L’atelier - Claude Rutault et Jean-Claude Rousseau

Exposition
Arts plastiques
École supérieure d'art du Nord-Pas de Calais / site Tourcoing Tourcoing
La galerie 36bis de l’école d'art de Tourcoing présente une actualisation de la définition/méthode 119, " Le rêve de Van Meegeren " (1980) acquise par le Frac Nord Pas de Calais en 1989. Pour cette actualisation, un des murs de la galerie est peint en blanc satiné. Trois toiles extraites du corpus des oeuvres de Vermeer sont peintes de la même couleur et exposées : la toile accrochée au mur est au format de La liseuse en bleu ; deux autres toiles, Le christ chez marthe et marie et L’atelier, sont disposées dans l’espace. De part et d’autre de ce mur, les autres toiles de Vermeer forment deux piles, face au spectateur. La liseuse en bleu vient faire écho au film au film de Jean-Claude Rousseau, "Jeune femme à la fenêtre lisant une lettre", projeté sur le mur en vis-à-vis.

Complément d'information

L’exposition « L’atelier » est née de l’invitation faite à Claude Rutault - par Christelle Manfredi, chargée des expositions à l’école d’art de Tourcoing et Véronique Esquieu, chargée de la diffusion des collections au Frac Nord Pas de Calais -, de montrer dans la salle d’exposition de l’école d’art de Tourcoing, l’oeuvre « Le rêve de Van Meegeren » acquise par le Frac en 1989. Pour cette actualisation, Claude Rutault à proposé de faire dialoguer son installation avec un film du cinéaste Jean-Claude Rousseau, « Jeune femme à sa fenêtre lisant une lettre » qui évoque également l’oeuvre de Vermeer.
Cette exposition constitue le dernier volet d’une série de 3 expositions sur 3 ans en collaboration avec le Frac Nord / Pas de Calais. Ce projet a pour but de présenter des oeuvres qui existent sous forme de notice, de mode d’emploi et doivent être réalisées à nouveau à chaque présentation.

A l’occasion de cette exposition, Claude Rutault et Jean-Claude Rousseau proposeront un workshop les 13 et 14 janvier 2005 à 12 étudiants de 1ère année de l’école supérieure d’art de Tourcoing.

« une toile tendue sur châssis peinte de la même couleur que le mur sur lequel elle est accrochée ». Ainsi s'énonce en 1973 la première définition/méthode de Claude Rutault intitulée " toile à l'unité ". Cet énoncé programmatique indique au preneur en charge de l’oeuvre (collectionneur, commissaire d’exposition, conservateur de musée...) son mode de réalisation. Depuis, l’artiste en a proposé 273 autres qui ont tous pour ambition de déconstruire les modes d’existence du tableau. Le processus formulé par « toile à l'unité » reste une constante dans les définitions/méthodes de plus en plus complexes proposées par l'artiste.

On pourrait songer à apparenter le travail de Claude Rutault à ceux initiés par Lawrence Weiner au sein du mouvement conceptuel. Cependant, le concept écrit n’est pas, ici, promu au rang d’oeuvre d’art. La peinture doit être vue, et le texte de la définition/méthode ne peut se substituer à sa réalisation, toujours différente de la précédente. Claude Rutault présente en effet l’oeuvre visuelle comme non entièrement subordonnée à l’énoncé : « l’art c’est ce qui n’est pas écrit dans la définition/méthode ». D’où l’importance de la participation réellement active du preneur en charge. Le corpus des définitions/méthodes, que l’on peut considérer comme une oeuvre globale, s’inscrit donc plutôt dans une histoire de la peinture où se joue, depuis l’invention du monochrome, son interminable fin.

La galerie 36bis de l’école d'art de Tourcoing présente une actualisation de la définition/méthode 119, " Le rêve de Van Meegeren " (1980) acquise par le Frac Nord Pas de Calais en 1989. Van Meegeren fut un célèbre faussaire qui durant la seconde guerre mondiale vendit de faux Vermeer à Hermann Göring, maréchal nazi. Accusé de collaboration, il ne put prouver son innocence qu’après avoir réalisé en prison deux autres faux tableaux du grand maître hollandais. L’anecdote fit date.
Les interrogations autour de l’oeuvre de Vermeer sont permanentes, tant sont rares les éléments biographiques à son sujet. Régulièrement, au cours des inventaires successifs, apparaissent de nouvelles attributions et des retraits. L’oeuvre de Claude Rutault part de ce constat et propose un ensemble de toiles tendues sur châssis, réplique aux dimensions exactes de tout l’oeuvre peint de Vermeer. A chaque nouvelle présentation, une ou plusieurs toiles sont extraites, choisies en fonction du contexte, puis peintes de la même couleur que le mur sur lequel elles sont accrochées. Une maquette de l’installation figure dans le dispositif, et propose un compte-rendu exhaustif des actualisations antérieures sous forme de petits rectangles de cartons peints.
Pour cette actualisation, un des murs de la galerie est peint en blanc satiné. Trois toiles extraites du corpus des oeuvres de Vermeer sont peintes de la même couleur et exposées : la toile accrochée au mur est au format de La liseuse en bleu ; deux autres toiles, Le christ chez marthe et marie et L’atelier, sont disposées dans l’espace. De part et d’autre de ce mur, les autres toiles de Vermeer forment deux piles, face au spectateur. Certaines d'entres elles conservent la couleur choisie lors d’anciennes expositions, et participent au rôle de mémoire de la pièce. Les toiles désattribuées, recouvertes en blanc mat, sont posées sur l’envers à l'écart des autres.

La liseuse en bleu vient faire écho au film de Jean-Claude Rousseau, Jeune femme à la fenêtre lisant une lettre, projeté sur le mur en vis-à-vis. Ce film est le premier réalisé en super-8 par le cinéaste en 1983 ; il emprunte à Vermeer un certain nombre de motifs : on passe de la lettre à la fenêtre, de l’intérieur de la pièce à la carte sur le mur, pour revenir à la fenêtre. Seul personnage du film, le cinéaste entre parfois dans le champ, et met ainsi à nu son dispositif de réalisation. Une voix off évoque la lettre et la vue de la fenêtre.
Des corrélations apparaissent entre les deux oeuvres pourtant si dissemblables : l’évocation d’un « autre » (la lettre, le preneur en charge), le motif de la toile neutre contre le mur dans l’espace d’exposition comme dans le film. Dans l’oeuvre de Jean-Claude Rousseau, le hors-champ est toujours sensible à l’image : quelque chose se situe en dehors du cadre de la projection, comme la peinture, parfois, peut se situer hors de l’espace de la toile. Une réflexion sur les rapports que peuvent entretenir cinéma et peinture, dans la lignée de celle de Jean-Marie Straub et Danièle Huillet, ainsi que de Jean-Luc Godard, se met en place et déstabilise le mode de regard auquel nous sommes habituellement asservis.

J. Vautravers

Autres artistes présentés

Claude Rutault
Le rêve de Van Meegeren, 1980
OEuvre de le collection du Frac Nord / Pas de Calais

Jean-Claude Rousseau
Jeune femme à sa fenêtre lisant une lettre, 1983

Partenaires

Frac Nord Pas de Calais

Horaires

Vernissage le jeudi 13 janvier à partir de 18h00Accueil et visite commentée pendant les heures d’ouvertureLundi-mercredi-jeudi de 12h30à 16h30 et vendredi de 14h30 à 18h30

Accès mobilité réduite

Oui

Adresse

École supérieure d'art du Nord-Pas de Calais / site Tourcoing 36 bis rue des Ursulines 59200 Tourcoing France
Dernière mise à jour le 2 mars 2020