Art sacrilège

Au sixième siècle après Jésus Christ, dans "La hiérarchie céleste", Denys l'Aréopagite identifiait neuf ordres d'anges, divisé eux-même en trois grades (ou ch¦urs) de puissance décroissante : 1 les Chérubins, les Séraphins, et les Trônes. 2. Les Dominations, Les Puissances, et les Vertu. 3. Les Principautés, les Archanges et les Anges. Par la suite, Saint Thomas d'Aquin donna un sens à cette structure en trois parties en précisant les relations de chacun des grades avec Dieu d'une part, et avec les hommes (et les femmes) d'autre part.... Tout cela est très administratif! Mais toute administration compliquée connaît un jour ou l'autre, de graves conflits sociaux. Un tiers de la population angélique se rebella contre son Dieu... créèrent finalement dans des bas-fond, une sorte de pègre avec force crime organisé : l'enfer! Bien que le sus-nommé D'aquin prétendait que les anges sont une émanation céleste sans corps, cette vilaine histoire à été au cours des siècles une manne pour les artistes. Certain peintres particulièrement créatifs, ne se limitaient du reste pas à l'illustration ou l'icône morne et biblique. Avec force malice, ils peignaient un peu de leur époque, leurs semblables, tyrans ou même leur sexualité. Et là, il faut l'avouer, le sujet devient particulièrement attrayant. Mais à quoi ressemblerait un ange en ce début de XXI ème siècle? Je pense au film de Jane Campion, "un ange à ma table". J'aime cette idée qu'un ange pourrait être autiste. Un être blessé, mais incapable de calculs savants en vue de nuire à autrui - comme souvent les gens bien portant font. Et puis, il y a aussi ces autistes singuliers à la mémoire troublante, - sinon céleste. Celui qui redessinera à la fenêtre près une mégalopole, qu'il a observé furtivement d'un hélicoptère. Cet autre, récitant à l'infini pendant des heures les nombres premiers, comme sous la dictée d'un dieu caché derrière son épaule. Il y a aussi l'option scientifique. Par exemple les célèbres "neutrinos". Ces infinitésimales particules venues d'on ne sais-ou, et traversant insidieusement toute matière... nos corps compris. Et puis quoi!... quand je regarde dans mon microscope ou télescope, je pressent plus de spiritualité que devant un crucifix, un chandelier à sept branches ou sur un tapis de prière. Sans le lever, l'oeilleton de l'instrument fait légèrement tressaillir le rideau du grand mystère. La bactérie ou la poussière cosmique deviennent plus spirituelles que les textes sacrés. A mon sens, les anges passés et présents soulèvent des thématiques avec lesquelles l'on ne rigole pas tous les jours : le bien, le mal, la mort, la fin du monde... Il me semble toutefois, que les auréoles et les cornes pourraient bien être à l'intérieur de nos têtes. Que pour mille raisons, l'on soit capable du pire comme du meilleur envers son prochain. L'harmonie individuelle engendre des êtres généreux, la frustration et l'injustice, des monstres. Je termine ma série de dessins par un bon diable. Celui-ci regarde le ciel par dessus-ses cornes. Un nuage pointe au dessus de lui, prend la forme d'une auréole, sous la pression - non pas atmosphérique - mais "d'une bonne pensée". Liox - mai 2008