L'été retrouvé

Exposition
Arts plastiques
Galerie Praz-Delavallade Paris 03
L'été retrouvé

Praz-Delavallade est heureux d’inviter les artistes Soufiane Ababri, Carlotta Bailly-Borg, Thomas Fougeirol, Maude Maris, Christine Safa, Marnie Weber et Guy Yanai pour leur nouvelle exposition estivale L’été retrouvé. À cette occasion, les propositions colorées de ces sept artistes enlaceront les visiteurs d’une chaleur tendre au sein de laquelle le temps semble s’être arrêté.


Le milieu de la journée rencontre le milieu de l’année lorsque le soleil est au plus haut. C’est le midi de l’été, un instant d’équilibre entre deux extrêmes, entre la force créative du printemps et la mue automnale. Ce zénith, cette immobilité de l’entre-deux temps, nous permet d’être pleinement présent. Si les mois d’été sont synonymes d’oisiveté, de plaisir, et d’économie de mouvements, ils sont également marqués d’aventures et de rites d’initiation. La douceur de la saison encourage à la désinvolture et, pour fêter l’été ou faire face à l’ennui, de nouveaux liens se créent grâce à une célébration simultanée des plaisirs des sens et du memento mori.


Les silhouettes anthropomorphes de Carlotta Bailly-Borg se meuvent avec fluidité sur la toile. Elles tentent de se placer les unes par rapport aux autres, tandis que leurs corps fusionnent avec les fleurs pressées, devenant aussi délicats qu’une feuille de papier de soie. À la fois organiques et fluides, les formes s’inspirent de la calligraphie perse, de sources mythologiques grecques et hindoues, de manuscrits médiévaux et des représentations érotiques japonaises. Flottants peau contre peau, les corps et les fleurs sont unis par leur intemporalité et la question de l’amour physique – baignant dans la chaleur des compositions de Carlotta Bailly-Borg. Tout en douceur, dénudés, ces personnages non-genrés s’entrelacent et échangent entre eux des gestes tendres.

Les figures flottantes de l’oeuvre de Maude Maris sont tout aussi troublantes. Situées en dehors du temps et isolées de leur contexte, l’artiste met en place un rituel précis pour chacun des objets peints, comme si ses images avaient établi une connexion mystérieuse avec le monde occulte. Cette connexion vient à la fois perturber la question d’échelle et déranger la perception, bouleversant toute maîtrise. Inspirée par le travail d’Henry Moore, Constantin Brancusi ou encore Georgia O’keeffe, Maude Maris récupère de petits objets chinés, les refaçonne, transformant ces témoignages de souvenirs passés avant de les offrir au regard du spectateur. Ce processus lui permet de jouer avec ses trouvailles, de laisser place à l’inattendu et aux petits accidents.

L’oeuvre de Christine Safa évoque le calme de la mer et le crépuscule au bord de la Méditerranée. Lieu rêvé, espace. Ses peintures poétiques nous séduisent, autant par leurs compositions graphiques que leurs couleurs qui rappellent la lumière et le soleil intense du Liban, où elle passe l’été depuis son enfance. Un souvenir d’assoupissement causé par la chaleur écrasante de l’été, le bruit hypnotique des vagues et l’air brûlant. Les toiles de Safa sont imprégnées d’un sentiment de nostalgie où ce qui se passe à l’intérieur se traduit à l’extérieur. Ce sont les impressions et les émotions qui viennent façonner le paysage. Ses sources d’inspiration sont multiples : la force du soleil et la Méditerranée, tout autant que les oeuvres d’Etel Adnan, Hilma af Klint, Albert Camus et Paul Valery.


La série des 366 collages de Marnie Weber intitulée The Diary Project fait également référence aux souvenirs. L’artiste a choisi d’explorer des images d’archives - son groupe de rock et projet artistique The Spirit Girls ou encore des images de nus choisies dans des magazines érotiques - en réalisant un collage quotidiennement. L’exposition présente une sélection d’oeuvres réalisées durant les mois d’été. Dans ces collages, Marnie Weber déforme la réalité et fait devenir les souvenirs de ses journées d’été en petites fictions. Dans ces images oniriques, transformées par des textures sensuelles en un monde surréel évoquant l’enfance, des corps de femmes
rencontrent les fleurs de la saison estivale et les paysages mythiques des États-Unis. Les oeuvres de Weber rassemblent des éléments telle la naissance de la sexualité, la beauté féminine, la laideur et la cruauté. Elle y explore une multitude de références historiques, des fantasmes de l’époque victorienne aux préraphaélites et les surréalistes, en passant par le pop art du 20ième siècle et le féminisme.

Les personnages de Soufiane Ababri s’inscrivent dans un temps suspendu: deux hommes se prélassent nus sur la plage, tandis que deux autres regardent la mer. Lorsqu’ils ne jouent pas dans l’eau, ils lisent Élisabeth Lebovici et Édouard Glissant, écoutent des disques d’Isabelle Aubret et accrochent chez eux des posters de films classiques comme Le Parrain, réalisé par Francis Ford Coppola. Toutes ces références permettent de contextualiser chacun des personnages de Soufiane Ababri. Les images prises avec son téléphone qu’il redessine lui permettent de s’éloigner du réel et de laisser libre cours à son imagination et à sa fantaisie.


Les bateaux de Guy Yanai symbolisent la nostalgie d’une expérience jamais vécue. En s’appropriant des images numériques trouvées sur Internet et les souvenirs d’autrui – ou encore lorsqu’il peint des scènes de films mythiques de la Nouvelle Vague française, Guy Yanai repense le monde à travers des aplats de couleur vives dans des toiles empreintes d’une lumière radieuse. Un petit bateau vogue sur des eaux calmes sous un ciel limpide comme pour figurer une journée sous le soleil, une journée oisive dans la chaleur et la lumière d’Israël, son pays d’origine, ou bien le sud de la France, sa terre d’adoption. La Méditerranée vient créer un pont
entre les ports d’Haifa et de Marseille. Thomas Fougeirol manipule la matière de la peinture et les pigments pour capturer des images d’un temps révolu, des images à moitié développées. Le corps de l’artiste est outil, et laisse sa trace au contact avec de la toile à l’instar de l’image qui s’imprimerait sur un négatif. Ses oeuvres sont comme des ombres, un souvenir fugace vu à travers des yeux mi-clos, des images lointaines qui vibrent et résonnent dans une chaleur écrasante. Lorsqu’elles sont mises à distance du spectateur, les peintures ressemblent à des expériences photographiques (voire proto-photographiques). Dès lors que l’on s’approche, elles révèlent
toute l’hétérogénéité de leur structure et mettent à nu les traces de son processus.


Ensemble, ces sept artistes donnent naissance à une exposition qui se déploie en douceur, un moment de quiétude dans les heures chaudes de midi. Ils laissent les visiteurs se remémorer leurs souvenirs d’étés, alors qu’ils vivent les instants qui seront ceux de demain. La tendresse des heures de loisir et de farniente sont célébrés. En pensant à L’été retrouvé, nous pensons peut-être aussi à de nouveaux lendemains.

Adresse

Galerie Praz-Delavallade 5 rue des Haudriettes 75003 Paris 03 France

Comment s'y rendre

PARIS

5 rue des Haudriettes
F-75003 Paris

Dernière mise à jour le 13 octobre 2022