Forget me not

Exposition
Film, vidéo
Galerie Christophe Gaillard Paris 03

Unglee, Forget me not

J’ai réalisé Forget Me Not après le succès de mon film expérimental Chérie, que veux-tu ? qui avait été présenté au festival de Cannes en 1979 dans la section « Perspective du cinéma Français ». C’était exceptionnel qu’un film expérimental soit présenté à Cannes. Le film a eu beaucoup de succès et a été présenté dans de nombreux pays. Après Chérie, que veux-tu ? j’avais un projet qui nécessitait un budget important ce qui rendait lointain son aboutissement. En attendant, pour qu’on ne m’oublie pas j’ai réalisé Forget Me Not.

A cette époque-là il y avait un slogan publicitaire que l’on voyait partout. Il disait : « Pour être reconnu il faut être connu. » Il m’a inspiré. Je voulais être reconnu, il fallait me montrer. C’est pour cela que j’ai conçu Forget Me Not comme un long film publicitaire sur moi. Je deviens une marque, un label, un nom, une image noir et blanc, Polaroid, filmique, vidéo, imprimée.

Tout film publicitaire a un slogan. Celui de Forget Me Not m’a été inspiré par celui du magazine LUI qui faisait dire à ses covergirls les plus connues : « Je suis dans LUI et j’aime ça ».

Formellement j’ai pris en compte le voyeurisme du spectateur. J’ai aussi voulu jouer sur sa frustration en l’empêchant de voir. Pour cela j’ai utilisé un montage rapide et saccadé. J’ai également joué avec la texture de l’écran du moniteur qui a été refilmé tandis que la création de perturbations dans le défilement de la bande magnétique donnait une image instable et fuyante dans le but de me donner une fragilité et de constituer une image insaisissable qui est accentuée par le fait qu’après avoir délivré mon message téléphonique je raccroche aussitôt.

En 1980, au festival de Lille où Forget Me Not avait été présenté, après la projection, alors que je sortais de la salle quelqu’un est venu vers moi et m’a demandé si c’était moi qui avais réalisé Forget Me Not. Enthousiasmé il a dit : « Tu es trop ». Dans Le second manifeste camp, publié aux éditions Seuil en 1979, Patrick Mauriès écrit : « trop », too much en anglais, ne va pas forcément dans le sens du plaisant : quelque chose d’ennuyeux, ou même de franchement dégoûtant peut être « trop » : tout ce qui dépasse les bornes et laisse sans voix.

Unglee, 2015

Artistes

Horaires

du mardi au vendredi, de 10h30 à 12h30 et de 14h à 19h le samedi, de 12h à 19h

Adresse

Galerie Christophe Gaillard 5 Rue Chapon 75003 Paris 03 France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022