MORTEYROL

"Oeuvres de 1999 à 2009"
Exposition
Arts plastiques
Galerie du Centre Paris 04
Morteyrol est un artiste historique de la Figuration Narrative. Il a débuté en 1970 et il a travaillé dès ses débuts avec le groupe des Malassis (Cueco...) puis avec le groupe des 4 (Naccache, Messac, et Birga). Artiste discret, il a peu été montré à Paris. Il est donc temps de mieux le faire connaître car il est un total adepte de la pensée de la Figuration Narrative. En effet, Morteyrol a compris très tôt qu'on ne pouvait désormais décripter le réel qu'au travers de l'analyse critique des images qui nous submergent et nous envahissent au point de s'apparenter à la réalité. Cette exposition propose un panorama des oeuvres de ces cinq dernières années autour du thème : des femmes, de la résistance, et des supers héros. Alain Matarasso Son métier, c'est les images Pierre Tilman Bernard Morteyrol a vecu à Paris pendant presque 40 ans où il a été chef de studio chez Walt Disney. Il est venu ensuite s'installer dans le Var, d'abord à Aups, pendant 5 ans, puis à Villecroze où il vit et travaille depuis 1985. Il n'est pas devenu pour autant un artiste qui ne peindrait que des paysages, que les arbres, les collines, les fleurs et les ciels du Midi. Il est resté ce qu'il a toujours été, un homme d'aujourd'hui, informé, ouvert, perméable aux autres et à ce qui se passe autour de lui. Il a choisi d'habiter dans un village, il apprécie et aime cette vie. Mais cela ne veut pas dire qu'il s'est retiré ou coupé du monde moderne. D'ailleurs, quel sens a réellement de nos jours le terme de "campagne" ? On voit bien aux abords d'une ville telle que Draguignan qu'est omniprésente l'iconographie pop d'un Lichtenstein ou d'un Warhol directement issue des années soixante. Publicité, panneaux de signalisation, affiches, enseignes lumineuses, musique américaine, tout y est. On écoute Eminem et on met du ketchup sur ses frites. Alors disons pour s'implifier que Morteyrol est quelqu'un de la ville et de la campagne, de la télé et de la nature, de l'authenticité du vécu et de l'articialité des stéréotypes et des clichés. Ce "et" est important car il constitue le signe de l'addition. Deux "et" deux font quatre. La conjonction de coordination "et" sert à lier les parties et à exprimer une juxtaposition, un rapprochement. Elle ajoute, elle indique un plus. La peinture de Morteyrol est faite de "et". Une femme et un revolver et un sens interdit et une statue de la Liberté, ça fait quoi au total ? L'addition, s'il vous plaît ! eh bien, ça fait un ou plusieurs tableaux de Morteyrol. Car chez lui en général les tableaux ne vont pas seuls. Ils se suivent et se complètent. Ils forment des séries - série spectacle, série atelier, série portrait, série noire, série je me souviens de... - et ils se juxtaposent de la même façon que les éléments qui les composent. Ce n'est pas chez l'artiste seulement un effet de style. C'est une façon de voir le monde. Bien sûr que Bernard Morteyrol son point de vue, ses idées et ses convictions qu'il exprime, si nécessaire, avec clarté et netteté mais il est aussi capable de saisir la relativité des choses, leur complexité, leur foisonnement et leur richesse. Avoir son point de vue ne veut pas dire aplatir l'épaisseur du réel, écraser ses facettes, le réduire et le schématiser. Morteyrol est né en 1942 et il fait partie de cette génération qui est venue au monde pendant la guerre, qui a connu l'impact et l'affrontement des idéologies, et ensuite leur effritement et leur effondrement. Il s'est impliqué personnellement dans ses actions collectives et plus particulièrement dans la Jeune Peinture. Il semble bien que cette époque de contestation soit révolue, mais il n'y a en tous cas aucune nostalgie et pas le moindre relent d'amertume chez lui. Regardez sa peinture, elle est fondalement optimiste. Et ce n'est pas seulement une question de couleurs vives et toniques. C'est aussi une question de générosité dans la variété des thèmes abordés, dans la façon d'accueillir dans ses tableaux d'autres artistes - Duchamp, de Chirico, Klasen, Fromanger, Monory, Rancillac...-, de les citer comme pour leur témoigner du respect ou pour plus simplement leur serrer amicalement la main. Son métier, c'est les images. Il joue avec, il s'en amuse, il les manipule, mais il sait aussi leur garder leur force et leur sérieux. Si Morteyrol est parfois dans l'humour, il n'est pas dans la parodie, il n'est pas dans cette espèce d'ironique détachement au deuxième ou troisième degré qui caractérise si souvent le côté spectaculaire des médias et leur donne leur séduisante sophistication. Au contraire, sa peinture traite la multiplicité des images directement et avec sincérité. On dirait qu'à ses yeux les images ne constituent pas un théâtre d'ombres et d'apparences, mais forment un univers vrai et naturel. J'utilise à dessein les termes de "sincérité" et de "naturel". Où est l'authentique ? Où est la doublure ? Où est l'original ? Où est la reproduction ? Nous sommes tous des êtres de langage et de culture et nous sommes saturés d'infprmations. La peinture de Bernard Morteyrol est évidemment pleines de références. Quel est l'artiste d'aujourd'hui qui aurait le culot de prétendre être l'inventeur du dictionnaire des signes et des images qui, de toute évidence, existaient avant lui et continuent chaque jour, hors de lui, à se développer et à proliférer ? Le vocabulaire des images est déjà là, immense, sans frontière, sans limite. Le peintre, devant sa toile, dans son atelier, s'approprie des images existantes, préfabriquées, pourrais-je dire, à monter en kit, il les redécouvre, il les détourne et les agence selon sa personnalité. Seulement voilà, ce phénomène d'appropriation n'est pas pour le peintre un acte extérieur, un collage superficiel d'effets et de citations. Non, il s'agit d'une véritable expérience sensible, profondément vécue, à travers les yeux, dans la tête et dans le corps qui peint. Si cette expérience, à la fois mentale et physique, n'a pas lieu, le résultat est sans appel, il n'y a pas peinture, il n'y a pas tableau, il n'y a qu'un produit plus ou moins habilement élaboré, mais sans vie. A l'ère de l'ordinateur, le geste manuel qui consiste à peindre avec un pinceau garde encore, peut être, si c'est possible, l'empreinte d'une "authenticité" et d'une "originalité". Ce geste manuel - à la fois si ancien et traditionnel, mais aussi, à chaque fois, renouvelé - marque en tout cas un lien avec les peintres du passé et avec ceux du présent qui poursuivent leurs recherches et s'expriment, même si la scène de l'art contemporain a tendance à les laisser de côté. Ce geste manuel indique aussi le souci de ne pas souscrire à l'éphémère et à la fugacité de l'instant. Un artiste comme Morteyrol prête attention à la solidité de sa technique et s'emploie à bâtir une oeuvre qui perdure et se conserve. Ce n'est pas vanité de sa part, ni même prétention, c'est simplement, je crois le goût du beau métier. P.T. - Mars 2003

Autres artistes présentés

Bernard MORTEYROL

Horaires

du mardi au vendredi de 14h à 18h30 le samedi de 10h30 à 13h et de 14h à 18h30

Accès mobilité réduite

Oui

Adresse

Galerie du Centre 5, rue Pierre au Lard 75004 Paris 04 France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022