L'Escamoteur
Lavitrine invite les artistes Clément Boudin et Julien Salban-Créma à s’emparer du lieu dans un format expérimental, au croisement de l’atelier d’artiste, la résidence de recherche et l’espace d’exposition. Le lieu devient ainsi à la fois un espace de travail, d’expérimentation et d’accrochage, dans lequel l’art est montré en train de se faire.
S’inscrivant dans la continuité d’un travail commencé lors de leurs années d’étude aux Beaux-arts de Paris, le projet de l’Escamoteur qu’ils proposent pour Lavitrine se concrétisera sous la forme d’un musée de l’Escamoteur, de trois numéros de la revue éponyme, et d’une table ronde.
Complément d'information
Tout part d’un tableau. Celui de l’Escamoteur, qui est une peinture attribuée à l’artiste flamand Jérôme Bosh. Réalisée entre 1475 et 1530, cette huile sur bois de 53 x 65 cm est aujourd’hui conservée dans un coffre-fort au Musée municipal de Saint-Germain-en-Laye.
Ce tableau, annonciateur d’un tour, s’avère en recéler plus d’un. C’est d’abord celui de l’escamoteur, qui effectue son tour de magie devant une foule compacte. Puis c’est celui du voleur, qui profite de l’inattention du parieur pour lui subtiliser sa bourse. Enfin, c’est celui du tableau lui-même volé en 1978, qui lui valut le nom « d’Escamoteur escamoté ».
Jouant le rôle de miroir, ce tableau met en parallèle la figure du magicien avec celle de l’artiste. Les artistes Clément Boudin et Julien Salban-Créma s’en emparent et s’inscrivent dans la continuité de son histoire, en devenant à leur tour escamoteurs.
La revue de l’Escamoteur s’emploie à tisser des liens entre l’art et les mouvements d’émancipation et de résistance. Commencée en 2016, sa création éditoriale est réactivée pour l’exposition à travers la publication de 3 nouveaux numéros. Des numéros jaune, noir et rose, qui s’emparent de la question de la désertification, de la question identitaire, et de la question de la normativité.
Le musée de l’Escamoteur présente un ensemble d'œuvres sensibles aux problématiques esthétiques, politiques et sociales de leur époque, et retrace ainsi un pan d’une histoire de l’art engagé.
Tel un travail d’archives en dur de leur aventure éditoriale passée, il réunit une sélection des œuvres publiées dans les précédents numéros de la revue.
A défaut de pouvoir emprunter les originaux, les artistes suivant l’adage « si tu veux une œuvre, vole-là ou copie-là », s’attèlent à leur copie en noir et blanc. Se détachant de la figure du faussaire, ils prennent la liberté d’interprétation et de reproduction des œuvres, en ne se concentrant que sur la substance des éléments qui les leur ont fait choisir à l’époque, et font de l’acte de copie un acte créateur.
Ainsi, cette collection interroge et confronte l’institution muséale, qui par essence sacralise œuvre d’art de par son caractère unique et authentique.