Florence Reymond Le turfu me fout la neuneu

Exposition
Arts plastiques
L'Assaut de la Menuiserie Saint-Étienne
Florence Reymond, Porte de la chapelle, 2023, huile sur toile, 180 x 190 cm

Florence Reymond naît en 1971 à Lyon. Issue des Beaux-Arts de Saint Etienne, elle obtient son DNSEP en 1994 et vit aujourd’hui à Paris où elle est artiste peintre et professeure aux ateliers Beaux-Arts de Paris en prépa Glacière. Dans ses peintures transparaît un rapport à l’enfance dont elle instrumentalise le doute, les angoisses, le caractère primitif de l’émotion pour s’exprimer avec puissance en dehors du confort de « bien peindre ». Florence Reymond joue avec le monde et crée des scènes colorées, hybrides et ambivalentes, entre l’innocence de l’enfance et la brutalité du monde réel.

 

« Les Furtifs sont venus heurter mon quotidien Porte de La Chapelle ou j’ai habité 25 ans. Je scrutais les jeux du chat et de la souris entre les jeunes “qui tiennent le mur” et les forces de l’ordre : jeux de territoire, de provocation, cri de révolte, manière de se donner le frisson ou de vivre à cent à l’heure, intense et violente. Les jeunes habillés de noir deviennent des ombres qui ne sont révélées que par la lumière des projectiles : invisibles, insaisissables, non identifiable. La nuit, les toits s’illuminent de tirs de mortiers. Bidon d’essence, feux d’artifice, motos, arrestations, cagoules, jets de bouteilles. Je repense à ces ouvriers qui mettent le feu aux toits des immeubles qu’ils construisent à Dubaï pour revendiquer leurs droits, mais aussi aux feux de crémation à Bénarès en Inde sous les feux d’artifice de Diwali. J’observe ce chaos de lumière et de béton. » 

— Florence Reymond, extrait d’une lettre à l’écrivain Alain Damasio, septembre 2023

Complément d'information

« Florence Reymond s’autorise tout, ellipses, ruptures, juxtapositions énigmatiques, hybridations qui ne tiennent pas compte des catégories historiques ordinaires. Cette multiplicité extrême des modes et des procédés pourrait passer pour un indice d’indécision, la peintre considérant son art comme la rencontre et la somme de toutes les expériences plastiques, ce que son évidente maîtrise lui permet. Il arrive que l’on y pense, quand l’accrochage accentue la perception de cette diversité en plaçant à proximité des œuvres que l’on peine à croire de la même artiste. Mais ce doute est emporté par les sensations intenses que l’œil éprouve en circulant entre les plans et les lignes des compositions les plus complexes, qui sont aussi les moins compréhensibles. On en revient alors au chromatisme et sa jouissance. »
— Philippe Dagen / Le Monde, Au Creux de l’enfer, vous verrez jaune, vert et brun, août 2013

« Florence Reymond est l’une des peintres les plus douées de sa génération, et une coloriste hors pair. […] La couleur irradie littéralement les grands formats de deux mètres, grignotant les unes après les autres les formes inédites chez l’artiste qui envahissent la toile. »
— Fabien Simode / L’œil #701, p.109, 2017

« Florence Reymond déteste la peinture. Sa matière la dégoûte. Son odeur la répugne. Ses produits chimiques la débectent. Et elle adore ça. Quand elle s’y plonge, elle n’en sort plus. Ces sujets sont pourtant les premiers à vouloir fuir la toile. Les dompter demeure une vraie bataille, une contradiction par laquelle oui et non sont hurlés en un même cri, qui résonne de loin. Ainsi rayonne le grotesque, cette sensation qui fusionne parfaitement la caverne et le monstre, éveillant toutes ces figures qui apparaissent lorsqu’on observe un rocher. Actuellement, l’artiste peint des personnages maison-vagin-stèle. Avec en tête la géographie de l’église Saint-Jean où ces énergumènes surgiront aux côtés d’oeuvres plus anciennes, sur son plateau volcanique au coeur du pays, impossible de ne pas penser aux fameuses statues-menhirs du Musée Fenaille, voisines, et chefs-d’oeuvre du Néolithique. Elles sont solides, faites d’un seul bloc. Ces présences nous affrontent de leur pleine face, à l’humanité soclée par quelques traits d’une sophistication bouleversante. Regarder ces idoles permet d’en convoquer l’évidente puissance protectrice. Une manière d’agir face au sentiment immémorial de la peur. Alors Florence Reymond peint des trous. Elle voudrait comme d’habitude, lutter contre son envie de remplir. Elle en met partout. Son atelier est une grotte, une espèce de matrice. On perd tout ici sous des amas. Elle y travaille la couleur par touche épaisse, comme une crème, avec un pinceau sans poil très bizarre, qui a fondu. Elle met des gants. L’huile lui rappelle la sculpture. Elle s’additionne, forme des parois, marque les erreurs et les repentirs. C’est une boue grasse, obscène, opportune pour façonner un anthropomorphisme grossier, irréductible. Et c’est tout. »
— Joël Riff Moly-Sabata / Aponia Centre d’art, mars 2022

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Horaires des expositions
de 14 h à 18 h mercredi, vendredi, samedi (sauf jours fériés)

Horaires hors expositions
Uniquement sur rendez-vous

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Tarifs

Entrée libre

Adresse

L'Assaut de la Menuiserie 11, rue Bourgneuf 42000 Saint-Étienne France
Dernière mise à jour le 10 février 2024