On achève bien les discos

Tony Regazzoni
Exposition
Arts plastiques
Centre d'art contemporain Chanot Clamart
salle d'exposition sombre avec de la peinture fluorescente jaune et des lumières violettes

Vue de l’exposition de Tony Regazzoni « On achève bien les discos », 2022, CACC. © Alexis Leclercq – CACC

L’exposition personnelle de Tony Regazzoni On achève bien les discos s’inscrit dans le contexte de la résidence annuelle au CACC pour la saison 2021-2022. Elle est le premier volet du projet ambitieux mené en collaboration avec Aurélie Faure : écrire et réaliser un opéra-vidéo dans l’une des plus grandes discothèques d’Europe des années 1990, abandonnée aujourd’hui, l’Ultimo Impero (le dernier empire). Inspiré du roman populaire Le fantôme de l’opéra, ce projet au long cours rassemble tous les éléments –théoriques et plastiques– qui composent la pratique de l’artiste, et réunit de nombreuses disciplines autour de problématiques politiques et sociales. 

On achève bien les discos fait référence au film de Sydney Pollack et aux marathons de danse organisés aux États-Unis d’Amérique pendant la Grande Dépression : une activité très lucrative pour les organisateurs, basée sur le voyeurisme des un.es et la détresse des autres. Symbole de l’industrialisation de la fête, de l’incarnation de croyances et de rituels occidentaux, les discothèques ne seraient-elles pas les derniers temples de l’Homo sapiens en voie de disparition, voire de destruction ?

Le duo a sillonné le Nord de l’Italie et parcouru plusieurs milliers de kilomètres afin d’explorer une vingtaine d’établissements de nuit emblématiques, aux architectures et aux décors insensés, tous abandonnés. On achève bien les discos revisite les archives de ces lieux de fête, de réunion et de rencontre, en zone périurbaine et rurale, et en cours d’extinction. Au-delà de leur charge symbolique et de leur rôle social, Tony Regazzoni affectionne ces boites de nuit pour leur esthétique postmoderne à laquelle il est très attaché.

Construit dans les années 1980, l’espace d’exposition présente tous les atouts d’une discothèque. L’artiste s’empare alors du bâtiment et déploie habilement un panel de techniques empruntées aux logiques du spectacle. Par le simulacre et le truchement, il crée sans complexe une série d’illusions d’optiques low-fi et se joue des faux semblants.

Les expositions précédemment réalisées par l’artiste ont surement été le préambule à celle-ci. Concevoir une exposition à partir d’une oeuvre littéraire ou d’un genre cinématographique, penser une scénographie à partir des codes employés par l’industrie des loisirs, inviter le public et/ou des artistes à activer l’exposition via la musique et la danse, user du fake pour représenter les allégories des années 1980-1990 et repousser les limites du «bon goût», sont les patterns de Tony Regazzoni alimentés par un univers kitsch.

La répétition de motifs et la reproduction d’objets sans valeur, calqués sur le modèle des classes supérieures, sont les marqueurs sociaux et historiques du désir d’ascension sociale de la bourgeoisie à la fin du 18ème siècle, et des prolétaires après la seconde guerre mondiale. L’artiste se réapproprie ces symboles qu’il transforme en gimmicks. De la même manière, les discothèques développent et mettent en oeuvres des stratégies pour simuler des ambiances par le biais de substituts low cost.

À travers une scénographie immersive, On achève bien les discos offre un corpus d’oeuvres fixes ou animées, en deux ou trois dimensions. Produites à partir d’anciennes et de nouvelles technologies, de vestiges et de pastiches, elles sèment le trouble entre archives et fictions. On achève bien les discos retranscrit l’histoire et le souvenir de discothèques italiennes abandonnées avant de plonger le public dans l’atmosphère fluo et fantomatique du célèbre et mythique dancefloor de L’Ultimo Impero. L’exposition se parcourt tel un voyage extatique rythmé par la musique, les corps et les voix de celleux qui l’habitent. On achève bien les discos esquisse les premières intentions dramaturgiques du duo et plante le décor de leur futur opéra filmé dont l’écriture sera nourrie par une programmation soutenue et pensée avec soin.

On achève bien les discos sera l’écrin et le théâtre de réflexions, d’auditions, de répétitions, dansées, chantées, chorégraphiées, écrites ou improvisées. Au fil des semaines, Dj, chanteur.ses, danseur.ses, performeur.ses, et philosophes, sociologues, anthropologues, seront invité.es à activer l’exposition, à prendre possession des lieux avec le public à travers des événements ouverts à tou.tes allant du colloque au marathon de danse. Ces temps forts constituent les premières répétitions pour la réalisation d’un futur grand opéra, Le fantôme de l’Impero.

On achève bien les discos sera une exposition vivante transformée en laboratoire de création et de collaboration pour une aventure inclusive et collective balayant les frontières entre cinéma et opéra, entre white cube et dancefloor.


Aurélie Faure

Complément d'information

Autour de l'exposition

Samedi 12 mars, 15h-20h
Vernissage de l’exposition au CACC en présence de l’artiste Tony Regazzoni, et de la commissaire de l’exposition Aurélie Faure.

Samedi 2 avril, 14h-20h
«La bamboche, c’est terminé !» : colloque consacré à la fête en zone périurbaine et rurale.
Désertion et fermeture des discothèques, disparition des slows, dématérialisation des pistes de danse, repli sur la sphère domestique : la fête est-elle vraiment finie ? Au fil de l’après-midi les rencontres et discussions dressent un état des lieux de la fête en zone péri urbaine et rurale, de sa dimension politique et sociale à une vision anthropologique en passant par la perspective de futures années folles.
Ces sujets seront abordés par Benoit Coquard (sociologue), Florian Gaité (philosophe), Julie Hascoët (artiste), Emmanuelle Lallement (anthropologue), Jérémie Peltier (chercheur), Céline Spinelli (ethnologue)…

Samedi 9 et dimanche 10 avril
«Décors à corps» : Masterclass avec l’artiste, sur inscription.
À destination du public individuel et en échos aux expositions, le CACC propose régulièrement une Masterclass. Week-end intensif d’apprentissage et de pratique aux côtés d’un artiste emblématique de la scène contemporaine, la Masterclass constitue une immersion au coeur de la création, un lieu d’échanges et un moment d’expérimentation plastiques autour de l’art le plus actuel. En avril 2022, en lien avec la résidence de l’artiste Tony Regazzoni, le CACC propose une Masterclass inédite, ouverte à tous sans compétences préalables, encadrée par l’artiste. Tony Regazzoni propose aux participants, par l’usage de plusieurs médias et techniques, d’imaginer et fabriquer l’envers et l’endroit d’un décor, en trompe l’oeil, plus ou moins kitsch, mais résolument fake. Les participants sont ensuite invités à en capturer un point de vue par la photographie, en s’y mettant en scène, s’ils le désirent, dans un corps à corps avec leurs décors.
Ouvert à tous à partir de 16 ans, sur inscription – 10 places. Tarifs 45/25€. Inscription jusqu’au 15 mars 2022, par mail «Inscription masterclass» team.cacc@clamart.fr

Samedi 21 et dimanche 22 mai, 12h-minuit
Festival d’été : performances, marathon de la danse, actions et DJ sets.
Lors de ce week-end de festival plusieurs pratiques et discours croiseront celui de Tony Regazzoni : à travers des performances, projections, conférences proposés par d’autres artistes et penseurs. Du côté de l’exposition On achève bien les discos : le lancement de la première monographie consacrée à Tony Regazzoni est prévu. Mais aussi le grand rendez-vous de l’exposition : le marathon de la danse ! Au son des DJ invités chacun pourra participer à ce grand dance floor, et être repéré pour participer à une future oeuvre de Tony Regazzoni.

Commissaires d'exposition

Artistes

Partenaires

Le Centre d’art contemporain Chanot est un équipement de la ville de Clamart. Le CACC est membre de TRAM, réseau art contemporain Paris/Île-de-France. Il bénéficie du soutien de la DRAC Île-de-France, de la Région Île-de-France et du département des Hauts-de-Seine.

La résidence de Tony Regazzoni est soutenue par la DRAC Ile-de- France et la Région Ile-de-France. Les recherches de l’artiste autour des discothèques italiennes sont accompagnées par l’Institut français. La galerie Eric Mouchet apporte également son concours à la réalisation de l’exposition. La monographie de Tony Regazzoni a reçu le soutien de l’ADAGP dans le cadre de l’aide à la première monographie.

Horaires

Horaires d'ouverture pendant les périodes d'exposition
Les mercredis, vendredis, samedis et dimanches de 14h à 18h. Entrée libre, ou sur rendez-vous.

Tarifs

Entrée libre

Adresse

Centre d'art contemporain Chanot 33 rue Brissard 92140 Clamart France

Comment s'y rendre

Ligne transilien N : Gare de Clamart (7 minutes de marche)
Bus 189 : Arrêt Hébert (10 minutes de marche)
Bus 394 : Arrêt Gare de Clamart (10 minutes de marche)
Bus 169 : E. Duploye (4 minutes de marche)
RER C : Issy (15 minutes de marche)
Clamibus : Centre d’Art Contemporain Chanot
10 min du périphérique par les portes de Versailles, Vanves et Brancion

Dernière mise à jour le 9 novembre 2022