Bloom, une vision végétale

Une nouvelle façon de vivre à  la campagne, romantique mais aussi réaliste a émergé.

La crise financière actuelle et nos préoccupations vis-à-vis de l’écologie ont contribué à la redéfinition de notre existence dans la ville, stressante et stimulante, alors que les progrès des technologies de l’information ont contribué  à libérer les humains d’un endroit fixe à l’intérieur même de l’environnement urbain.

Les hommes peuvent maintenant vivre où ils veulent de la façon dont ils le veulent quelque soit le moment donné.  Nous pouvons donc vivre comme des nomades et nous rassembler comme des bergers : informations, savoir, musique,  images, objets et nourriture. Le mouvement « slow food » a déplacé notre centre d’intérêt de l’exclusif et l’exotique vers le local et le saisonnier. Les légumes oubliés sont vénérés dans des plats en terre, les recettes régionales sont redécouvertes et réinventées.

La cuisine devient une discipline dirigée par le design à la recherche de l’authentique et l’original. Ce mouvement se répandra dans d’autres domaines de nos vies et « ralentir » deviendra une idée générale et acceptée.

Tout semble indiquer que la réalité rurale influence la vie urbaine, et les artistes et les architectes intègrent ces idées dans des propositions de logement autosuffisant et d’agriculture dans les centres villes. Même l’agriculture virtuelle a  pris la société d’assaut.

L’influence rurale sur la ville et l’urbanisation de la campagne conduira irrémédiablement à l’érosion des frontières entre ces deux espaces. Les designers revisitent leur passé campagnard pour retrouver cet esprit dans de nouveaux matériaux et de nouvelles imageries. La campagne et la Terre sont  cartographiées et étudiées, utilisées  pour élaborer des produits de comptoir, nostalgiques et génériques, dans une palette de couleurs argile sortie directement des polder.

Les matériaux viennent directement de la terre et des animaux, et seront traités avec respect : ils porteront l’identité pure de la fibre et  du troupeau, et transformeront le designer en un berger esthétique ou un fermier conceptuel. Plusieurs designers reconnus internationalement comme Martin Baas et Tord Boontje ont déjà choisi de s’installer dans des fermes. Leur travail qui reflète leurs origines, est à la fois bucolique et ancré dans ses racines rurales.

Les fleurs sont prises dans les champs et les seaux remplacent les vases. Les tournesols, les narcisses et les mimosas jaunes sont les nouvelles couleurs de base pour les Hommes. Le jaune sera le nouveau rose.

Les modes sont en même temps éclectiques, romantiques et basiques, elles nous invitent à nous habiller comme des épouvantails et à faire avec.

La culture des légumes est devenue l’une des modes les plus importantes de ces dernières années, avec Michelle Obama, exemple et leader du mouvement. Les potagers urbains grossiront et seront des marchés globaux qui offritont un échange culturel de nourriture.

La vie de l’homme et de l’animal sera fortement  liées et la production de nourriture aura lieu dans l’enceinte des villes. Dans la recherche de l’autarcie, une position plus mature et plus autonome sera recherchée vis-à-vis de la chaîne de production de la nourriture. Les nouvelles idées naîtront afin de semer, améliorer et récolter dans la ville.

Comme première esquisse pour comprendre et cartographier ce mouvement, Bloom a entrepris d’explorer un nouveau style de vie dans lequel les êtres humains sont vus comme part intégrante du cycle écologique,  ancrés dans le processus. Se plaçant au même niveau que l’agriculture et l’animal. Des êtres humains respectueux de la vie.

—Lidewij Edelkoort