DIO CANE

(rénovation de l'oubli)
Exposition
Arts plastiques
École nationale supérieure d'art et de design de Nancy Nancy
Ce qui semble transparaître dans les œuvres qui composent la nouvelle exposition de Jean-Sylvain Bieth, Dio Cane (Rénovation de l’Oubli), ce sont les rouages qui font que le monde a la forme qu’il a. Depuis trente ans, Jean-Sylvain Bieth s’évertue à désosser ce monde, à l’écarteler, à le faire sortir de ses gonds et à nous en présenter les reliefs. Ses œuvres sont des balises qui nous permettent d’envisager notre condition comme réellement humaine. Au lieu d’occuper le décor tel un figurant , ces pièces nous incitent à occuper réellement le terrain. Et Jean-Sylvain Bieth voudrait que nous le fassions de manière exemplaire. Les pièces proposées ici n’illustrent pas cette exemplarité, mais la circonscrivent au travers de schémas d’investigation qui prennent corps dans la mise en œuvre de structures, qui évoluent au gré des situations. Situations qui envisagent la résistance et le refus comme seuls principes de « rédemption ». Loin d’être des constructions d’exception, les différentes œuvres semblent être des viatiques de fortune, des outils qui pointent le ciel. Et qui n’ont que faire d’une rédemption liée au péché, idée à laquelle Jean-Sylvain Bieth oppose celle de responsabilité. Si dans ses pièces, il prend soin de toujours utiliser des matériaux réels, c’est parce qu’il considère qu’il faut envisager le monde dans sa physicalité et éviter, autant que faire se peut, toute idée de catharsis. Et de ce monde, il faut en laisser apparaître l’embrayage, les courroies de transmission et autres outils qui font qu’il « tourne ». Même si cet embrayage patine, même si certains rouages sont grippés. Jean-Sylvain Bieth envisage l la forme d’un tel monde, comme une structure de comédie, qui transparaît souvent dans l’ironie grinçante qui transpire dans nombre de ses œuvres. Pour pénétrer ce monde, il va falloir ôter ses sandales, tel Empédocle, et aller au feu. Il va falloir exiger que le monde nous soit compréhensible. Il va falloir ne pas se contenter de satisfactions animales. Quitte à provoquer l’hémathidrose chère à Léon Bloy. Les œuvres refusent l’acte de contrition, se refusent à envisager l’heuristique de la peur autant que la machiavélique via del mezzo. Tout ce que proposent ces pièces est un libre exercice de la solitude, un face-à-face avec le miroir de la prosopagnosie, quelque peu comme si le spectateur – l’homme - était un vampire attendant désespérément que son reflet apparaisse dans ce miroir. Mais combien de temps met le reflet pour apparaître, lorsque l’on n’est pas un vampire. De quoi sommes-nous responsables, sinon de tous les hommes ? L’exposition a été envisagée comme un film, alternant les mouvements de caméras – plongée, contre-plongée, travelling, jusqu’au mot « fin » qui apparaît dans la pièce Xanadu I. L’analyse référentielle au cinéma pratiquée par l’artiste se retrouve encore dans l’utilisation des bandes-son de M le Maudit et La nuit du chasseur, mais également dans l’extraction opérée dans diverses extraits de Citizen Kane. Il a réalisé spécialement pour cette exposition une quatrième version d’Order and Safety, sous-titrée La corvée de bois, ainsi qu’une pièce nouvelle, La Colère des Métaux, qui met à contribution la population nancéienne dans une œuvre de coopération relative à la confiance que l’on peut accorder à son prochain. Un exemplaire signé par Jean-Sylvain Bieth de la sérigraphie Drapeau Fossile (30x39cm tirée sur papier chromomat) sera remise à toute personne qui confiera à l’artiste une copies des clés de son domicile. Ces dernières intégreront l’œuvre La Colère des Métaux présentée au sein de l’exposition.

Autres artistes présentés

Jean-Sylvain BIETH

Horaires

du mardi au samedi, de 16h à 19h // Fermé les jours fériés

Accès mobilité réduite

Oui

Adresse

École nationale supérieure d'art et de design de Nancy 1 place Charles Cartier-Bresson 54000 Nancy France
Dernière mise à jour le 2 mars 2020