Florence Paradeis
Florence Paradeis
Chronique
6 mars - 17 avril 2004
Les photographies de Florence Paradeis sont des arrêts sur image, des “sélections” dans le réel.
A travers ses mises-en-scène très étudiées, l’artiste nous donne à réfléchir sur notre
quotidienneté. Elle ne présente pas simplement la réalité, elle l’interprète.
Elle nous place face à des scènes de la vie quotidienne desquelles se dégage cette inquiétante
étrangeté imposée par la théâtralité.
Comment un geste simple, répété quotidiennement, s’il est isolé et accentué, peut devenir
inquiétant, absurde, voire inhumain.
Dans un premier temps, on reconnaît des gestes superficiels, d’une banalité évidente mais une
observation attentive permet de découvrir un monde revisité avec ironie.
La composition de ses photographies particulièrement précise, les couleurs vives à la limite de la
saturation, la pose des acteurs... tout est exagérément travaillé alors que l’on est projeté dans le
simple rapport intime qu’entretient l’homme avec son intérieur et les objets qui l’entoure.
Le théâtre de la vie s’impose à nous et l’instant ainsi figé s’ouvre à de multiples interprétations
paradoxales.
De la même façon que les photographies, les oeuvres vidéos utilisent certaines techniques
cinématographiques - le hors-champ, l’ellipse, le contre-champ - comme autant de référence à
l’ailleurs, à un autre temps.
Le collage, technique récente utilisée par l’artiste, est un autre médium lui permettant de préciser
cette contradiction.
La théâtralité se joue sur un découpage très net d’images accumulées puis reconstruites pour en
changer le sens. Elle critique la représentation de la figure humaine que véhicule notre société
tout en valorisant l’ennui et la banalité qu’elle induit.
Ces montages de fragments mettent en évidence la manipulation visuelle dont nous sommes victimes
au quotidien.