À l'ombre des météorites

Exposition
Arts plastiques
Galerie Christophe Gaillard Paris 03


Tout prendre. Ne rien lâcher. Faire peinture avec et contre tout. Renouveler sa spontanéité dans le champ des possibles picturaux: classicisme, expressionnisme, figuratif, abstrait, print painting, bad painting, all-over, matièrisme. Pour Julien des Monstiers, chaque peinture constitue un ensemble dont les différentes manières de faire se comprennent par un tout qui leur donne sa signification. Une peinture holistique, qu’on ne peut réduire à la somme de ses parties et qui échappe à toute définition pré-établie. Des formes et des gestes empruntés, sans aucune hiérarchie, aux grands récits du médium : de Diego Velasquez à Jean-Baptiste Oudry, de Robert Rauschenberg à Gerhard Richter, de Lucio Fontana à Sigmar Polke, mais aussi à l’histoire de ses motifs, celle des scènes de chasse, des décors floraux, des tapisseries. Une oeuvre peinte sur toile ou sur bois, au sol ou au mur, selon les nécessités, dans d’incessants allers-retours. Des empreintes par transfert, comme il le fait toujours, mais aussi des gestes précis, lents ou rapides, faits avec des pinceaux, bien sûr, mais aussi des outils divers, des bâtons et pourquoi pas, si l’envie lui vient, des billes. Tout est à saisir pour l’artiste qui considère le châssis comme un objet sur lequel on peut construire, à l’aide d’emprunts et d’inventions, son propre territoire.
Des peintures faites de couches constamment contrariées, des strates si étroitement superposées qu’on ne peut les différencier. Un « non style », riche de surcharges, de dissonances colorées, d’empâtements qui devient paradoxalement « un style ». Disparate parfois, pour le regardeur et peut-être même pour son auteur, car riche de sensations ambiguës, d’impressions qui vont du rejet à la félicité. Une œuvre, sans aucun soucis de sérialité, la composante la plus appréciée de nos jours,  puisqu’elle permet au monde de l’art, et surtout à son marché une identification immédiate. Une peinture qui n’est pas une fenêtre ouverte sur le monde, mais une somme de portes qui conduit aux espaces où gît la matière de la création. Peut-être celle, toujours, à la fois, lointaine et proche des grottes primitives qu’invoque, si souvent, l’artiste. Des lieux magiques où nos ancêtres composaient avec les saillies et les retraits de la roche, mais aussi avec leur environnement, les lumières mouvantes, les accidents et les trajectoires manquées.

Alain Berland

Horaires

du mardi au vendredi, de 10h30 à 12h30 et de 14h à 19h le samedi, de 12h à 19h

Adresse

Galerie Christophe Gaillard 5 Rue Chapon 75003 Paris 03 France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022