SOLO SHOW

Robert PAN

La Galerie Sobering est heureuse de vous présenter la première exposition personnelle à la Galerie SOBERING de l’artiste Robert PAN du 12 Octobre au 09 Novembre 2019.

Nous habitons un espace partagé d’algorithmes et de mouvement. Et nous avons bien appris que cet espace-là, précis et mouvant, se comprend par chaque point de fixation (qui me représente par exemple) qui prend et donne appui, solidaire à l’ensemble des autres points disséminés. Chaque point nous situe. Mais nous rêvons encore sans doute, isolement, d’un ciel d’étoiles fixes qui ne changerait jamais. Si l’on se rend à Padoue, et que l’on lève les yeux vers la voûte en berceau de la chapelle peinte par Giotto pour la tombe des époux Scrovegni, l’on verra que, sans aucune profondeur euclidienne, des étoiles primitives et calmes agissent à nos yeux, merveilleuses, dans le velours du pigment bleu tendre qui nous abrite. Est cela que nous voulons donc aujourd’hui le repos et le tourbillon ? Le grondement et la contemplation ? C’est à s’y méprendre, l’intention des tableaux de Robert Pan. S’ils appartiennent à la plane peinture par ses illusions et perspectives, ils sont aussi des reliefs par leurs contours chantournés tantôt grumeleux ou lisse, et leurs points figés dans le suc de la résine. Entre le parfait du miroitement et le rugueux du cratère, ils sont à la fois et l’étendue sans bord et la carte précise des coordonnées, repères et spots. Ils brouillent la définition comme la distance, vus de près révélant des petites aspérités et, de plus loin, une image tapissée de peinture all over, de sensations colorée, d’amas, de coagulations, expansion ou trouée. Robert Pan, dont l’atelier est situé dans les Dolomites italiennes (à moins de deux heures de route pour aller à Padoue) dit à propos des titres énigmatiques de ses tableaux (11.WT 2,051 TE, une peinture bleue toute giottienne) « Je répands ma matière et cela devient une coordonnée, comme celle d’une nébuleuse dont vous ne sauriez où elle se trouve. » Cet Ad Astra là est le fruit d’une patiente et longue suite de procédés techniques : il épand la résine sur la toile, y inclut couleurs, abrase la surface, à maintes et maintes reprises jusqu’à obtenir, in fine, une sorte de glacis. Oscillation visuelle et patience dans l’azur, chaque œuvre, dirait-on, agit par empreinte et trace pour dire le trouble d’un un temps profond, complexe et mystérieux.

Laurent Boudier, septembre 2019