Mathilde Ganancia Onjes-sur-Joult

Exposition
Arts plastiques
Les Bains-Douches Alençon
Mathilde Ganancia (née en 1988, vit et travaille à Bagnolet) s’intéresse à la variabilité des choses. Ses matériaux sont aussi bien l’image vidéo, la peinture, le tissu que des lectures performées qu’elle travaille en fonction des lieux d’exposition pour en capter et en transformer les caractéristiques. Elle crée ainsi des univers fictionnels improbables et polymorphes le plus souvent à la première personne, venant tout à la fois accueillir et surprendre le regardeur- auditeur.

Mathilde Ganancia (née en 1988, vit et travaille à Bagnolet) s’intéresse à la variabilité des choses. Ses matériaux sont aussi bien l’image vidéo, la peinture, le tissu que des lectures performées qu’elle travaille en fonction des lieux d’exposition pour en capter et en transformer les caractéristiques. Elle crée ainsi des univers fictionnels improbables et polymorphes le plus souvent à la première personne, venant tout à la fois accueillir et surprendre le regardeur- auditeur.

 

Complément d'information

Une goutte qui tombe dans un seau, ça laisse dans l’oreille un son rond ; sur la langue un goût de métal, couleur argent, puis cuivre, rouille verte. Ce soir ça m’a réveillé.

Je rêvais qu’on me suivait, qu’on me guettait de derrière un mur, la tête dissimulée par une cagoule.

L’oreiller trempé, je le retourne. J’ai la nuque chaude, le corps qui brûle. J’enlève la couverture, je me dis que ça va mieux, puis j’ai froid, je gèle, je grelotte. Chaque follicule pileux se dresse le long de ma colonne vertébrale : je fais le dos rond, mon poil se hérisse.

La goutte encore. C’est comme si mes lèvres avaient entouré le canon frigorifié d’un pistolet quelques instants. Les yeux fermés, ma bouche formant un “O” à la courbure parfaite. Un after-taste rouge brique, de sang séché.

J’ai laissé ma blouse blanche sur la chaise, elle est pétrifiée mais elle est sèche. Je me couvre. Je ne dors pas, j’allume ma lampe de chevet. J’ai oublié un ticket à gratter à côté du cendrier. Une pièce d’1 € entre mes doigts moites, je gratte. La pellicule mate se détache, un rectangle d’un vert émeraude se dévoile : monochrome minime. Un monochrome personnel, intime, comme des sous-vêtements qu’on apprend à dégrafer d’un seul geste. Aussi simple que claquer des doigts.

G… N… C… Ah ! Des lettres fantômes apparaissent en transparence. Un message secret et diaphane sur le papier, puis un visage. J’ai pas compris. Ai-je gagné, ou ai-je perdu ?

Une troisième goutte. C’est sans doute l’état de somnolence dans lequel je suis, mais le son me paraît plus proche, comme s’il menaçait de se glisser à l’intérieur de mon système auditif. Un escargot se dénudant de sa coquille, laissant derrière lui le dessin visqueux de son passage, pour atteindre mon ouïe.

J’ai mal aux gencives. J’ai mal aux dents. La nuit arrive et dans mon sommeil je fais du bruxisme. Ce genre de bruit grinçant qui te fait enterrer les ongles dans la peau de ta main, contracter à fond les muscles des phalanges : des demi-lunes qui viennent marquer ta paume.

Sourire, c’est afficher ses canines, ses incisives, et moi j’aimerais mieux qu’une barbe épaisse me dévore le visage. Je voudrais me travestir.

L’autre, elle me regarde de son œil vert. Elle me fixe de son œil violet avec son accoutrement stupide, ce tailleur rouge vif. Tu l’as mis pour qui ?

Ça me donne des envies de violence, des pulsions de meurtre. Moi taureau, je piétinerais ton costume.

On se moque ? J’ai l’impression qu’on me regarde, qu’on se fout de moi. Dans cette salle vide, j’entends des rires, je me sens seul et ridicule. Je me cache, je me rhabille. Je suis le roi nu de qui on rit. Je suis le roi nu qu’on humilie, l’exhibo, qu’on pointe du doigt. J’ai les joues écarlates, j’arrête. J’ai trop fait la comédie. 

Je laisserai derrière moi, directement sur le sol, l’ombre de ma traversée. Les contours de mon épopée grandiose, vous pourrez tous les retracer au feutre et au pinceau. Je plume les plus belles plumes de mon plumage : je vous laisse le bleu, le vert, et l’or de ma queue de paon. 

Ana Mendoza Aldana

 

Horaires

du mardi au mercredi de 14h00 à 18h00

Vernissage le vendredi 11 septembre

Accès mobilité réduite

Oui

Adresse

Les Bains-Douches 151 avenue de Courteille 61000 Alençon France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022