Elsa Sahal : Pole dance

Exposition
Musée de la Photographie
Galerie Papillon Paris 03

30 mai – 17 juillet 2015
Vernissage samedi 30 mai, 15h – 20h30


« Vous avez bien fait d’avoir ainsi morcelé le corps féminin. Les détails sont toujours
passionnants » Picasso s’adressant à Brassai *
Pour sa cinquième exposition personnelle à la Galerie Claudine Papillon, Elsa Sahal continue
de défier les limites de la céramique. Avec « Pole Dance » elle donne à voir des sculptures de
corps dansants et morcelés, s’affranchissant au sens propre et figuré, des lois de la gravité.
On connaissait le goût de l’artiste pour la métonymie du corps : au lieu de sculpter une femme
dans son ensemble, dans son tout, elle l'évoque par des extraits, cuisse-sein-pied, qui sont
contigus, choisis et déplacés. On se souvient de la série de "nus couchés" qu'Elsa Sahal avait
présentés à l'Hôtel Dieu pour le Festival International d'art de Toulouse au printemps dernier. Ici
encore, leur esprit burlesque déjoue les codes préétablis de l’identité sexuelle.
Pour "Pole Dance" ce qui l'a inspirée, c’est la possibilité offerte de verticaliser ces nus couchés,
d’affranchir la céramique de son socle, de la présenter sans rapport au sol, « sans dessus
dessous ». Ou si justement... on peut voir par en dessous !
A cette matière qui comme le corps humain doit lutter pour s’ériger, ne pas s’affaisser, à cette
chair rose et molle, Elsa Sahal offre une barre de pole danseuse, elle lui promet une
émancipation torride.
A l’instar des sculptures de danseuses de Degas et des codes de la sculpture classique, la
barre verticale de soutien devient un élément à part entière de la sculpture : une armature
érotisée, promesse de légèreté.
C’est aussi ce dont il est question avec les "Danseuses". Toutefois le rapport d’échelle change :
elle essaye de faire petit. Mais finalement, comme tout y est, potentiellement elles aussi
pourraient devenir immenses !
A la couleur rose tendre, lisse et uniforme rehaussée de lustre platine sur les tétons de la
première série, répondent ici des émaux de grès craquelés, aux cristaux apparaissant comme
du lichen, vivants et profonds, aux différentes nuances de verts. Ils apportent une dimension
organique, riche d’évocations.
Pour la série des "Cygnes", s’agit il de longs cous rentrés dans les ailes ? Ou plutôt des phallus,
des formes abstraites qui jouent le plein et le vide ?
Cette liberté de métaphore visuelle nous enchante : corps dansants de Matisse ou Picasso,
racines d’arbres d’Angkor, petites déesses tantriques de l’art khmer, chacun est libre de ses
pensées associatives. Elsa Sahal nous invite avec légèreté à une sensualité toujours
renouvelée, chemin vers une présence au monde.


*extrait de Brassai « Conversation avec Picasso », p113, Gallimard, Paris, 1964.


Valentine Meyer, mars 2015

Artistes

Adresse

Galerie Papillon 13 rue Chapon 75003 Paris 03 France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022