Bruno Perramant
Bruno Perramant
Les couleurs, la guerre
09.09 / 16.10
2010
« un homme heureux est aujourd’hui si solitaire qu’il faut bien expliquer son sentiment:
il parle de couleurs aux aveugles » Jean Paul Sartre 1940
« il y a un an j’ai été parachuté à l’arrière des lignes ennemies, j’y ai vécu plusieurs vies.
c’est un monde d’une banalité troublante et édifiante, où des isolats de nature persistent, en
dehors desquels, tout, sous couvert des apparences, est dirigé vers le front. cet ennemi est la
mort»
pour sa cinquième exposition personnelle à la galerie, bruno perramant, propose, sous
le titre Les couleurs, la guerre, une sélection d’une vingtaine de tableaux réalisés ces deux dernières
années. il s’agit toujours d’une véritable expérience et cette fois-ci, peut-être plus encore tant
le travail semble prémonitoire et éclairant d’une vie qui rejoint par ses aléas les motifs même
de la peinture. sans rien dévoiler d’une autobiographie qu’il n’y a pas lieu de connaître,
chaque tableau est pourtant lié à l’expérience de l’artiste à la fois plongé dans son travail et le
prolongement de ses recherches sur la couleur et la représentation et dans la traversée de sa
propre existence.
une remarquable continuité est visible dans le cycle des transformations et dans le temps,
et il est facile de suivre l’évolution des formes fantomatiques ou la reprise depuis l’exposition
Re .Noir, du motif du peintre qui devient une figure centrale de cette nouvelle exposition à travers
différents portraits ( Re : noir, bleu ,vert, jaune – Portrait de l’artiste au sac de riz – Portrait de l’artiste au sac fleuri
… ). de même les couleurs et la lumière ont encore évolué vers des accords parfois classiques ou
plus surprenants. Par ces propositions sans cesse renouvelées et contaminées on peut suivre le
parcours de l’artiste à travers ce qu’il confie aimer immodérément, la peinture. La guerre telle
qu’on peut alors la comprendre relève d’une position stratégique face « au négatif, à la mort, au
désenchantement des parasites cocaïnés, à la grisaille lugubre, à l’obscurité voulue, aux poulpes
rouges, à l’application bornée, à la bonne conscience mère de tous les vices, à l’innommable
hypocrisie, à ce qu’il ne faut pas faire, à l’aveuglement volontaire, aux sophismes, à l’effacement
de la nature… »
une forêt illuminée, impénétrable sauf par la lumière, nel mezzo del camin, vous invite et
vous arrête, un escalier dont on ne sait s’il faut le descendre ou le monter, quatre chevaux colorés
sous le titre de Paradis, sont autant de figures du passage, « motif » essentiel pour l’artiste comme
la transformation incessante que chaque étape implique. Le dernier rêve, Pasolini, Monroe est un
dernier exemple de ce passage effarant du désastre au miracle, de la vie à la mort et une réponse
ironique de l’artiste à ceux qui le qualifie de pop.