Chroniques Photographiques

Semaine Rhône-Alpes en Catalogne
Exposition
Photographie
Musée d'Art Moderne de Saint-Etienne métropole - 42270 Saint-Priest-en-Jarez

Raoul Hausmann, "Epaules" (Vera Broïdo), vers 1927-1933. Photo Yves Bresson / Musée d'Art Moderne de Saint-Etienne Métropole

Sous l'égide conjointe de la Région Rhône-Alpes et de l'Institut français de Barcelone, Chroniques photographiques est un duo d'expositions consacrées à la photographie, du XIXe siècle à nos jours, présentées à la Fondation Vall Palou de Lleida et à l'Institut français de Barcelone. Ces expositions ont lieu à partir du 8 juin à la Fondation Vall Palou de Lleida et à partir du 11 juin à l'Institut français de Barcelone. Elles seront visibles jusqu'au 15 octobre 2009. Chroniques photographiques La sélection des photographies exposées sont issues à la fois des collections du Musée d'Art Moderne de Saint-Étienne Métropole et de l'IAC/Villeurbanne Rhône Alpes. Elles sont signées d'artistes reconnus : des pionniers de la photographie (Nadar, Hippolyte Bayard) ; des grands noms du 20e siècle (Piet Zwart, Raoul Hausmann, Walker Evans, Helen Levitt, Robert Franck, Bernd et Hilla Becher) et ceux de la nouvelle génération (Thomas Struth, Thomas Ruff, Cindy Sherman, Nan Goldin, William Eggleston, Valérie Jouve). Le public espagnol pourra également découvrir une cinquantaine de photographies encore inédites des années 1930, souvent anonymes et d'un style plus documentaire : ces épreuves sont extraites du fonds du Studio Paul Martial qui fut mandaté, dès 1927 et jusque dans les années 1960, par de grandes entreprises françaises à des fins d'édition. Elles ont été acquises par la Communauté d'Agglomération de Saint-Etienne Métropole en 2007. Ces oeuvres, véritables chroniques des activités humaines, reflètent parfois l'impact des grands remous et des traumas de l'histoire politique, économique et sociale des XIXe et XXe siècles. Mais ces arrêts sur images content aussi la survivance des traditions ancestrales. Fondation Vall Palou (du 8 juin au 15 octobre 2009) A Lleida, ce sont d'abord des oeuvres emblématiques des précurseurs du médium qui sont exposées : les vues architecturales d'Hippolyte Bayard (mission héliographique de 1851) ; des portraits de Nadar ; des paysages de montagne des frères Bisson (1861). P.A. Collard, constitue, dans les années 1860, tel dans le sillon de Baldus, une série sur la construction des chemins de fer. Certains tirages inédits du studio Paul Martial (1928-1960), offrent un regard sur le monde artisanal et industriel de l'époque avec plus spécifiquement la découverte dans les années 1920 de ce que l'on a qualifié de ''beauté technique''. Du reportage exécuté à la demande des industriels, le photographe s'évade pour s'attacher à l'objet lui-même, sensible à l'essence même de la machine. C'est ce à quoi tend en Hollande, Piet Zwart, un des organisateurs de l'exposition ''Film und Foto'' à Stuttgart, très lié au mouvement De Stilj. A l'instar de l'univers industriel, le paysage urbain se modifie et, devançant les affichistes, les photographes s'intéressent aux libres jeux des graphismes urbains qui se développent avec l'essor de la publicité : dans les années 1940, Walker Evans vole des portraits d'anonymes dans les wagons de métro new-yorkais sur fond de lettrages ; Helen Levitt traque les graffitis de craie blanche qui se détachent sur les fonds encrassés des immeubles de quartiers noirs de la Big Apple. A Paris, Wols et Nigel Henderson se focalisent sur les seuls motifs des affiches lacérées comme le feront plastiquement Hains et Villéglé quelques années plus tard. Dans les années 1950, René Jacques pour la commande des usines Renault et Peter Keetman pour Volkswagen, relèvent d'une même écriture : leurs accumulations d'ailes de voiture et de pneus sont un écho à l'exposition '' Subjektive fotographie '' d'Otto Steinert en 1951 qui valorise '' la personnalité créatrice du photographe ''. Raoul Haussmann aboutit à une oeuvre multiforme, très expérimentale sur le plan des techniques comme sur le plan des sujets : le célèbre dadaïste s'adonne à partir de 1927 à la photographie mais proclame '' nous ne sommes pas des photographes '', refusant d'être '' un photographe oppresseur '' car il préfère se dire '' un émotionné ''. Il tente pourtant d'avancer dans le domaine de l'optique. Après la Seconde Guerre mondiale, il expérimente de nouvelles techniques comme le photogramme et le photo-pictogramme. A la fin des années 1960, l'oeuvre de Hilla et Bernd Becher transcende l'héritage de la photographie documentaire et scientifique et contribue à la reconnaissance pleine et entière de la photographie sur le plan international. Ces deux grands artistes favorisent l'apparition d'une nouvelle génération de photographes en Allemagne, tels Thomas Ruff et Thomas Struth, lignée "objective" dans laquelle s'insère l'artiste française Valérie Jouve. De son côté, Nan Goldin en chroniqueuse concernée, conte les histoires de ses proches dans ses photographies en s'appuyant sur des citations des grands maîtres de la peinture européenne. Aux Etats-Unis dans les années 1980, s'inspirant des pratiques cinématographiques, Cindy Sherman se sert du médium photographique pour conserver la trace de ses métamorphoses successives. Tandis que Jean-Pierre Khazem, plus récemment grâce au numérique, place le spectateur devant des êtres apparemment féminins mais qu'il a métamorphosés. Institut français de Barcelone (du 11 juin au 15 octobre 2009) L'Europe de l'après Première Guerre mondiale reste encore très marquée par la ruralité bien qu'elle se transforme en fonction des exigences inhérentes aux progrès industriels : l'oeuvre de Félix Thiollier exprime la coexistence de visions encore empreintes de romantisme et de tendances à la géométrisation de la composition qui marqueront les années 1930 avec ''Cheminées d'usines''. En France, François Kollar explore les activités du pays pour la publication de La France travaille : il photographie les ateliers mécaniques mais aussi les activités agricoles, comme les diverses phases du processus vinicole champenois chez Moët et Chandon. Les tirages de Robert Doisneau, de Willy Ronis à Paris, ou de Vaclav Jiru en République Tchèque, retracent des modes de vie appelés à s'estomper. Après 1945, l'image de l'homme est désormais entachée par les atrocités de la Seconde Guerre mondiale : Claes Oorthuys nous en donne une image poignante avec la détresse d'un visage de femme torturée par la faim ; de même August Sander avec des moignons de bras d'invalides de guerre, devenus des formes terriblement abstraites. Les photographes répondent à leur façon à la mission que Merleau Ponty assignait à cette époque aux intellectuels : ''... tant qu'ils ont la parole (les intellectuels), on ne peut pas leur demander de dire autre chose que ce qu'ils voient. Leur règle d'or est que la vie humaine, et en particulier l'histoire, est compatible avec la vérité pourvu seulement qu'on en éclaire toutes les faces''. Au début des années 1950, René-Jacques et Mario de Biasi en Italie s'attardent sur ces lieux de transit que sont les gares. Journalisme et publicité continuent de faire vivre de nombreux photographes. Ils traduisent le désir d'inciter le public à l'adoption des symboles de la société de consommation, grâce à de fraîches pin up version européenne, comme celles de Paul Fachetti (publicité pour réfrigérateur avec la jeune Brigitte Bardot). Pourtant ces mêmes artistes mènent parallèlement une réflexion critique et théorique qui contribue à la reconnaissance du style documentaire. Pour certains il ne leur sera reconnu la qualité d'artiste que dans les années 1980. Dans les rues de New York, l'appareil de Lisett Modell, placé au niveau des jambes des passants, donne une image inattendue mais très réaliste de la société urbaine. ''La photographie, avec ses auxiliaires que sont les ralentis, les agrandissements, montre ce qui se passe. Elle seule nous renseigne sur cet inconscient visuel comme la psychanalyse nous renseigne sur l'inconscient pulsionnel.'' Ce commentaire de Walter Benjamin est bien illustré en Espagne avec la vision sévère, presque tragique d'un Gabriel Cuallado auxquelles répondent les images plus exubérantes de Nicolas Muller expatrié au Portugal et à Tanger. Aux derniers soubresauts des Trente Glorieuses, l'euphorie de la modernité n'est plus, ce que montre ce tirage couleur de William Eggleston d'un tricycle dans la ville de Memphis : il traduit l'ennui, la banalité qui découle de la standardisation de cette société de la fin du XXe siècle. Les non lieux, les espaces de squats se sont déplacés mais perdurent et Chris Killip les transcendent dans une vision empreinte de poésie. Alors que des cités nouvelles se sont édifiées, les épreuves photographiques d'Yves Bresson témoignent de la persistance dans certains villages africains d'une architecture vernaculaire et d'un mode de vie apparemment séculaire. L'objectif de Lucien Hervé immortalise quant à lui la figure devenue emblématique de Le Corbusier à Ronchamp et à Marseille. Tandis qu'en Rhône-Alpes, Ito Josué, pour répondre à la commande de l'ancien ministre de la reconstruction Claudius Petit, photographie à Firminy l'ultime vision corbuséenne d'une cité fin de siècle. Maurice Muller, 30 ans plus tard avec minutie et clarté, s'attachera à la persistance des traces de ce qu'ont été les lieux d'une activité industrielle sur le territoire de la communauté d'agglomération stéphanoise.

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Oui

Adresse

Musée d'Art Moderne de Saint-Etienne métropole - 42270 rue Fernand Léger 42270 Saint-Priest-en-Jarez France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022