L'invention d'une histoire vraie (2)

Exposition
Arts plastiques
Passerelle Brest
Nelly Monnier & Eric Tabuchi, L'invention d'une histoire vraie (2), 2022 - Passerelle Centre d'art contemporain, Brest

Nelly Monnier & Eric Tabuchi, vue de l'exposition L'invention d'une histoire vraie (2), 2022 - Passerelle Centre d'art contemporain, Brest

L’exposition « L’invention d’une histoire vraie (2) » poursuit les pérégrinations de Nelly Monnier (1988, France) et d’Eric Tabuchi (1959, France) dans les campagnes françaises. Dans la continuité de leur récente exposition au centre d’art GwinZegal à Guingamp, le duo d’artistes présente une partie de leur Atlas des Régions Naturelles (ARN) et une série d’œuvres sculpturales et picturales qui en découlent.

Tout commence avec une idée à la fois insensée et chronophage : photographier et documenter l’architecture vernaculaire dans l’intégralité des régions naturelles de France – une notion assez floue – depuis la Flandre française à l’Outre Forêt alsacienne, du Freto corse au Béarn et jusqu’au Léon finistérien. La tâche s’avère colossale, à mi-chemin entre une quête sortie d’une fiction d’Heroic Fantasy et une aventure saugrenue et drôle à la Monty Python. De leurs voyages, Monnier et Tabuchi ramènent des clichés très divers, s’attachant, en premier lieu à documenter le bâti, mais par extension à décortiquer les paysages et à comprendre l’incidence des humains sur leur habitat. Le duo photographie des paysages étonnants, des architectures étranges, des situations loufoques, des endroits de joie, ou encore des lieux tombés en désuétude. C’est un portrait multi-facettes de la France, tantôt touchant, parfois absurde, jamais jugeant, qu’ils réalisent durant leurs périples. Dans leur atelier, iels trient leurs photographies par géographie ou par thème. La démarche n’est pas sans rappeler celle de Bernd et Hilla Becher, un couple de photographes allemands connus pour leurs clichés frontaux d’architecture industrielle, ou celle de « La France » de Raymond Depardon qui documentait la France qui se modernisait, ou encore le travail de Walker Evans qui s’est distingué en portraiturant les Etats-Unis de la Grande Dépression de 1929 à la Seconde Guerre mondiale.

Les camarades du centre d’art GwinZegal écrivaient très justement qu’à « l’ivresse de la vitesse de notre époque, Nelly Monnier et Eric Tabuchi opposent l’éloge de la lenteur et des petites routes. C’est dans une petite automobile, à vitesse réduite, qu’ils sillonnent discrètement le paysage, ponctuant cet atlas imaginaire d’innombrables arrêts. »

À travers les œuvres de Monnier et Tabuchi, il n’y a pas de violence apparente mais elle se devine parfois sous-jacente. L’histoire récente de l’exode rural et des délocalisations se dessinent tout autant que des récits propres à chaque région. Les territoires français se révèlent dans toute leur pluralité architecturale : l’ardoise est marqueur des toits bretons tandis que les tuyés – de grand fumoirs – s’imposent dans le paysage du Haut-Doubs par exemple. L’exposition de Passerelle fait écho à son territoire, compilant essentiellement des images du Léon et du Trégor, rassemblant représentations de menhirs, de maraîchage, ou encore d’amers, parfois « augmentés » d’inscriptions depuis le désormais traditionnel « ACAB » au local « BZH Libre ». Une série de peintures et de collages introduit une certaine étrangeté au corpus plus documentaire des photographies, en tentant de tirer l’essence et l’âme des paysages visités par le duo. Ces peintures sont, d’une certaine manière, symboliques de la démarche qui est leur : in fine, le duo s’est lancé non pas dans un état des lieux de l’architecture hexagonale mais dans une épopée, dans une quête vaine et poétique d’un Graal immatériel –  une histoire fictive de nos régions.

Horaires

le mardi de 14:00 à 20:00 et du mercredi au samedi de 14:00 à 18:30

Accès mobilité réduite

Oui

Adresse

Passerelle 41 rue Charles Berthelot 29200 Brest France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022