Chen Chieh-Jen - Silence / refraction

Silence / refraction

L’oeuvre de Chen Chieh-Jen, né en 1960, a été découvert lors de diverses manifestations ; Biennale de Sao Paolo et Taipei (1998), Biennale de Venise et Biennale de Photographie de Mexico (1999), Biennale de Lyon et Biennale de Kwang-ju, Photo Espana (2000), Galerie Nationale du Jeu de Paume (2001), Queens Museum, New-York (2001), Otis College of Art & Design, Los Angeles (2003).

Pour cette deuxième exposition à la galerie, Chen Chieh-Jen présente une nouvelle série de photographies ainsi que le film « Factory ».
La photographie choisie pour le carton d’invitation, tirée du film, montre deux femmes qui tiennent silencieusement une veste. Ce vêtement porté par beaucoup des ouvriers de la chine et de l’Asie du Sud - est ici un symbole de non affranchissement.

Le vêtement, tenu par les deux femmes, est utilisé ici au sens métonymique, faisant référence à l’histoire de Taiwan et au vécu des Taiwanais. Les usines, qui se sont remplies de combustible humain dans le miracle de l’économie des années 60, en retard au milieu des années 90, ont disparu - fermées à cause de marges bénéficiaires rétrécies ou bien déplacées vers les pays voisins pratiquant des salaires inférieurs.

« Factory » est un film muet, couleur, d’une durée de 30 minutes, tourné en 16mm dans un entrepôt abandonné de Lienfu (Taiwan).

L'usine et son nombreux personnel, la plupart du temps des femmes, ont fabriqué des articles d'habillement pendant plus de 30 années jusqu'à ce qu'elle soit fermée il y a sept ans.
L’usine est restée abandonnée jusqu’à la rencontre de Chen avec ces femmes qui y travaillaient et leur accord de participer au projet.
Une partie de l'usine a été reconstruite pour le film et les femmes se sont remises à faire un travail qu’elles n’avaient plus fait, congédiées il y a des années. Des images d'elles, faisant fonctionner leurs vieilles machines, sont entrecoupées de séquences d’archive, tournées il y a des décennies, montrant des ouvrières astreintes aux mêmes tâches.

Les femmes de la photo sont les mêmes deux femmes qui sont apparues dans le travail cinématographique précédent de Chen, « Lingchi - Echoes of a historical photograph », où Chen avait fait la reconstitution en film d’une photographie célèbre montrant un meurtrier condamné à être démembré.
Il a rencontré les femmes pendant le montage de ce projet, qui reprenait la thématique de la douleur silencieuse de l'homme condamné pour marquer, entre autre, un parallèle avec la douleur silencieuse des ouvrières privées de droits civiques à Taiwan.

Le spectateur du film « Factory » peut s’interroger sur le sens de ces séquences qui reviennent cycliquement et où petit à petit les chaises sont de mieux en mieux rangées jusqu’à faire face à la caméra dans un alignement parfait.
Puis vient en épilogue une séquence avec un long et lent travelling. Les vieilles chaises en bois disparaissent. Des chaises colorées en plastiques, faisant face aux écrans informatiques d ‘une salle de marché, viennent les remplacer.