BIENPEINT/MALPEINT

Depuis la fin du mois de février 2009, les bureaux du secrétariat du Département Carrières sociales de l’IUT de Rennes ont pris des couleurs. Jaune d’or, vert, bleu turquoise et orange sont posés sur chacun des murs de manière incongrue : d’une part des aplats parfaitement réguliers, BIENPEINT, de l’autre, des surfaces traitées avec une ostensible négligence, MALPEINT. BIENPEINT/MALPEINT, selon les uns ou les autres, étudiants, enseignants ou simples curieux qui, au rythme de leur passage par le secrétariat, n’en finissent pas de s’étonner et de redécouvrir ce lieu pourtant si familier. Une expérience inattendue de l’espace qui résulte de l’intrusion de la peinture dans la fonction et la structure des pièces. Couleur, lumière, forme et matière ont redessiné la surface des murs et sans doute leur usage. La rencontre est d’autant plus déconcertante qu’elle confronte en apparence le savoir-faire de l’artisan et la maladresse du débutant, en apparence seulement, car il n’est peut-être pas si simple de bien « mal faire ». La perception subjective de la couleur semble pourtant déjouer la rigueur de la contrainte d’exécution. BIENPEINT/MALPEINT, visible dans un établissement d’enseignement, a précisément été choisie comme axe central d’une formation à l’animation arts plastiques co-organisée par l’École régionale des beaux-arts de Rennes, le Frac Bretagne et le Département Carrières sociales de l’IUT de Rennes. Cette œuvre a été réalisée par Christophe Cuzin et une douzaine de stagiaires. Étudiants de l’École régionale des beaux-arts de Rennes, du Département Carrières sociales et professionnels de l’animation ont ainsi, grâce à la rencontre d’un artiste et de son projet, débattu de nombreuses questions : la place du savoir-faire, celle des pratiques amateurs et professionnelles, de l’artiste et de l'artisan, la relation de l’espace et de la couleur, de la peinture et de l’architecture. Inscrit dans le champ des pratiques artistiques contemporaines, ce module de formation à caractère expérimental vise à développer des compétences à la conception et à l’animation d’ateliers d’arts plastiques. Christophe Cuzin est né en 1956 à Saint-Siméon-de-Bressieux (Isère). Enseignant à l’Ecole nationale supérieure d’art Paris-Cergy, il vit et travaille à Paris. Au début des années quatre-vingt, Christophe Cuzin exerce le métier de peintre en bâtiment pour gagner sa vie le jour alors que, le soir, il se consacre à sa recherche picturale, marquée par l’abstraction. Au fil des années, les deux activités se superposent, entraînant la mise en place d’un dispositif de travail dont le principe est qualifié en quelques mots : « Stock zéro, flux tendu ». Ses projets in situ tiennent compte des particularités et des contraintes des lieux dans lesquels il est invité à intervenir. Le mur devient à la fois le support et la forme du travail. La technique employée ainsi que les outils utilisés (rouleaux, peintures, adhésifs industriels…), rapprochent l’artiste du savoir faire de l’artisan et plus spécifiquement du peintre en bâtiment. La peinture industrielle, choisie de manière subjective, peut être appliquée sur le mur en surfaces monochromes ou bien sur des surfaces construites qui transforment et redoublent l’architecture.