L'ATELIER DES CORPS

Exposition
Arts plastiques
Pulsart - 93100 Montreuil
Exposition « L’Atelier des Corps » : Exposition itinérante - Région Limousin - Janvier / Avril 2003 Photographies de sculptures et de bas-reliefs réalisées par les mineurs détenus des Maisons d’Arrêt de Villepinte et Bois d’Arcy dans le cadre de l’action menée en 2000. Un travail de création artistique a été engagé durant l’année 2000 à partir d’ateliers d’arts plastiques, de moulage et de sculptures sur la thématique du corps avec des adolescents incarcérés. Cette exposition photographique témoigne de la première action de l’association en milieu carcéral, dans les maisons d’arrêt de Villepinte et Bois d’Arcy (Yvelines).

Complément d'information

Pulsart, l'association - L'atelier des corps, l'action

PULSART, C'EST UNE ACTION NATIONALE D'ACTIONS ARTISTIQUES qui propose :
Des ateliers menés par des artistes (arts
plastiques, infographie, écriture, musique etc.) avec des jeunes et des adultes dans les quartiers, hôpitaux, prisons, écoles, etc.
Des installations dans l’espace urbain,
Des expositions itinérantes,
Des spectacles,
Des livres, Cd,films
Des actions/formations,
Un atelier de création PAO

C'est aussi, un réseau d'actions et de réflexions autour des expressions artistiques et citoyennes
avec les artistes,
les collectivités territoriales,
les institutions culturelles, les fédérations
d’éducation populaire, les écoles,
les associations, etc.
Des délégations régionales (Ile-de-France, Bretagne, Bourgogne, Limousin, Pays de Loire, etc.)

L'action "L'atelier des corps" :

LE CORPS, THEATRE DES CONFLITS

La thématique du corps s’est très vite imposée en raison de problématiques majeures chez les jeunes détenus, parmi lesquelles les phénomènes de « violence ». Ces derniers se sont souvent traduits par des passages à l’acte
graves, portant atteinte à l’intégrité physique et psychique d’un soi à un autre.
L’enfermement peut exacerber cette « violence ». Que la personne soit auteur ou victime de cette violence, le corps est le théâtre de manifestations de conflits. Situé dans un entre-deux dialectique entre l’intérieur et l’extérieur, le dedans et le dehors, il est tout à la fois réceptacle, siège des affects et surface,
territoire, qui expose et délimite un individu dans ses multiples interactions.
Le corps pose par conséquent des
problématiques liées aux principes de l’identité et de l’altérité, au rapport que l’on entretient avec soi-même, avec l’autre, les autres : il pose
la question du « vivre-avec », donc de la joie et de la souffrance.

L’art et la matière

Parcourir par le biais des arts plastiques, du moulage et de la sculpture, la géographie d’un corps, c’est effectuer par là même un relevé topographique des zones en souffrance, en devenir et engager un travail de reconnaissance.
Ce travail de mémoire s’initie à partir du
non-lieu du corps et de l’observation, volontaire ou involontaire, des lignes cicatrices, brûlures
qui, comme autant de strates au sein d’une pierre, sont les indices du parcours de tel ou tel.
Apprendre à reconnaître le corps et les liens subtils qu’il noue avec la part biographique de chacun, c’est découvrir que l’on possède une histoire, singulière et irréductible. Apprendre à
reconnaître son histoire, c’est s’engager sur la voie d’un travail sur les représentations, sur l’image que l’on peut avoir de soi ou des autres.
Il en va aussi des sens, les perceptions
primitives restreintes ou endommagées d’un corps, les significations des actes incarnés par une entité corporelle ignorée ou maltraitée, et les blessures...autant de plaies ouvertes
desquelles suinte une expression directe qu’un artiste peut reconnaître comme étant fondatrice d’un acte créatif et créateur. Mais si cette expression n’est pas partagée dans le champs
artistique, social et politique, si son intégrité est
ignorée, elle devient non-sens et marque le
temps où la chair ne devient que matière.

Le beau et le bien commun

Au cours de l’atelier s’élabore un travail de
matérialisation des sensations et de
représentations des corps. Ceux-ci, moulés et
recomposés, se révèlent sous la forme d’images
tridimensionnelles qui mettent à nu les formes,
sentiments, désirs par trop souvent inexprimés,
étouffés, propres à un temps personnel. Il
s’opère doucement un phénomène de
ré-appropriation et de reconnaissance, de
résistance, qui favorise lentement l’émergence
d’une conscience et d’une pensée du corps. Loin
d’être un outil de production soumis aux
impératifs de la technique et du rendement, ou
une simple masse que l’on stigmatise, il est ce
lieu, un îlot de mémoire, d’archives et autres
trésors. A partir de là, un individu dans la plus
extrême et violente passivité, soumis aux diktats
les plus divers, peut enfin tenter de définir dans
l’activité la plus joyeuse et la plus créative, son
espace de liberté. Il est alarmant de constater la
façon dont l’imaginaire des jeunes détenus reste
bloqué, perdu, dans l’univers de la détention
(affaires, avocats...). Ceci est d’autant plus
violent que ces jeunes semblent ne pas
comprendre leur situation et mélanger les
attendus de la sanction. De là, la nécessité de
croiser les regards.
Le jeu de la pratique artistique favorise une «
reprise » des liens distendus (avec soi, l’autre).
Ce lien entre les différentes espèces (humaines,
animales...) manifeste l’importance des
sentiments comme sièges, soucis de la vie
commune. Une oeuvre.

Ce qu’ils en disent !

Durant la première semaine du mois de
novembre, j’ai pratiqué la sculpture et le
moulage, à l’aide de résine et de plâtre. Cette
activité m’a permis d’apprendre à maîtriser ces
matériaux que je ne connaissais pas. L’ambiance
était bonne grâce aux artistes. Nous avons
réalisé plusieurs oeuvres (mains, têtes, bustes,
corps, pieds, etc.) que nous avons parfois
assemblées. Cette activité pourrait être
organisée dans d’autres maisons d’arrêt pour
pouvoir sortir le savoir-faire des jeunes qui sont
un peu perdus dans leur cellule. Rachid, 17 ans


Ce que la presse en pense !

"CORPS DU DÉLIT"

Avec la sculpture, il s’agissait de reconstruire
une autre image et un contact différents avec
son propre corps et celui d’autrui. En
franchissant les portes de la prison, Maxime
Apostolo et les autres plasticiens se sont trouvés
face à un publics « à la fois très proche et
différent de celui que nous côtoyons dans les
quartiers : eux ont franchi certaines limites et
connu des prises de risques outrancières. Ils en
sortent endommagés, physiquement et
moralement. Leur première demande est de sortir de la cellule. Ensuite, c’est celle d’un rapport de confidence dans un univers brutal ».
(...) «On leur a demandé d’engager leur corps, de se mouler eux-mêmes. Ce qui supposait une mise en confiance : les techniques induisent de toucher le corps de l’autre, d’être précis, soigneux. C’est une responsabilité dans le groupe : le travail se faisait à trois ou quatre, et
si l’un d’entre eux défaillait, tout était remis en question. Ils ont travaillé sur une intimité consentie, en conscience par chacun. Ce qui est important pour des jeunes dont certains sont incarcérés pour viol en réunion. » (...) Comment donner un sens à ces fragments éclatés ? À partir de cette réflexion sur le sens du corps et du rapport à l’autre, ils ont élaboré collectivement un bas-relief, retravaillé en terre,
avec des couleurs rappelant l’univers de
Lascaux.
(...) Maxime Apostolo s’interroge maintenant sur les traces de cette action : « La majorité des jeunes incarcérés le sont pour des délits qui
pourraient relever de peinessubstitutives à l’incarcération. Ce type d’action artistique montre que les jeunes font preuve de concentration, d’attention, de capacité d’implication, de solidarité... Ils s’engagent pour développer un propos qui devrait être entendu à la mesure des actes violents qu’ils ont pu
commettre. » Qu’en est-il du risque
d’instrumentalisation ? «Il faut savoir si l’on développe un combat social et politique pour prolonger l’action. De toute façon, pour gérer un
certain calme en milieu carcéral, on n’a pas besoin des artistes ! La question des prisons est sur le devant de la scène depuis deux ans, avec des débordements médiatiques : aujourd’hui on utilise même une vision fantasmée de la prison dans l’imagerie publicitaire! L’essentiel est de « rentabiliser » cette réflexion et ce travail collectif. Sinon ces actions restent de « l’occupationnel » ; exactement ce qu’il ne faut pas faire! »
CASSANDRE - 01/2001

Autres artistes présentés

Photographies : Maxime Apostolo
sculptures : mineurs incarcérés des maisons d'arrêt.

Horaires

Pour infos sur les lieux : contactez-nous asso.pulsart@wanadoo.fr

Accès mobilité réduite

Oui

Adresse

Pulsart - 93100 19 rue Gaston Lauriau 93100 Montreuil France
Dernière mise à jour le 2 mars 2020