Real Estate Astrology

Exposition
Arts plastiques
Galerie Allen Paris 03

Maxime Rossi
Real Estate Astrology, 2015
vidéo 3D anaglyphe, son
21 mins

La Galerie Allen est heureuse de présenter “Real Estate Astrology”, une exposition personnelle de l’artiste français Maxime Rossi (né en 1980, vit et travaille à Paris).

L’exposition personnelle de Maxime Rossi à la Galerie Allen emprunte son titre au nouveau film de l’artiste, récemment projeté en avant-première au Centre Pompidou. Issu d’un important travail de recherches mené pendant plusieurs années sur les pas du surréaliste Max Ernst (1891-1976) à Sedona, en Arizona, Real Estate Astrology (2015) s’inscrit dans la continuité de ses deux précédents films, proposant chaque fois différentes manières de filmer le paysage, en mouvement et à travers le temps.

En 2012, lors d’un premier voyage à Sedona, Maxime Rossi apprend l’existence supposée d’un refuge aménagé par Ernst dans un canyon presque inaccessible. À l’occasion d’un second séjour en 2014 et au terme d’âpres négociations avec le Nature Conservancy de la Ville, il parvient enfin à se rendre sur place et acte la réalité historique de cet aménagement aux allures fortuites de résidence d’artiste. Creusée à même la paroi rocheuse sur deux étages, cet abri s’apparente à un simulacre de ruines, à un décor en plein air au milieu d’authentiques vestiges indiens.

L’abri est un personnage à part entière du film Real Estate Astrology (2015), et sa traque en devient le fil conducteur. Appréhendées comme un voyage mental, visuel et sonore proche de l’esprit surréaliste, les images se succèdent au rythme de l’énonciation mystique du thème astral de Ersnt dressé par un astrologue de Sedona, également saxophoniste.

Maxime Rossi choisit de déployer les potentialités oniriques du support filmique en tournant en anaglyphe (1) et en adoptant un procédé inédit de montage « à deux yeux et quatre mains ». De la stéréoscopie, il retient moins la création illusionniste du relief que la superposition possible de séquences, le collage de plans augmentant la densité de l’image. Du couple d’images obtenues, il orchestre deux montages où la vision perçue par chaque œil - gauche-rouge pour l’un et droit-bleu pour l’autre - est dissociée, rompant la convergence nécessaire à une lecture nette pour privilégier des incantations visuelles. Accumulations, décalages, glissements et autres larsens optiques ainsi créés construisent une sensation de 3D monoculaire aussi envoûtante que dérangeante, que les visiteurs de la galerie, munis de leurs lunettes bicolores, sont invités à expérimenter dans une scénographie où toutes les autres pièces présentées figurent autant de rémanences.

En complément de son propre travail d’enquête au cœur de la petite ville, entre bazar occulte et haut lieu du New Age , Maxime Rossi renoue avec deux inspirations surréalistes : l’enquête – à l’instar de celles publiées par les surréalistes dans leurs revues d’après des consultations publiques autour de questions existentielles - et la fascination pour l’ésotérisme ou toute pratique divinatoire. L’astrologue-saxophoniste lit le thème astral de Max Ernst qu’il a lui-même dressé après avoir constaté une erreur dans l’heure de naissance de celui commandé par Breton en 1930. Sa voix off accompagne le spectateur. À la fois atmosphère sonore et piste narrative, elle parait guider cette chasse au fantôme - probablement celui de l’esprit de Max Ernst qui, partout, imprègne les lieux. Tandis que la mélodie rappelle les bandes sonores de méditation disponibles dans les boutiques de souvenirs de la ville, la désynchronisation répétée des rushes dans le temps évoque, tel ce chat dont le corps se dédouble, le « voyage astral » cher aux surréalistes, l’expérience de hors corps, la sensation de flottement. Le travail de documentation préalable à la réalisation de Real Estate Astrology, ferment indispensable à sa genèse, est laissé hors champ au profit d’une exploration sensorielle d’un paysage aujourd’hui considéré comme un haut lieu énergétique où les vortex unissent la terre d’un rouge ferrugineux au ciel bleu. Le film tend à croiser les temporalités et multiplie les références à des événements contemporains du séjour de Maxime Rossi – l’implacable expulsion en cours des gardiens du canyon – autant qu’à l’œuvre du surréaliste et sa mythologie iconique – l’importance des oiseaux, par exemple. Plus profondément, dans la structure même du film, s’entremêlent à l’envi les dérives imaginaires et les distorsions visuelles, les symboles et les références.

Dans son film Real Estate Astrology (2015), Maxime Rossi développe une réflexion à facettes pour portraiturer un lieu. Il confronte deux états de narration entre lesquels le spectateur peut osciller, du diagnostic des traces objectives d’une quête, real estate, au pronostic à valeur prédictive d’une vie dressé d’après l’interprétation stellaire, astrology. 


1 Un anaglyphe est une image composée de deux vues superposées et décalées. Ces vues sont des couleurs complémentaires, le plus souvent rouge et cyan. Lors du visionnage, le port de lunettes en rouge et en cyan procure une impression de relief.
2 Au tournant des années 1960, plusieurs vortex d’énergie tellurique auraient été découverts autour des roches rouges, et Sedona s’est rapidement transformée en capitale touristique du New Age.

Complément d'information

Maxime Maxime Rossi est né en 1980, il vit et travaille à Paris, France. Son travail a fait l’objet de projections au Centre Pompidou, Paris et au MUMOK, Vienne (Autriche). Il a notamment été montré dans le cadre d’expositions personnelles et collectives au Palais de Tokyo, Paris, à l’Emba / Galerie Édouard-Manet, Gennevilliers, à la Fondation Francois Schneider, Wattwiller, à La Halle des bouchers, Vienne, à la 19e Biennale de Sydney, au S.M.A.K. de Ghent ou à la Galerie Le Minotaure, Paris.

Artistes

Horaires

Du mercredi au samedi, 14h-19h.

Adresse

Galerie Allen 6, passage Sainte-Avoye 75003 Paris 03 France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022