Collections préhistoriques de Camille Henrot

Projet soutenu par le Cnap
Parution
Arts plastiques
Manuella éditions Paris 10

Camille Henrot recouvre les pages d'un ouvrage des années 1950 acheté sur Internet, consacré aux collections préhistoriques mises au jour par les fouilles en Algérie. Sur les silex, les sphéroïdes, les outils et les armes, objets quotidiens d'une civilisation disparue, elle colle nos objets domestiques : télécommandes, médicaments, notices, sacs plastique, plantes vertes, disques, téléphones portables, images érotiques...

« Ainsi s'agencent au fil des pages coquillages, tétons dressés, clef à molette, pinceaux, arbres, cartes postales... Ce n'est pas une litanie d'objets sans ordre ni hiérarchie. C'est plutôt l'invention d'un lieu où plusieurs bouts d'humanité deviennent autant de figures ornementales d'hier et d'aujourd'hui. Des motifs filent de page en page, comme sur les murs d'une fresque grotesque à la fois universelle et très intime, où les choses personnelles de l'artiste, dans sa chambre ou son atelier, et les produits de l'humanité primitive s'entrelacent. Tous ces produits deviennent grotesques – certainement pas ridicules ou effrayants ; au contraire, ils revêtent cet aspect à la fois proche et lointain, qui nous permet de contempler l'archaïque comme s'il était toujours actuel, et l'actuel comme s'il était déjà archaïque. » extrait de la préface de Tristan Garcia

« À l’origine de Collections préhistoriques, il y a mon obsession pour la collection et la circulation des objets. Le support de départ est un livre sur la préhistoire algérienne qui fut volé en mai 1968 à la bibliothèque de Jussieu, puis acheté sur eBay : publié quatre ans avant l’indépendance de l’Algérie, il montre des pierres et des objets collectés et répertoriés par des militaires et des prêtres. Collections préhistoriques associe images érotiques, images relatives à la préhistoire et objets collectionnés sur eBay - postulant que les formes façonnées par la main de l’homme sont inspirées par les formes qui le constituent et la manière dont son corps fonctionne. À la manière du chasseur-cueilleur, les différents fragments, objets, et photographies sont assemblés de manière intuitive ou dans une volonté d’établir des connexions. Une tension nait entre une volonté d’organiser - de trouver du sens - et une volonté de recréer de la confusion, du chaos. J’ai utilisé des images liées à la préhistoire car l’homme contemporain projette dans cette ‘caverne’ de l’histoire, ses fantasmes sensuels et sa nostalgie d'un temps précédent la séparation de la nature et de la culture. Dans l'imaginaire occidental, la préhistoire est le lieu où s’opère le fantasme d’un retour vers une origine associée à un plaisir déculpabilisé, comme le dit Jack London, elle est un avant-Adam. » Camille Henrot

Le livre a bénéficié du soutien à l’édition du Cnap.

Artistes

Adresse

Manuella éditions 34 rue de Lancry 75010 Paris 10 France
Dernière mise à jour le 25 juin 2021