Jacques MURON

Jacques Muron est considéré comme l’un des meilleurs burinistes actuellement dans l’art de la gravure. Le burin est une des disciplines qui demande le plus d’exigence et qui ne supporte aucune hésitation, ni remord.
Cette maîtrise, l’artiste toulousain l’a mise au service de son observation de ce qui peut apparaître comme banal et qu’il figure ou transfigure au point d’en devenir abstrait.
Les dessins s’inscrivent dans le prolongement des gravures dont les sujets appartiennent à ce qui composent les architectures rurales, avec ses toits, ses murs en pierres et en lattes de bois au travers desquelles passe ou ne passe pas la lumière.

L’œuvre de Muron est subtile et silencieuse, elle témoigne d’une virtuosité exceptionnelle. Son graphisme a évolué au cours du temps dans le sens du dépouillement, de la sobriété et de la rigueur. Certains de ses burins seraient même de véritable épures de géométrie si se retirait toute l’alchimie de la lumière et des ombres partout présentes. Son style, au-delà des sujets ou des thèmes se caractérise toujours et essentiellement dans sa manière de sentir.

L’exposition comporte trois thèmes et deux techniques : une série de grands dessins au crayon graphite et encre de Chine représentant les paysages des Pyrénées ; et des gravures au burin sur des architectures et des outils.
… « Il y a une affinité mystérieuse entre la gravure (ou le dessin) et l’imaginaire, qui tient probablement pour une bonne part au ralentissement du temps nécessaire à son élaboration . Le paysage inventé par le graveur n’est jamais une utopie jetée ou lancée sur une surface pour devenir l’illusion d’un monde, mais, sans cesse à se battre avec sa propre matière, le burin et le cuivre pour la gravure, la mine et le grain pour le dessin, trouve dans cette résistance l’arbitraire qui la sépare du rêve (contrairement, par exemple, aux lavis de Victor Hugo et leur charge onirique), et nous permet à nous, qui contemplons, l’illusion du voyage réel.
Ce travail, Jacques Muron l’accomplit, de façon presque immobile, depuis plus de vingt-cinq ans. Un détail d’architecture, un vieil outil, le recouvrement blanc d’une ancienne usine à chaux deviennent le prétexte de ces voyages dans le temps. (…)
Le rythme long de la préparation de la gravure, sa documentation, sa réalisation, puis l’impression, la conservation, n’aiment pas l’imprévu : travail de précision, d’anticipation. La notion même d’accident est étrangère à Muron : il nous donne ce qui est déjà là, et continuera ensuite, et non pas l’actualité qui l’affecte. (…)
Extraits d’un texte de François Bon du catalogue Muron « Estours » mai 2006