CONSOMMABLES

Arnaud Adami
Exposition
Arts plastiques
Galerie Valérie Delaunay Paris 03
Huile sur toile, 120 x 95 cm, 2021

L’exposition Consommables est l’occasion pour l’artiste de continuer à déployer son questionnement sur la figure humaine et le monde du travail, le quotidien des travailleurs et leurs lieux de travail.

Le pinceau d’Arnaud d’Adami est l’œil qui nous manque. Avec sa peinture, il réussit à ressusciter “ceux qu’on voit mais qu’on ne regarde pas”, ces travailleurs de l’invisible, ouvriers, bouchers et livreurs à vélo qui parcourent nos rues et font désormais partie du paysage urbain.

Dans sa série des portraits d’ouvriers rencontrés lorsque lui-même était travailleur en usine pendant l’été, il parvient à saisir dans ces visages une réalité à la fois simple et franche et cela suffit. A ses premières natures mortes classiques d’autres succèdent davantage ancrées dans une réalité sociale et activiste. Peignant les produits de l'industrie humaine, entassement de poubelles ou encore accessoires de travail de ces hommes : vélo, casque de vélo, sac à dos, il réactive, non sans une certaine poésie, notre regard.

Si les huiles sur toile d’Arnaud Adami convoquent des éléments d’une réalité contemporaine, les références à l’histoire de l’art n’en sont pas moins absentes. En effet, la reprise de certaines grandes peintures de l’Histoire de France est très présente dans la série des livreurs Deliveroo tel ce portrait de Romain en costume de livreur faisant directement référence au portrait en pied de Louis XIV en costume de sacre peint par Hyacinthe Rigaud.

Référence encore à l’histoire de l’art dans un des thèmes abordés dans cette exposition qui est celui de la chute. Inspirées de la mythologie gréco-romaine ou de la religion chrétienne, les scènes de chute de corps dans l'Histoire de l'art sont récurrentes et expriment l'idée d'une chute morale. A l’instar de ses contemporains, comme l’artiste américain, Paul Chan qui présente en 2005 une installation vidéo 1st Light, dans laquelle les ombres de silhouettes humaines sont montrées en train de chuter alors que celles d’objets de la société de consommation sont en pleine ascension, Arnaud Adami réexplore ce thème pour signifier à la fois la brutalité et l’absurdité de la société contemporaine.

Avec ses bouchers perdus dans un magma de chair, Arnaud Adami va tout autant donner une substance radicalement plus sociale à un sujet également récurrent dans l’Histoire de L’art, celui des animaux écorchés exploré par d’autres illustres peintres comme Rembrandt, Soutine ou encore Francis Bacon avec « Figure with meat ».

A travers sa peinture, plus que donner la parole à ces anges déchus, Arnaud Adami nous donne plein pouvoir pour mesurer notre considération pour ces hommes invisibilisés dans une société de consommation à laquelle nous continuons de prendre part.

 

 

Adresse

Galerie Valérie Delaunay 42 rue de Montmorency 75003 Paris 03 France

Comment s'y rendre

Métros : Arts et métiers / Rambuteau

Parkings : Centre Pompidou

Dernière mise à jour le 7 juillet 2021