CHEZ MOI - CHEZ TOI

Ce projet initié par le Collectif 12 (collectif d'artistes implanté dans la Friche A. Malraux à Mantes la Jolie) invite des artistes plasticiens de plusieurs villes et pays, vivant des réalités urbaines différentes, à réfléchir sur cet intitulé : " chez moi - chez toi " au cours de trois résidences, à Beyrouth et à Mantes la Jolie.
Cette formule-titre évoque tout à la fois la distance (de chez moi à chez toi), l'échange (je vais chez toi, tu viens chez moi), l'opposition (chacun chez soi), la frontière (où s'arrête mon chez moi, où commence ton chez toi) ou encore l'intimité (comment être chez moi chez toi ?), la comparaison (comment est-ce chez toi ? c'est comme ça chez moi).
" Chez moi - chez toi " resitue l'autre : chez moi n'existe que parce qu'il y a un chez toi. Cette formule peut résumer à elle seule la question de l'altérité urbaine.
L'idée de se pencher sur cette réflexion est née, du projet du Collectif 12 à Mantes-la-Jolie, elle s'est inspirée de la réalité sociale, politique et même affective de cette ville : parler de " chez moi " et de " chez toi ", c'est aussi parler d'ouverture et d'exclusion, d'invitation et d'ingérence, de l'indigène et de l'étranger.
Cette envie de regarder la ville sous l’angle du rapport à l’autre se nourrit de la réalité et des histoires des villes et de ses habitants, à ce titre les situations rencontrées ne sont qu’exemplaires.
Dans ce projet qui interroge l’urbanité, le contexte de la cité est primordial. La rencontre des villes de Mantes la Jolie et Beyrouth, bien que très différentes (importance, histoire, culture), ont une image médiatique forte et teintée de négatif. Elles sont des stigmatisations, des simplifications ou des caricatures, des envies symboliques.
Le regard artistique devient alors une affirmation indispensable, pour parler du temps et de l’espace, pour replacer le discours dans une réalité évidemment fragmentaire.
La formule « chez moi - chez toi » propose aussi au spectateur un point de vue, une lecture d’un travail artistique, pour l’habitant il provoque la critique (le débat) et la curiosité.

Ce projet est conçu avant tout comme une méthode de travail, conçus de liens artistiques, de résidences et de rencontres.

Philippe Niorthe
Plasticien et commissaire du projet