DAVID DÉCAMP
Marie Hélène de La Forest Divonne présente pour la première fois une exposition personnelle de David Décamp. Pour cette exposition, l’artiste a rassemblé sculptures, dessins et peintures, éléments nécessaires à l’évocation de son univers qui interroge insatiablement l’homme, la nature et leur rapports parfois destructeurs.
Artiste autodidacte, David Décamp, né en 1970 dans le Jura était destiné à vivre dans la forêt une vie d'élagueur. Un jour de 1993, un accident le blesse grièvement à la jambe gauche et l’arrache à son élément. 5 ans d’hôpitaux le font se sentir « Loin de son corps ». Sa renaissance se fera grâce à l’art. D’abord par la taille de la pierre puis peu à peu par l’installation à laquelle il s'essaie. Il travaille le bois et le métal, son œuvre se construit pièce après pièce, avec une patience d'artisan: « L’important est de chercher, dit-il . Chercher c’est une manière de transcender ».
Dans ses sculptures, dessins et installations il y a une récurrence des thèmes autant que des matériaux : l’arbre, le plomb et l'os sont autant d’éléments qui composent son univers métaphorique. A l’instar de Joseph Beuys les éléments qui ont conduit l’artiste au bord de l'abîme sont aussi ceux qui lui permettent de reconstruire son avenir. David Décamp se tient en marge, comme s'il était encore dans sa forêt, à l’écart de notre système souvent consumériste. Il revendique le savoir-faire, le travail de la main, la lenteur et la récupération. « Je me sens proche de l’art brut » confie-t-il .
Son œuvre ne se réduit pas à la seule évocation de sa biographie, au contraire ses œuvres font penser à des reliques, des signes qui tissent un univers singulier et poétique emprunt de sacré, d’humour noir et de mystique. Ses œuvres sont souvent des métaphores, comme ces branches coupées recouvertes de gaines de plomb sur lesquelles l’artiste sculpte une à une chaque cernes comme pour éprouver le nombre d’année que cet arbre ne vivra plus, enfermé sous cette chape de plomb. David Décamp porte un regard lucide sur la nature et la biodiversité menacée par l’homme. « Je plombe ce que l’humain plombe » résume t-il.
Dans ses dessins de forêts au lavis, deux voies s’opposent : l’une qui agence les arbres en ensembles architecturés et l’autre qui laisse libre cours à la force de la nature, où l’enchevêtrement poétique et chaotique des branches et des troncs se traduit par une liberté du geste rare dans l’œuvre de Décamp. L'artiste oscille entre l'ordonnancement de la nature et le respect de son rythme propre, comme l'élagueur cherchait déjà l'équilibre entre la maîtrise des arbres et le respect de leurs trajectoires.
L’exposition consistera en un ensemble inédit de sculptures, installations et dessins qui tissent peu à peu les contours d’une œuvre poétique qui glorifie toutes formes inertes,abîmées ou démantelées.