Ah ! ah !

Exposition
Arts plastiques
Galerie du Dourven Trédrez-Locquémeau

Vidéogramme extrait de Pose (rondins), 2002

Depuis 2001, Clémence Périgon réalise des actions conçues pour l’enregistrement vidéo. Le travail se déroule en trois phases : l’arpentage de territoires, la projection d’une situation et le tournage. Chaque film est conçu à partir d’un site particulier. D’une durée invariable de trente minutes, les enregistrements en plan fixe de ses performances sont ensuite diffusés intégralement, sans montage. Ces choix répondent à la nécessité de réduire les effets de récit et de narration que suggère toute représentation de faits et de gestes. Ce n’est pas « le corps de l’artiste » qui est en jeu dans ces vidéoperformances mais celui d’un être, dont la qualité de personnage ne tient plus qu’à son accoutrement burlesque. , Clémence Périgon présente une quinzaine de vidéos parmi les plus récentes et une série importante de dessins.

Complément d'information

Ah ! ah !

« Depuis 2001, Clémence Périgon réalise des actions conçues pour l’enregistrement vidéo. Le travail se déroule en trois phases : l’arpentage de territoires, la projection d’une situation et le tournage. Chaque film est conçu à partir d’un site particulier, son tournage suppose des conditions climatiques précises (lumière, nuages, vent). D’une durée invariable de trente minutes — la plus courte durée disponible sur le marché des cassettes —, ces enregistrements en plan fixe sont ensuite diffusés intégralement, sans montage.
Ces choix répondent moins à un souci d’authenticité qu’à la nécessité de réduire les effets de récit et de narration que suggère toute représentation de faits et de gestes aussi réduits soient-ils. Ce n’est pas « le corps de l’artiste » qui est en jeu dans ces vidéoperformances mais celui d’un être, dont la qualité de personnage ne tient plus qu’à son accoutrement burlesque (perruque, maquillage, bottes et gants en caoutchouc, tablier).
Apparu sous le nom de « l’infemme » dans une dizaine d’oeuvres, ce personnage a trouvé son prolongement dans une multitude d’êtres indéfinis. Après avoir évolué dans des circonstances urbaines, il se meut aujourd’hui le plus souvent dans des contextes ruraux. Sur un tas de fumier, dans une peupleraie, au milieu d’un champ, dans un fossé, il rampe, glisse, disparaît hors champ ou s’immobilise au milieu ou en travers du plan défini par la caméra. Les gestes sont devenus moins lisibles et le corps moins discernable, soit du fait de son éloignement dans le champ de l’image, soit par sa dissimulation dans la végétation. En situation d’exposition, ces vidéo-performances sont projetées ou diffusées sur moniteurs de telle sorte qu’une continuité spatiale s’opère entre le point de la prise de vue et le regard du spectateur. Dès sa conception, une action suppose son prolongement et son inscription à l’intérieur d’une architecture tridimensionnelle. Le corps fait figure d’instrument de mesure de l’espace et du temps. Mais un instrument toujours problématique dans le sens où le personnage mis en scène s’éreinte à ne pas choisir entre « faire corps » avec et dans la nature. »1

Pour la galerie du Dourven, Clémence Périgon, a intitulé son exposition "ah! ah!". Terme apparu au XVIIe siècle dans l'art des jardins, le "ah! ah!", aussi appelé claire-voie ou saut-de-loupe, décrit une séparation en creux, une sorte de fossé, large comme une allée, qui délimite un jardin. Abolissant visuellement la frontière entre le jardin et ses alentours, auparavant marquée par un mur, le "ah! ah!" a été nommé ainsi parce qu'il provoque la surprise. Par extension, le "ah! ah!" désigne aussi une ouverture exécutée dans un mur de clôture destinée à prolonger une perspective ou
dégager une vue. Cette figure, parfois interprétée à rebours, prend plusieurs aspects dans l'exposition. Dans les vidéos de Clémence Périgon, par exemple, le fossé, le trou, le creux sont des lieux récurrents. Mais par leur immobilité ou leurs mouvements, les personnages qui y figurent n'invitent à aucune jouissance du paysage. De la promenade vitrée qui offre habituellement au visiteur un large panorama sur le parc du Dourven, l'artiste n'a conservé qu'une portion, réservant ainsi une surprise au spectateur dans la salle où pour la première fois, elle présente ses dessins. Une manière d'indiquer enfin que s'ils n'ont pas de relations immédiates, dessins et vidéoperformances peuvent être liées de manière active par la figure du "ah! ah!" dont la fonction essentielle est de marquer une rupture tout en offrant une solution de continuité.
L'exposition présente une quinzaine de vidéos parmi les plus récentes — dont une produite dans le parc du Dourven — et une série importante de dessins.

Deux publications sont éditées à l’occasion de cette exposition :
Clémence Périgon, Semaine 13.07
Texte de Jean-Yves Jouannais
Analogues éditions, Arles, 2007
et
Ah ! ah !
Cette édition réunit dans un coffret un volume de dessins et un volume de textes de Clémence Périgon.
Editions Filigranes, Trézélan, 2007.

1 - D’après le texte d’Emmanuel Hermange, Une éthologie sans objet ni sujet, 2004.

Autres artistes présentés

Clémence Périgon

Horaires

15h - 19h les samedis, dimanches et jours fériés.

Accès mobilité réduite

Oui

Adresse

Galerie du Dourven Allée du Dourven 22300 Trédrez-Locquémeau France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022