et soulève la problématique de l'illusion.