Jean Gfeller, A neck brace, a weird guy and a landscape poster

Exposition d’œuvres du Cnap
Exposition
Arts plastiques
Éditions Dilecta Paris 03
Jean Gfeller, A neck brace, a weird guy and a landscape poster, 2022

Jean Gfeller, né en 1996 en Suisse, est un artiste récemment diplômé des Beaux-Arts de Nantes. Sans pour autant la définir avec précision, c’est à une autre humanité que Jean Gfeller s’intéresse. Créant un dialogue entre art pictural, photographie et art numérique, il puise son inspiration en collectionnant des images du forum Reddit (réseau social discret qui promet de plonger dans tout ce qui existe, sans censure), qu’il fait basculer dans des situations oscillant entre l’absurde et l’étrange. Les figures isolées aux accents souvent mélancoliques s’inspirent ainsi de personnes aux comportements marginaux, du pyromane à l’exhibitionniste en passant par le criminel, et évoluent dans des espaces organisés par les aplats de couleurs et qui semblent dépourvus de perspective. Les scènes représentées transfigurent le banal : elles apparaissent familières tout en existant en-dehors d’un temps et d’un espace spécifique. Cadres de micro-fictions que Jean Gfeller esquisse à la manière d’une énigme sans en donner la résolution, ses oeuvres sont autant de propositions de narrations, d’amorces d’histoires au potentiel rocambolesque dont nous pourrions être les héros – une promesse à la hauteur du slogan du forum Reddit, « Dive into anything ». Ses récits en pointillés mais vraisemblables, naviguant entre l’ironie – voire l’autodérision lorsque l’artiste se met lui-même en scène – et anxiété, impliquent un cheminement mental à partir de tous les indices qui les composent : le cadrage, la palette de couleurs ou encore les titres sont donc autant de moyens de solliciter l'imaginaire du regardeur.

Les nouvelles peintures de Jean Gfeller, réunies au sein de sa première exposition personnelle « A neck brace, a weird guy and a landscape poster », se colorent d’une ambiance fin de partie – écho à la pièce éponyme de Samuel Beckett. Dans l’incipit de cette dernière, les protagonistes se retrouvent emmurés dans un espace clos où seules subsistent, en hauteur, deux fenêtres uniquement accessibles par une échelle. Si l’extérieur existe, il demeure inatteignable physiquement, réduit à deux images lointaines comme deux variables d’un même monde en crise, deux issues pour une fin non déterminée. Ce théâtre de l’absurde conviant à réfléchir aux turbulences planétaires, sans être une référence pour le peintre, ricoche sur ses mises en scène. Les figures qu’il brosse, solitaires ou en groupe, anonymes ou de l’ordre de possibles alter ego, s’offrent dans leur indécision. C’est un répertoire de personnages, ou peut-être un seul personnage aux multiples visages, désignant une commune humanité en déréliction que l’artiste s’amuse à tourner en dérision.

Complément d'information

Avec le soutien aux galeries/exposition

Artistes

Adresse

Éditions Dilecta 49 Rue Notre Dame de Nazareth 75003 Paris 03 France
Dernière mise à jour le 8 décembre 2022