Emmanuelle Mafille

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Sans aucun doute, Emmanuelle Mafille connaît et manipule les codes de la publicité et du marketing des magazines de modes branchés. Ses dessins de 1999-2000 mettent en scène des adolescents aux visages boudeurs, tristes ou en colère, parfaits représentants d’une jeunesse urbaine contemporaine chic qui s’évade dans les jeux vidéos et la musique électronique. Cet univers de papier glacé parait d’autant plus séduisant que s’en dégage en même temps un sentiment d’étrangeté : les yeux des personnages sont dessinés sans pupilles, leurs dents sont parfois un peu trop grandes, certains sont attachés comme des siamois. « Are we just cute ?» nous interrogent deux ados.

Une séduction plus féminine et rétro se dégage de dessins aux lignes nettes et souples qui semblent tous évoquer une même jeune femme aux cheveux longs. Une sérigraphie sur aluminium nous en donne le portrait : une chevelure lourde tombe sur l’épaule gauche, un petit nez, une bouche bien dessinée ; mais les yeux et le front sont invisibles, cachés par une large main noire qui barre le visage. Une installation sur les portes vitrées du cinéma Mk2 Bibliothèque de Paris décline plusieurs paires de jambes longilignes chacune habillée d’un slip différent. Dans un autre dessin, le corps a disparu, comme évanouit, reste seulement une paire de bas et une nuisette. Emmanuelle Mafille réalise ces dessins par collage, par juxtaposition d’éléments différents. Il en résulte la présence d’un corps souvent morcelé, « désynchronisé », voire absent.

Lors de l’exposition « Magic Castle » à la galerie art concept en 2002, une lumière crue de néon blanc baigne l’ensemble de la salle d’exposition. Les dessins au feutre noir sur les draps tendus aux murs sont à peine visibles. Par contre, des personnages fantomatiques occupent l’espace ; ils semblent s’être extraits de la surface des murs. Mais ces poupées de chiffon aux corps désarticulés et plats, aux visages sans expression ne semblent pas avoir encore tout à fait rejoints le monde des vivants.

Ce passage à la troisième dimension, Emmanuelle Mafille le tentera de façon plus certaine encore pour l’exposition « Vertige Coco » à la Galerie Commune de Tourcoing. Dans la lignée des contes pour enfants où les rapports d’échelle peuvent varier d’un instant à l’autre, un livre en relief surdimentionné se déploiera dans l’espace pour dévoiler les pièces d’une maison de famille meublée et habitée.


Galerie Commune
29/31, rue Leverrier
59200 Tourcoing
tel :03.20.27.23.97
e-mail : cmanfredi@ville-tourcoing.fr