Frédéric Clavère
Cher Bernard,
Je me souviens quand je t'ai connu, tu tenais un stand de tir tout à côté d'un marchand de piano. Je venais d'exécuter trois pipes en plâtre et deux ballons de baudruche fripés, tu m'avais récompensé d'un verre à trou de mémoire, d'un authentique tableau de Max Ernst en plastique et d'une touffe de moustache porte bonheur. Quand soudain l'idée te saisit d'exposer aux yeux de tous et aux plus offrants les lots artistiques réservés habituellement aux experts en balistique ou aux astigmates bordés de nouilles qui fréquentaient ta baraque.
Saisi par tant d'imagination, je te proposais rapidement successivement et régulièrement, pratiquement tout les trois ans depuis vingt ans quelques faux tableaux, un grand incendie tantrique et une messe noire pour un temps présent. Eh bien cette fois, très prochainement, je te livrerai les prémices d'un concerto polonais qui débuta au siècle précédent et dont on ne se remettra pas, aussi vacillante soit la mémoire.
Frédéric
Tarifs :
gratuit