EXPOSITION RESIDENCE DE XAVIER DRONG

Ces peintures ont quelque chose en commun avec les séquences filmées de certains documentaires où l’on découvre l’explosion d’une graine filmée au ralenti, un bombardement de spores, le jaillissement de la langue d’un caméléon, la traversée d’un ballon de baudruche par une balle de fusil, la division d’une cellule, le mouvement giratoire d’un ciel étoilé filmé sur plusieurs mois (…) Il a également recours à l’accélération du mouvement, comprimant les jours, voire les années, en une poignée de secondes, mais aussi à la vision microscopique ou encore, à l’inverse, à l’élargissement démesuré du point de vue. Tous ces procédés ont en commun de manipuler le temps et l’espace comme une matière plastique, en une combinatoire complexe : l’infiniment petit est montré infiniment lentement, la rapidité est déployée en gros plan, l’intériorité invisible est radiographiée à un rythme stroboscopique, l’infime s’étale à l’infini (…)Les peintures de Xavier Drong représentent de tels états limites. On y voit des formes ramassées, comme composées d’agglomérats hétérogènes, avec des éruptions de piques, de bubons et d’appendices. Leur identification est problématique et le registre iconographique se maintient délibérément aux frontières de l’abstraction et de la figuration. « J’utilise les moyens de la peinture abstraite, déclare l’artiste, pour produire des images qui, chargées de sens et de corps, déroutent (au sens propre) celui qui les regarde » (cat.Xavier Drong, Exposition des lauréats de Novembre à Vitry 2002, Vitry, 2003, n. p.). Les rondeurs, les pointes, les courbes, le pseudo modelé, la liberté du geste, la gamme chromatique employée (des jaunes, rose, violets, bruns, verdâtres, le tout comme voilé de grisaille), tout concourt à rattacher ces formes au registre biomorphique. Même si elles se tiennent en deçà de la représentation mimétique, elles évoquent la lutte de deux amibes, la mitose d’une cellule ou la reproduction de protozoaires. Les pointes et les formes éclatées qui semblent s’élancer de certains points rappellent encore les graphismes de la bande dessinée ou des publicités surannées.

Extrait du texte de Karim Ghaddab « La naissance des formes » rédigé à l’occasion de l’exposition.