Anne Le Troter, Les volontaires, pigments-médicaments
L’exposition reçoit le soutien de l’ADAGP – société française des auteurs des arts visuels dans le cadre de la bourse de recherche ADAGP / Bétonsalon dont la Bibliothèque Kandinsky, Centre Pompidou est partenaire, de la Fondation Pernod Ricard et de la galerie frank elbaz.
Avec cette exposition, Anne Le Troter poursuit son exploration des mécanismes du langage et de la puissance de la parole à travers le son, l’écriture et l’installation. Lauréate en 2021 de la bourse ADAGP consacrée au fonds Marc Vaux, elle en aborde les milliers de clichés comme s’il s’agissait d’une vaste archive sonore peuplée de voix d’artistes. De 1920 à 1970, Marc Vaux documente la vie artistique à Paris en photographiant artistes et modèles, œuvres, expositions, salons, ateliers, galeries, cafés, bals, fêtes ainsi qu’une masse importante de documents administratifs. Avec près de cent trente mille photographies conservées à la bibliothèque Kandinsky au Centre Pompidou, ce fonds offre de la scène artistique parisienne l’image d’un foyer de création hybride et transnational, et témoigne d’un quotidien nourri d’histoires individuelles et collectives qui dérogent largement au récit d’une modernité homogène, agrégée autour de quelques figures héroïques.
Complément d'information
Parmi les cinq mille artistes représenté·es, Anne Le Troter s’intéresse à des personnes plus anonymes, militant·es et fédérateur·rices, comme l’ont été par exemple Marie Vassilieff avec la « cantine populaire pour artistes et modèles » qu’elle ouvre en 1914, Louise Hervieu qui fonde en 1937 une « association pour l’institution du Carnet de santé » ou encore Marc Vaux lui-même qui accueille en 1946 un « foyer d’entraide pour artistes et intellectuels ». Inspirée par les détours de ces vies d’artistes occupé·es par le soin, Anne Le Troter compose une pièce de théâtre sonore où elle donne à entendre les voix d’artistes polyactif·ves, soignant·es ou soigné·es, art-thérapeutes, modèles, infirmier·ères, ambulancier·ères, résistant·es. En sondant leurs paroles dans les interstices d’images muettes, elle compose entre elles et eux des conversations autour de leur santé, de leurs maladies professionnelles, de leurs mobilisations, des conditions matérielles de leurs vies, etc. Pour cela, elle invite des travailleur·ses de l’art vivant·es – Victoire Le Bars, Ségolène Thuillart, Simon Nicaise, Nour Awada, Agathe Boulanger, Martin Bakero, Romain Grateau, Emmanuel Simon, Eva Barto et Juliette Mailhé – à prêter leurs voix et à parler avec des artistes pour ainsi dire pas mort·es du fonds Marc Vaux – Suzanne Duchamp, Henri-Georges Adam, Marie Vassilieff, Max Beckmann, Joy Ungerer, Jean Cocteau, Anne Chapelle, Bessie Davidson, Madeleine Dumas, Ossip Zadkine, Claudette Bergougnoux, Kiki de Montparnasse, Paul Éluard, Joséphine Baker… Les différent·es protagonistes de cette pièce sonore naviguent entre les bribes d’une histoire de l’art et des politiques françaises de santé pour les artistes ; elles et ils observent à la fois leur rattachement au régime général de la sécurité sociale et leur insécurité sociale (pas de congés pour la maternité, ni pour la maladie ou les accidents professionnels) ; elles et ils racontent les luttes des travailleur·ses de l’art, retracent l’avènement du carnet de santé, écoutent les couacs de l’assurance vieillesse et se laissent guider par l’entraide, les pigments et les médicaments. Celles et ceux qu’Anne Le Troter appelle « les volontaires » composent, au fil de leurs conversations, une nouvelle identité transhistorique. Ensemble, elles et ils élaborent l’autobiographie médicale d’un corps collectif hybride.
À Bétonsalon, ce récit polyphonique se love au sein du centre d’art. Les voix courent le long de fragiles ramifications métalliques qui affleurent des failles du sol ; des réseaux de câbles audio tombent mollement du plafond pour se connecter à des petites enceintes désossées et viennent caresser un sol sonore ; les souffles et fluides corporels font vibrer les surfaces vitrées. Cette mécanique du son mise à nue s’incarne dans la matière du lieu comme s’il s’agissait d’une vaste enveloppe charnelle amplifiée. La conductivité du son est partout fragile et demande une attention particulière, des pieds jusqu’aux oreilles. Au fur et à mesure de l’écoute, les mots se mêlent aux bruits de ce corps collectif recomposé et les sons environnants adhèrent à ses paroles. On pourrait croire ces deux sources sonores opposées – l’une discursive, l’autre bruyante –, mais une écoute attentive montre qu’elles se modifient au contact l’une de l’autre, et le sens se brouille et le bruit prend sens.re
Commissaires d'exposition
Artistes
Partenaires
Bétonsalon – centre d’art et de recherche bénéficie du soutien de la Ville de Paris, de la direction régionale des Affaires culturelles d’Île-de-France – ministère de la Culture et de la Région Île-de-France, avec la collaboration de Université Paris Cité.
Bétonsalon est un établissement culturel de la Ville de Paris et est labélisé Centre d’art contemporain d’intérêt national par le ministère de la Culture.
Bétonsalon est membre de d.c.a. – association française de développement des centres d’art, Tram – réseau art contemporain Paris / Île‑de‑France, Arts en résidence – Réseau national et BLA ! – association nationale des professionnel·les de la médiation en art contemporain. Bétonsalon est partenaire du service Souffleurs d’Images pour l’accès à la culture des publics aveugles et malvoyants.
Horaires
Bétonsalon est ouvert du mercredi au vendredi de 11h à 19h, le samedi de 14h à 19h en période d’exposition, ainsi que les soirs d’évènements. Accès libre.
Tarifs
Accès mobilité réduite
Adresse
Comment s'y rendre
Métro Ligne 14 ou RER C, Arrêt Bibliothèque François Mitterrand (sortie 3 Goscinny)
Bus 62, 89 et 132 arrêt Bibliothèque François Mitterrand, bus 64 arrêt Tolbiac-Bibliothèque François Mitterrand, bus 325 arrêt Thomas Mann
Tram T3a arrêt Avenue de France
L’ensemble de l’espace de Bétonsalon est accessible aux personnes à mobilité réduite. Des toilettes adaptées sont également accessibles à l’accueil du centre d’art.