FRANCIS PICABIA DESSINATEUR

L’abondance de Picabia est bien connue : c’en est presque, au minimum, un objet de dérision, et, au pire, d’infamie. Une composante, en tout cas, de la légende du peintre fournissant le marché de l’art avec le cynisme des grands stratèges : un moyen d’inonder la place, comme il s’en vantait à son ami Manzana Pissaro à l’époque de ses débuts impressionnistes , et, plus tard, de faire s’emballer la machine commerciale jusqu’à l’implosion. La réputation de la peinture a pu en souffrir. Celle des dessins, part plus secrète de l’œuvre mais tout aussi abondante, a généralement été préservée de la suspicion : elle porte plus visiblement le cachet de la recherche sincère et la trace authentique de l’élan créateur. C’est le privilège reconnu du dessin : la proximité du médium avec l’intention première, l’intimité du contact dans lequel celle-ci se découvre aux yeux de l’observateur. Arnauld Pierre, 2011